Originaire de Rennes, Fabien Tigeot est éleveur allaitant à Bohal (56) avec un troupeau basé sur 55 mères limousines et la suite (90 UGB), sur une SAU de 100 ha. Tous les veaux mâles sont castrés à la naissance pour être soit engraissés à la ferme en veau rosé ou bœuf de 3 ans, soit vendus en broutards. Il s’est installé en 2008 après un tiers qui lui loue les bâtiments et les terres. « J’avais d’abord passé un BTS en comptabilité/gestion puis, attiré par l’agriculture, j’ai suivi un BTS Acse en alternance. Je l’ai complété par un CS technicien conseil en bio. »
Une installation progressive
Après plusieurs expériences à l’étranger et dans des métiers en lien avec l’agriculture, il décide de s’installer. « Mes parents n’étaient pas agriculteurs. J’ai monté 2 projets d’installation en vaches laitières mais ils n’ont pas abouti quand j’ai expliqué mon projet en bio. » Finalement, il s’est installé à Bohal en allaitantes en s’associant avec le cédant pendant 4 ans.
« Le système qui était déjà herbager a été passé en bio 1 an après mon installation. Des tunnels de stockage et un espace de contention ont été mis en place. Nous avons aussi développé un atelier de vente directe. Je souhaitais garder un contact avec des personnes extérieures, pour mon moral, pour la valorisation de mon métier ». Désormais seul associé avec un salarié (0,25 UTH), il vend une quinzaine de bovins et une dizaine de veaux rosés par an en direct. Les autres bovins sont commercialisés en filière longue via BVB (Bretagne viande bio). « Ces deux types de commercialisation se complètent bien. »
L’agriculture bio, « plus naturelle, utilisant peu d’intrants, était pour moi une évidence », souligne Fabien Tigeot. « Je recherche une symbiose et un équilibre entre le sol, les animaux, les arbres et la biodiversité sur ma ferme. Les bovins sont nourris essentiellement au pâturage avec des stocks sur pied l’été. Je fais le moins possible de foin et enrubannage. »
Maximisation du pâturage
Le parcellaire a été découpé en paddocks de 2 ha en moyenne pour une meilleure utilisation de l’herbe. Environ 6 ha de prairies sont retournés une fois tous les 7-10 ans selon leur état. Suivent 3-4 ans de cultures vendues pour l’alimentation humaine ou animale : chanvre, maïs grain, blé panifiable, colza, mélange de triticale avec féverole ou pois, en grain. « Je garde juste 2 t de mélange céréalier qui est aplati pour compléter ponctuellement l’alimentation de finition des bovins. » L’éleveur n’achète pas non plus de minéraux, « juste du sel à Guérande pour l’hiver et du chlorure de magnésium en cure au printemps. » Un chargement adapté au potentiel des terres (1,2 UGB par hectare de SFP) permet l’autonomie.
« Ressource à part entière », l’arbre a aussi pris une nouvelle dimension sur la ferme. « J’ai replanté 1,5 km de haies et mis en place de l’agroforesterie intraparcellaire sur 8 ha. » Le bois est utilisé pour le chauffage dans le hameau ou orienté vers la filière bois déchiqueté Argoat bois énergie. « L’entretien des haies est un travail saisonnier que j’apprécie et qui se rémunère. »
Depuis son installation, l’éleveur est investi au Gab 56 (groupement bio). « J’apprécie la dimension collective, le fait d’apprendre par ses pairs ». Depuis un an, il est président de la Frab (Fédération régionale des agrobiologistes de Bretagne).
Agnès Cussonneau
Le salon bio revient, les 25 et 26 septembre
La nouvelle édition du salon des professionnels de la bio ‘La Terre est Notre Métier’ se tiendra les 25 et 26 septembre à Retiers (35). Avec plus de 110 exposants, 50 conférences, 6 ha de démonstrations, « le salon est un lieu d’échanges et de convivialité, ouvert à tous », souligne Fabien Tigeot. Alors que la bio connaît une crise sur ses marchés, les responsables proposent une nouveauté : « Les filières Bio font salon ! ». 4 rendez-vous réuniront producteurs, acteurs de la filière, collecteurs et transformateurs pour discuter des perspectives en grandes cultures, circuits courts, viande et lait. « Aujourd’hui, les producteurs bio doivent davantage s’investir dans la commercialisation de leurs produits. Produire on sait faire, vendre un petit peu moins », note le président. Informations : www.salonbio.fr.