La parole au président de la Région Bretagne : « La ligne de force, c’est la diversité des systèmes agricoles »

Lors d’une interview organisée au Space, Loïg Chesnais-Girard souligne les priorités de la Région Bretagne dans le domaine agricole, son engagement envers une transition durable, et son soutien aux jeunes agriculteurs.

Loïg Chesnais-Girard, président de Région Bretagne, dans un élevage de bovins - Illustration La parole au président de la Région Bretagne : « La ligne de force, c’est la diversité des systèmes agricoles »
Lors de ses visites de terrain, Loïg Chesnais-Girard ne manque pas de rappeler le rôle central de l'agriculture dans l'économie régionale. | © Martin Boudier

Quelle est la vision de la région Bretagne pour, concomitamment, garantir la souveraineté alimentaire et assurer une agriculture durable ?

La priorité est de garantir que l’agriculture bretonne reste productive tout en s’adaptant aux enjeux climatiques. Il est essentiel que la France et l’Europe assument leur autonomie alimentaire, et la Bretagne doit prendre sa part. C’est sa responsabilité.

Produire pour nourrir sous contraintes multiples, c’est le défi de la Bretagne agricole. À cet égard, le climat de 2050 et de 2080, tel qu’inscrit dans les données du Giec, nous montre que la région va rester favorable à la culture notamment de l’herbe, favorable à la capacité de produire pour nourrir la population. Par ailleurs, nous devons prendre conscience que le capital biologique, le capital vivant de notre Bretagne, doit être transmis en bon état aux générations suivantes. Pour résumer je dirai que la production maximale durable doit être respectée pour préserver la compétitivité tout en protégeant l’environnement.

Et bien sûr, il faut tenir compte, encore une fois, de la situation de nos concitoyens et leurs différents revenus pour que tous puissent bien manger, parce que, à mon sens, tout le monde doit avoir la capacité de profiter d’une alimentation saine, de qualité, qui donne du plaisir.

L’élevage aura-t-il toujours sa place selon vous ?

L’élevage est un pilier central de l’agriculture bretonne. Il est crucial non seulement pour maintenir la fertilité des sols mais aussi pour garantir une production alimentaire diversifiée et résiliente. La végétalisation à outrance n’est pas une solution pour la Bretagne. La région soutient activement l’élevage en investissant dans cette filière et en promouvant des modèles de production qui respectent les contraintes environnementales. Dans ce dessein, la région soutient particulièrement la polyculture-élevage, pilier du modèle breton.

Comment la Bretagne se positionne-t-elle face aux enjeux environnementaux et la réduction des intrants ?

La Bretagne met en avant des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, comme la réduction des intrants et la préservation de la biodiversité. La Région est engagée dans des initiatives telles que la reconquête des haies depuis 2020 et la gestion des nitrates.

Les agriculteurs bretons sont reconnus pour leurs efforts, mais des transitions lourdes et coûteuses, comme l’abandon des pesticides, restent nécessaires et pour lesquelles il faut donner un cap. J’avais, il y a quelques années, exprimé l’objectif du rendement de la production maximum durable.

Concrètement, quelles sont les principales initiatives de la Région pour accompagner la transition agricole ?

La région Bretagne travaille en étroite collaboration avec les agriculteurs pour faciliter la transition vers des modèles plus durables. Les aides aux investissements sont dématérialisées et simplifiées pour accélérer les projets. La région favorise également l’innovation, en soutenant des centres de recherche comme Végénov, qui travaillent sur des sélections variétales adaptées aux nouvelles contraintes climatiques. Le non-labour, autrefois vu comme utopique, est maintenant adopté pour des raisons économiques. Il faut que l’on réinvente des mixités biologiques qui offrent certaines assurances par rapport aux ravageurs ou à certaines situations risquées.

Sujet majeur : l’installation. L’objectif de 1 000 installations par an est-il toujours d’actualité ?

Bien que l’objectif soit de 1 000 installations par an, on en observe environ 600 actuellement. L’installation des jeunes est primordiale pour garantir l’avenir de l’agriculture. Ce sont ces jeunes qui s’installent aujourd’hui qui nous nourriront dans 5 ans, dans 10 ans, dans 30 ans. Il faut continuer à dire qu’on a besoin d’installer des jeunes pour que nos jeunes aient confiance.

La région a mis en place des aides à l’installation, dont un prêt d’honneur, pour soutenir financièrement ces jeunes agriculteurs. Pour rendre le métier attractif, Il est indispensable d’assurer de bonnes conditions de travail, notamment des congés et un bon niveau de vie. Si on ne montre pas que les politiques veulent que nos agriculteurs vivent bien de leur travail, on fait une faute pour l’avenir, notamment pour installer des jeunes.

Quel modèle d’exploitation soutient la Région ?

La ligne de force du projet agricole breton, c’est la diversité des systèmes agricoles sur le modèle de la propriété familiale et de la transmissibilité des exploitations indispensable à la pérennité du système.

Recueilli par Didier Le Du


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article