« Le système polyculture-élevage est l’un des plus résilients »

Le Space qui se déroule du 17 au 19 septembre marque la rentrée agricole. En amont du salon, Paysan Breton donne la parole à André Sergent.

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André Sergent, président de la Chambre régionale d’agriculture (© CDAF) | © 16446.hr

Quelle est la situation actuelle de l’agriculture en France, et singulièrement en Bretagne ?

Aujourd’hui, l’agriculture française traverse une période particulièrement difficile. Dans les zones céréalières intermédiaires, notamment, on observe des rendements catastrophiques. Ces régions, autrefois dédiées à l’élevage, ne s’en sortent plus, entre autres à cause des conditions climatiques extrêmes et d’une conjoncture économique défavorable. En Bretagne, nous avons également subi des rendements moindres en cultures céréalières, mais nous avons la chance de pouvoir compter sur notre système de polyculture-élevage. Ce modèle, encore majoritaire dans la région, a prouvé sa robustesse et capacité de résilience, surtout lorsque les prix des produits d’élevage sont favorables. C’est un atout considérable dans ce contexte national troublé.

Je suis convaincu que les jeunes auront de belles opportunités

Quelle est la situation actuelle de l’agriculture en France, et singulièrement en Bretagne ?

Aujourd’hui, l’agriculture française traverse une période particulièrement difficile. Dans les zones céréalières intermédiaires, notamment, on observe des rendements catastrophiques. Ces régions, autrefois dédiées à l’élevage, ne s’en sortent plus, entre autres à cause des conditions climatiques extrêmes et d’une conjoncture économique défavorable. En Bretagne, nous avons également subi des rendements moindres en cultures céréalières, mais nous avons la chance de pouvoir compter sur notre système de polyculture-élevage. Ce modèle, encore majoritaire dans la région, a prouvé sa robustesse et capacité de résilience, surtout lorsque les prix des produits d’élevage sont favorables. C’est un atout considérable dans ce contexte national troublé.

Il n’en demeure pas moins que l’élevage breton vit ce que l’on pourrait qualifier de « crise de confiance »…

L’élevage est un métier très exigeant. Il impose des contraintes importantes aux éleveurs, qui doivent être disponibles matin et soir, tout au long de l’année. À cela s’ajoute une conjoncture économique souvent difficile, avec des revenus qui ont été très bas pendant des décennies. Beaucoup d’éleveurs, découragés, décident d’arrêter avant même l’âge de la retraite, contribuant ainsi à la décapitalisation de notre cheptel. Pourtant, l’élevage joue un rôle crucial pour la qualité de nos sols, grâce à la matière organique qu’il produit. Cette matière est indispensable pour maintenir la fertilité des terres, notamment dans les zones où les sols sont moins riches. C’est pourquoi, malgré les difficultés, je continue de croire que le système de polyculture-élevage est l’un des plus résilients face aux défis actuels.

Les industries agroalimentaires bretonnes doivent-elles être inquiètes face à la décapitalisation ?

Oui, absolument. Jusqu’à présent, les industries agroalimentaires bretonnes avaient maintenu le niveau de production en cohérence avec leur capacité malgré la baisse du nombre d’élevages. Cette situation est entrain de changer très rapidement. Les niveaux de prix payés aux producteurs sont plutôt bons. Le rapport offre/demande est favorable à la production, par contre les entreprises ne peuvent pas durablement fonctionner en sous-capacité de transformation du fait du manque de production. Or, le mieux sur les prix et les revenus ne génèrent pas un rebond de la production. À terme, cela pourrait mener à des restructurations dans le secteur agroalimentaire breton, avec des fermetures d’usines et une réorganisation nécessaire pour s’adapter à cette nouvelle réalité.

Qu’avez-vous envie de dire aux jeunes ?

Malgré les difficultés, je reste optimiste pour les jeunes agriculteurs en Bretagne. Nous assistons à une modernisation des structures agricoles et à l’émergence de nouvelles filières, comme celle du lin dans le Finistère.Cela montre que la Bretagne a encore beaucoup à offrir aux jeunes qui s’installent en élevage et en productions végétales.

De plus, on ne peut que se féliciter de voir une augmentation du nombre de jeunes inscrits dans les écoles agricoles. C’est encourageant. Cela prouve que les métiers de l’agriculture continuent de susciter des vocations, et je suis convaincu que les jeunes qui se lanceront dans cette voie auront de belles opportunités devant eux.

Par ailleurs, je reste optimiste dans un contexte d’aléas climatiques plus fréquents. Notre région restera plus favorable que d’autres pour l’agriculture.

La démission du Gouvernement a mis un coup d’arrêt à la future loi d’Orientation. Cela vous inquiète ?

Les politiques publiques, et entre autres la loi d’Orientation, jouent un rôle crucial dans le soutien ou la mise en difficulté de l’agriculture. Il y avait beaucoup d’attente autour du projet de loi d’Orientation de l’agriculture. Ce projet devait apporter des réponses aux défis actuels de notre secteur, mais il a été brusquement interrompu en juin, laissant les agriculteurs dans l’incertitude.

Cela suscite des inquiétudes et l’on ne sait même pas si nous aurons un ministre de l’Agriculture pour reprendre le dossier pour le Space. Cette situation crée un climat d’instabilité, particulièrement pour ceux qui, comme nous en Bretagne, dépendent fortement d’un cadre législatif clair. Les agriculteurs bretons ont besoin de visibilité pour pouvoir planifier et investir dans l’avenir. La fin de cette initiative législative sans aboutissement concret laisse beaucoup de questions en suspens et complique clairement la situation.

Propos recueillis par Didier Le Du


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