Comment estimer sa date de récolte ?

Une journée visant à optimiser la qualité du maïs fourrage a été organisée dans le Sud Ille-et-Vilaine. Les éleveurs participants ont testé des méthodes de prévision des dates de récolte ayant fait leurs preuves.

Le conseiller et les éleveurs dans la parcelle de maïs - Illustration Comment estimer sa date de récolte ?
Autour de Michel Moquet, les éleveurs observent 
les grains de maïs pour estimer une date de récolte. | © Agnès Cussonneau - Paysan Breton

Ce mardi 3 septembre, dans une parcelle appartenant à Erwan Houssais à Sainte-Colombe (35), les agriculteurs recueillent des épis de maïs, les coupent en deux et observent quelques grains sur la couronne centrale, les comparant au tableau schématisant les différents stades du remplissage. « L’observation doit se faire en milieu de parcelle sur plusieurs épis successifs », explique Michel Moquet, conseiller agronome à la Chambre d’agriculture de Bretagne, lors d’une journée entre éleveurs laitiers financée par l’Unité de gestion Est d’Eaux et Vilaine.

De bons rendements attendus

Observer les grains

L’amidon est présent dans les grains successivement et en même temps sous trois formes : amidon laiteux (liquide blanc), amidon farineux (pâteux, jaune clair) et amidon vitreux (jaune brillant). « En conditions normales de végétation, au début de la période optimale de récolte (31 – 32 % MS sur plante entière), les 3 amidons sont répartis en 3 tiers. Quand les grains sont à 50 % vitreux, 50 % pâteux, avec l’amidon laiteux présent seulement à la pointe, le taux de MS est de 33 – 34 %. Quand les grains sont au 2/3 vitreux sans amidon laiteux, le taux de MS monte à 35 – 37 %. On dépasse alors l’optimum, dans ce cas, vigilance sur la longueur de coupe pour le tassement du silo et sur l’éclatement des grains pour la digestibilité de l’amidon. »

Pour les grains dentés, les 3 amidons répartis en 3 tiers représentent un taux de MS de 32 – 33 %, un grain vitreux à 50 %, 35 % MS, et un grain vitreux à 2/3, 38 % MS. « Cette méthode, élaborée par Arvalis à partir d’un grand nombre d’observations est fiable sur des maïs ‘normaux’ à bonne alimentation hydrique. En cas de stress avec des maïs peu développés et des feuilles desséchées, le taux de matière sèche estimé peut être augmenté de 2 ou 3 points. »

Sur la parcelle de maïs précoce semée le 9 mai, les agriculteurs évaluent le taux de MS à environ 26 – 27 %. « Le stade lentille vitreuse est légèrement dépassé. » En se basant sur le cumul des degrés-jours (dj) en base 6-30 depuis la floraison femelle, qui a eu lieu vers le 20 juillet, la récolte de cette parcelle est estimée autour du 20 septembre. « Cela correspond avec le taux de MS que nous estimons aujourd’hui via l’observation des grains », soulignent les éleveurs. Pour des variétés demi-précoces, il faut compter 600 à 660 dj entre la floraison femelle (quand 50 % des plantes ont des soies visibles à la base de l’épi) et un taux de 32 % de MS sur la plante entière.

Beaucoup d’ensilages auront lieu en octobre

Dans cette zone du Sud Ille-et-Vilaine, cette année, « les récoltes seront plus tardives. Elles vont dépendre des températures à venir les jours prochains. » Pour augmenter de 1 point de MS, il faut 22 dj en base 6, ce qui correspond à 2 – 3 jours actuellement.

Ici, les rendements sont souvent pénalisés par la sécheresse, « ce ne sera pas le cas cette année. » Lors de la rencontre, les éleveurs ont réalisé un comptage sur les épis pour chiffrer le nombre de grains par m2, les conduisant à un rendement évalué en grains à 90 q/ha. Avec son abaque, Michel Moquet estime le rendement en maïs fourrage plante entière à 15 t MS/ha. « Un bon rendement pour ce secteur du sud Ille-et-Vilaine. » Certains éleveurs à proximité, ont semé plus tardivement que d’habitude, jusqu’à mi-juin, voire après dans des parcelles humides. « Les jours de retard n’ont pas pu être récupérés du fait des températures basses. Beaucoup d’ensilages auront lieu en octobre, date inhabituelle pour ce secteur. En cas de gel, s’il ne reste plus de feuilles vertes, le maïs ensilage doit être récolté rapidement pour préserver la qualité du fourrage », note Michel Moquet.

Le maïs vu du ciel

Les outils satellites peuvent aussi être utiles dans la prévision des dates de récolte, mais leur fiabilité sera moins bonne qu’un calcul à partir des dates de floraison femelle couplées à l’observation des grains. Par contre, « ils permettent de constater facilement l’hétérogénéité sur les parcelles. »


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