Dossier technique

 « On ne remplace pas le cédant, on lui succède »

Préparer la transmission de son exploitation doit s’initier tôt afin de lever un maximum de freins. La tenue en état des bâtiments ainsi que le regroupement des terres sont un plus qui intéressent les repreneurs.

Deux hommes dans un champ - Illustration  « On ne remplace pas le cédant, on lui succède »
La transmission de son exploitation « se réfléchit tout au long de sa carrière ». | © bugarskipavle3 - stock.adobe.com

« Le temps de recherche moyen d’un repreneur pour une personne qui souhaite transmettre son exploitation est de 2 ans, entre la recherche de candidat et le moment ou la transmission est terminée, c’est-à-dire quand le chèque est en banque », fait observer Anthony Froger, conseiller transmission à la Chambre d’agriculture. Six mois à un an sont nécessaires pour la recherche d’un repreneur et pour la négociation. Le reste de la période est consacrée à toutes les démarches administratives comme le contrôle des structures, ou les demandes de financement. Le conseiller rappelle que pour tout démarrage de préparation à la transmission, « il faut savoir dans quelles conditions on souhaite transmettre, et surtout fédérer les propriétaires fonciers : avant même l’évaluation économique de l’entreprise, il faut s’assurer que tout le foncier suit. On peut parfois perdre jusqu’à 30 % de la surface par des propriétaires qui ne souhaitent pas continuer les locations ». En cas de présence de main-d’œuvre salariée, il convient de s’assurer que ces personnes souhaitent poursuivre avec le repreneur. Globalement, réfléchir et préparer sa transmission s’anticipe. « Il faut y penser tout au long de sa carrière, dès que l’exploitation connaît des changements importants comme des constructions de bâtiments. Certains freins sont aussi à lever, comme du foncier qui demande à être regroupé par des échanges parcellaires, ou encore des indivisions qui existent entre frères et sœurs… Il faut absolument discuter avec le 1er cercle familial ». Toutes ces phases demandent du temps, qui peut osciller entre 5 et 10 ans.

On peut tout imaginer en élevage bovin

« La valeur d’un outil dépend de ce que le repreneur pourra en faire », résume le conseiller, qui ajoute que « tout investissement réalisé dans les 10 ans avant la date de départ à la retraite, s’il n’y a pas de reprise, ne permet pas à l’agriculteur de retomber sur ses pieds. Parfois en élevage porcin, des investissements liés au bien-être animal ont pu être faits, mais qui ne correspondaient pas à ce que souhaite un repreneur. Il vaut mieux limiter les engagements financiers en se cantonnant au maintien de l’état de l’outil, en étant optimal au niveau sécurité des travailleurs et des animaux ». Les dépenses en lien avec l’énergie font bande à part, « elles font baisser le coût énergétique, ce peut être une isolation de bâtiment, l’utilisation de panneaux solaires… »

L’entreprise la plus « facile à transmettre est celle en élevage bovin, lait ou viande : on peut tout imaginer de projet en reprise ». Ces projets peuvent être une continuité de l’activité, ou du changement, « ce peut être du porc en plein air. Les porteurs de projet recherchent des terres groupées, un bâtiment pas forcément neuf mais bien entretenu, adaptable et fonctionnel ».

Génération Z et exilés climatiques

Les jeunes futurs agriculteurs n’ont rien à voir avec les générations précédentes ; « la génération Z (née généralement entre 1997 et 2010) peut vouloir avoir tout, tout de suite, et se détourner d’un projet à la moindre difficulté ; aussi un jeune n’aura plus forcément idée de faire carrière, hormis pour les projets de reconversion. Il peut y avoir des conflits générationnels, on peut ne pas se comprendre. Il ne faut pas oublier que la personne ne remplace pas le cédant, elle lui succède ». Enfin, Anthony Froger observe l’arrivée de nouveaux postulants à l’installation, avec des « exilés climatiques : ce sont des éleveurs qui quittent leur région pour venir en Bretagne, région où ils sont quasi sûrs de pourvoir produire du fourrage ». Et le conseiller de conclure : « On n’attend pas un repreneur devant sa porte, il faut savoir faire des concessions, accompagner le jeune en mettant en place une relation de confiance. S’installer est une aventure humaine plus qu’un projet financier ».

Fanch Paranthoën

Bien penser au devenir de la maison d’habitation

Dès lors que la maison d’habitation se situe à moins de 100 m des bâtiments, « il est préférable de trouver autre chose pour le cédant. La maison peut être conservée en cas de distance plus importante, avec un accès indépendant. Il faut savoir que l’on ferme la porte à certains candidats si la maison n’est pas transmise avec l’outil de travail ».


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