Diversifier son élevage bovin lait en plantant des haies

Alain Letissier élève 53 vaches laitières sur 71 ha en système herbager, en agriculture conventionnelle, à Plouër-sur-Rance (22). Pour couper deux paddocks, l’exploitant a planté une haie de paulownia, un arbre tropical à croissance rapide qui pourrait être valorisé d’ici 7-8 ans en bois d’œuvre... « pour essayer ».

Un enfant à côté d’un plant de paulownia - Illustration Diversifier son élevage bovin lait en plantant des haies
Gaël (6 ans), le fils d’Alain Letissier, à côté d’un plant de paulownia le 7 août 2024.

La ration des vaches cet été était composée de 2/3 d’enrubannage et 1/3 de pâturage. La repousse de l’herbe permet de repasser à une moitié de pâturage dans la ration, l’autre moitié est constituée de maïs ensilage. Le silo est rouvert depuis le 10 septembre. « Les stocks d’enrubannage commençaient à descendre un peu trop vite », constate Alain Letissier. Le maïs a permis d’augmenter les taux qui sont passés à 48 de TB et 35 de TP, pour une production restée à 16 L/VL/jour. De l’enrubannage est toujours mis à disposition. Côté chantier d’herbe, il restera une dernière coupe d’enrubannage sur 10-12 ha, pour nettoyer avant l’hiver.

Un homme à côté d’un plant de paulownia
Alain, à côté du même plant, le 20 septembre.

Amendement : chaux et vase de la Rance

Le carbonate restant après le chaulage des parcelles de céréales est épandu sur des prairies des fauche et sur quelques prairies autour des bâtiments pâturées l’hiver. Situé en bord de Rance, Alain Letissier a bénéficié de vase provenant des dernières opérations de dragage du port de plaisance. Une dizaine d’hectares a pu être amendée avec cette vase épandue en couche d’environ 7 cm d’épaisseur. Riche en coquillages, la vase joue le rôle d’amendement calcaire. « Avec ça, je suis tranquille pour 100 ans ! »

Un test de plantation de paulownia

La ferme d’Alain Letissier compte près de 10 km de linéaire de haies bocagères. En partenariat avec la SCIC ENR Pays de Rance, 2 km de haies ont été plantées en 2010. Alain a signé le Label Haie en 2023, qui l’engage à mettre en œuvre des pratiques de gestion durable du bocage.

Fin avril dernier, Alain a planté une haie de paulownia. Cet arbre tropical d’origine asiatique à croissance rapide produit un bois à la fois résistant et léger qui peut être valorisé en bois d’œuvre. Toutefois, il n’existe pas encore de filière en Bretagne. Cette plantation est mise en lumière par des entreprises incitant les agriculteurs à en planter, annonçant une valorisation au bout de 7 ans. Alain a souhaité tester en plantant un linéaire de 400 mètres, sans s’attendre à des miracles. « J’avais une parcelle à couper en 2 par une haie, dans tous les cas je comptais planter, pourquoi pas avec cet arbre ? ». Différentes qualités sont prêtées à cet arbre : stockage de carbone important, fleurs mellifères, intérêt fourrager des feuilles (valeur alimentaire similaire à celle de la luzerne). Alain a acheté et planté lui-même 100 plants, à 10 € HT le plant avec tuteur et protection gibier, sans passer par un contrat. « Pour un budget de 1000 €, je n’avais pas grand-chose à perdre ». Les plantations ont reçu de l’engrais au démarrage et ont été arrosées 3 fois. Une coupe de formation est prévue au bout d’un an. La croissance est effectivement très rapide, certains plants atteignent 1,80 m au bout de 5 mois. Affaire à suivre…

Cedapa : 02 96 74 75 50

Repères : 1 UTH ; 53 vaches laitières ; Races : ¾ Normande, ¼ Prim-Holstein ; 5 235 L/vache ; 276 000 L de lait vendu ; 71 ha de SAU, dont 29 ha accessibles ; Assolement : 10 ha de blé, 12 ha de maïs, 1 ha de betterave fourragère, 48 ha d’herbe ; 55 ares accessibles au pâturage par vache laitière.

Arnaud Robin – Questembert (56)

Zone Intermédiaire
L’herbe pousse toujours bien ! Tous les lots sont au pâturage intégral. Les vaches, sur 1are/VL/j, produisent environ 20L/j. On ne fait plus de coupe autour de la ferme, il reste de l’enrubannage à faire sur les parcelles éloignées. On a de la visibilité sur le pâturage jusqu’à novembre. Comme ça tourne bien, j’ai pu prendre une semaine de vacances et partir l’esprit tranquille. On a ressemé des pâtures, derrière méteil, avec un mélange fétuque/RGA/RGH/TB/TV… testé depuis 2 ans qui nous satisfait. Enfin, on a terminé les travaux de ré-aménagement de chemin : ça nous a mis des contraintes sur le pâturage pendant le chantier.
Civam AD 56 : 06 62 30 56 57

Yannick Gauvin, – Langon (35)

Zone séchante
Les VL sont au 6e tour de pâturage. La ration distribuée par jour est de 2,5 tonnes pour 68 VL. Au niveau de la production on est autour de 20,5 kg/VL/j (TB : 41, TP : 32). En ce qui concerne la ration on ajoute 1 kg de correcteur azoté et 1 kg de concentré fermier. On ajoute encore 1 kg de concentré pour les vaches qui ne sont pas encore échographiées. Au niveau de l’herbe on a encore de l’avance sur pied. Si le temps ne change pas on prévoit d’ensiler le maïs la dernière quinzaine d’octobre. Il y a deux semaines, on a aussi fait 35 bottes d’enrubannage d’herbe et semé 12,5 ha de prairie. Sur la reproduction on est à 70 % de pleines, on espérait plus.
Adage : 02 99 77 09 56

Christian Salaün – Plougonven (29)

Zone intermédiaire
Le pâturage se poursuit grâce aux abondantes précipitations de cette fin d’été. La production laitière reste correcte avec 14 kg/jour/vache, mais cette année les taux sont bas. Avec le retour des pluies, c’est le moment d’épandre le fumier sur les prairies. Pour gagner en souplesse et en répartition, je possède dorénavant mon propre épandeur. En effet, les entrées et/ou les hauts de paddocks sont sur-fertilisés alors les fonds et/ou bas le sont beaucoup moins car les animaux y stationnent peu. Ce phénomène s’observe sur les prairies pâturées à partir d’une dizaine d’années d’exploitation, et peut donc être contrebalancé par une meilleure répartition des déjections épandues.
Civam 29 : 02 98 81 43 94

Garder des stocks sur pied en vêlages groupés d’automne

À cette saison de reprise de la pousse, les éleveurs et éleveuses se retrouvent avec de grandes quantités d’herbe. Certains en profitent pour faucher et stocker sous différentes formes, quand d’autres préfèrent constituer des stocks sur pied valorisés au pâturage. Les charges de mécanisation et le temps de travail sont ainsi réduits. Un simple broyage des refus est réalisé après passage des vaches. Couplés à des vêlages groupés d’automne, les stocks sur pied permettent une ration adaptée aux génisses et aux taries. En effet, sur certains paddocks, l’herbe pousse depuis mai et est présente en grande quantité à des stades très avancés. Cette herbe riche en fibres favorise la rumination, favorisant des vêlages sans complications ainsi qu’une bonne reprise les premiers jours après vêlage. L’objectif n’est pas la production de lait mais bien un équilibre métabolique.


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