Anthony et Nicolas Maillard élèvent un troupeau de 115 vaches laitières qui produisent 1,2 million de litres de lait par an. Un atelier taurillon est également présent sur l’exploitation, ainsi qu’une méthanisation de 250 kW en cogénération. Trois salariés travaillent sur la ferme : un à temps plein et deux à mi-temps. En 2015, les deux associés commençaient déjà à réfléchir à un moyen d’automatiser l’alimentation des animaux pour réduire l’astreinte du matin et du week-end. Cependant, en raison de la mauvaise conjoncture du lait à cette époque, le projet est mis de côté pendant plusieurs années. « Nous avions de plus investi en 2018 dans la méthanisation », indique Anthony Maillard. « L’automatisation de l’alimentation n’était donc plus prioritaire à ce moment-là. ». En 2021, le projet est remis sur la table et après avoir comparé les différentes solutions disponibles sur le marché, les éleveurs jettent leur dévolu sur le robot Aura fabriqué par Kuhn. « Nous avons la 2e machine vendue en France », précisent les agriculteurs. « Elle est en route depuis début 2022 et cumule aujourd’hui environ 12 000 heures. » L’investissement est de 300 000 € tout compris (robot, vis à aliment, relais wifi…).
Des journées de 17 heures
L’automate travaille tous les jours de 4 h à 21 h. Complètement autonome, il se déplace grâce à son GPS, son système d’odométrie (technique permettant d’estimer la position d’un véhicule en mouvement) et son Lidar. « Au préalable, toute l’exploitation a été cartographiée par un géomètre pour relever l’intégralité des points d’intérêt », explique Anthony Maillard. « Le robot sait donc parfaitement où tout se situe. » Quotidiennement, la machine fait gagner 2 heures au salarié responsable du désilage, qui a désormais plus de temps le matin pour soigner les veaux et « bricoler autour de l’élevage. » L’astreinte du week-end est également largement réduite. « Nous désilions en double le samedi matin », déclarent les agriculteurs. « Il fallait environ 5 heures à une personne pour faire le travail. »
Pas de cuisine
« Contrairement aux autres systèmes, Aura a nécessité peu d’aménagements sur la ferme », annonce Anthony Maillard. « Il n’y a pas besoin de cuisine ou de filoguidage par exemple, ce qui réduit aussi les investissements. ». Pour s’approvisionner en ensilage d’herbe ou de maïs, en foin ou en paille, la mélangeuse se rend directement au silo ou dans les cases, et charge ce dont elle a besoin avec sa fraise de 60 cm. Pour les autres éléments de la ration, comme les minéraux ou les concentrés, la machine gère elle-même le remplissage en activant et en désactivant des périphériques grâce à des relais Wi-Fi. Elle est par exemple capable d’allumer et d’éteindre les vis de reprise des contenants une fois la quantité programmée atteinte.
+4 litres de lait
Le nombre de rations distribuées quotidiennement est passé de 6 à 9. « Par exemple, nous avons désormais une ration différente pour les taries et les vaches que nous préparons au tarissement. Les taurillons ont maintenant 4 rations, contre 3 auparavant. » Les éleveurs ont observé un meilleur démarrage et un meilleur GMQ pour ces derniers. Concernant la production laitière, un gain de 4 litres a été noté au bout de 3 semaines d’utilisation du robot. « Il y a moins de refus car le fourrage est toujours frais », résume Anthony Maillard. « Le mélange est également mieux fait et l’alimentation s’étale tout au long de la journée, ce qui réduit les gros pics de consommation. » Outre l’amélioration des performances zootechniques, les associés estiment avoir plus de souplesse dans leur travail.
Alexis Jamet
Toujours un œil sur les rations
L’utilisateur peut programmer le robot et définir toutes ses rations depuis le portail web dédié ou depuis son smartphone sur une interface intuitive. La progression de l’automate est donc consultable à tout moment en un rapide coup d’œil. Les éventuelles alertes sont également envoyées sur le logiciel ou sur l’application.
Un travail collaboratif
« Le fait d’acheter une machine encore peu commercialisée en France était un challenge », lance Anthony Maillard. « Cependant, nous avons fait confiance à notre concessionnaire local et la marque Kuhn, que nous utilisons depuis longtemps. » Le Gaec Maillard a en quelque sorte joué le rôle de ferme pilote dans les semaines qui ont suivi la mise en route de l’automate. Tous les lundis, les agriculteurs échangeaient avec le bureau d’études pour faire remonter les problématiques rencontrées et les axes d’amélioration. « Nous avons participé à l’amélioration de la machine », conclut l’éleveur.