Une année de récolte de bois en région Bretagne représente un volume de 800 000 m3. Les passages de Ciaran en novembre dernier et des autres tempêtes de l’hiver ont mis à terre « 500 000 à 600 000 m3. Nous n’avons pas été concernés par le plan d’aide de 30 millions d’euros annoncé au 30 mars pour ce sinistre, comme l’ont pu être les secteurs de l’agriculture et de la pêche. La forêt n’a pas reçu d’aide financière, le milieu de la sylviculture reste masqué… C’est à nous de sortir du bois pour que l’on puisse parler forêt, filière qui coche toutes les cases de la décarbonation et des circuits courts », introduit Bertrand Rayssiguier, président du syndicat forestier de Bretagne, lors de la réunion annuelle qui se tenait au lycée du Nivot, à Lopérec (29).
Expérimenter de nouvelles essences
« Les résineux ont toute leur place », note Raymond Messager, élu au Conseil départemental du Finistère. « Demain, les massifs devront s’adapter aux sécheresses, aux incendies, aux tempêtes. Il est probable qu’une expérimentation soit lancée avec de nouvelles essences », note le conseiller, aussi membre dans le collège du Conseil départemental du Parc naturel régional d’Armorique. David Le Ferrec, technicien au centre régional de la propriété forestière, estime que les épicéas de Sitka, largement employés, arrivent en quelque sorte à maturité. « Il peut être dangereux de tout replanter en Sitka, qui peut courir des risques sanitaires, de débouchés… » Aussi, certains clients demandent des bois non traités, « des essences de classe 3 naturelle. C’est le cas du cryptomère du Japon, qui aime l’humidité et qui est moins gourmand en éléments nutritifs. Il est moins exigeant que le Douglas, qui doit se planter dans les meilleures parcelles ». Les plants de ce cryptomère du Japon coûtent « plus cher Mais il sort très vite : s’il mesure 40 cm en 1re année, il va mesurer 1 m à 1,50 m dès la seconde année, on peut ainsi économiser en dégagement ». Et le technicien de citer d’autres essences comme le cèdre de l’Atlas, adapté aux zones séchantes type littorales car sensible aux maladies cryptogamiques. Ces différents arbres peuvent se planter en mélange avec des épicéas de Sitka, mais ce dernier « ne doit pas représenter plus de 40 % de la densité, car au-delà il étouffe les autres ». Une ligne sur 5 est un bon repère pour garder une densité de plantation de Sitka acceptable.
Fanch Paranthoën
Le bois a toute sa place
« On n’a pas su entretenir et donner une fonction aux haies, qui sont aussi des réservoirs de biodiversité et qui apportent du bois d’œuvre et de chauffage. Avec des exploitations agricoles qui s’agrandissent, on les a un peu abandonnées. Pourtant ces haies, ou plus largement l’agroforesterie, atténuent les effets du gel et des coups de chaud », fait observer Jean-Hervé Caugant, président de la Chambre d’agriculture du Finistère. Au sujet de l’abandon des terres qui s’enfrichent, le président rappelle qu’elles deviennent « des refuges à sanglier, problématique plus que prégnante aujourd’hui. Or des terres qui perdent leurs fonctions agricoles peuvent trouver une opportunité dans une plantation d’arbres ».