Vendredi 12 septembre, une quarantaine d’échantillons (parcelles) de maïs ont été analysés lors de la Rencontre matière sèche à Pluduno. Trois jours plus tôt, 130 échantillons avaient été apportés à Caulnes. « Il y a une certaine homogénéité entre ces deux secteurs proches de l’est des Côtes d’Armor. À Caulnes, le taux de matière sèche moyen atteignait 24 %, contre 25 % à Pluduno. Des résultats qui renvoient à des dates d’ensilage vers la première semaine d’octobre », note Kévin Poisson, consultant robot et nutrition chez Innoval. « Depuis trois ou quatre ans, il y avait une tendance à avancer les dates de récolte. Là, c’est finalement un retour à la normale avec des semis plus tardifs, une pluviométrie plutôt abondante et pas de coup de chaud. »
Arrivée groupée à maturité
Malgré des dates variables d’implantation, les observateurs notent qu’à l’arrivée, il y a moins de décalage de maturité des maïs. « Les semis se sont étalés sur 1,5 mois, les ensilages devraient courir sur 3 semaines. Les agriculteurs ont certainement adapté les indices pour les semis retardés », avance Jérôme Jouffe, conseiller d’élevage sur la zone de Broons. « Les épis sont plutôt bien remplis », observe-t-il. « Les parcelles ne sont pas très avancées, mais le maïs est tout de même prometteur… à condition qu’on arrive, au final, à le récolter au bon stade dans de bonnes conditions. »
Alors que le planning des dates d’ensilage est élaboré sur la période du 20 au 30 août dans certaines ETA, les Rencontres matière sèche sont « assez attendues » par les éleveurs : « Ces rendez-vous rassurent ou confirment leurs diagnostics faits il y a trois semaines au champ. » Selon la météo de l’année, notamment quand la chaleur est au rendez-vous de la fin de l’été et du début d’automne comme en 2023, « on peut se faire surprendre par l’avancement de la maturité avec un vrai risque de décalage des plannings », rappelle Kévin Poisson. « Mais cette année, il n’y aura pas de surprise vu la fraîcheur de septembre. Le maïs, il lui faut de la température pour avancer… » Il gagne actuellement un point de matière sèche tous les trois jours.
Moins de rendement qu’en 2023
À la Cuma du Frémur, 40 adhérents profitent du service des ensileuses en commun (10 rangs et 12 rangs). Cela représente une bonne vingtaine de journées de chantier. Les dates d’ensilage sont calées vers le 20 septembre, pas avant. « En faisant le planning sur une matinée de permanence au plus près possible des récoltes, il y a moins de risque de se tromper. Le maïs, c’est la nourriture de l’année. Il faut savoir être patient pour faire de bons silos », explique Jean-Charles Lebreton, producteur de lait à Pléboulle et président de la structure. En 2023, il avait semé au 25 avril et ensilé au 27 septembre à 35 % de matière sèche. Cette année, il a semé au 10 mai et pense récolter vers le 6 octobre un maïs peut-être un peu moins sec. « Ces 15 jours de décalage à l’implantation se retrouvent à la fin, c’est logique. »
Côté rendement, par contre, un recul est attendu par beaucoup par rapport à l’année dernière : « Nous n’aurons sans doute pas les volumes de 2023. Peut-être 2 t de matière sèche en moins par hectare », terminent Kévin Poisson et Jérôme Jouffe.
Toma Dagorn
Des maïs grands et volumineux
« Sur le terrain, les maïs 2024 sont décrits comme plutôt grands et volumineux. Mais les épis ne sont pas particulièrement gros », rapporte Marine Futsch, responsable technique Fourrages chez Innoval. Peu de crainte de récolter un fourrage trop sec avec des risques d’échauffement comme en 2023. « Cette fois, le risque est plutôt de rentrer un maïs humide, encombrant, surtout si on anticipe un peu par peur de ne plus pouvoir rentrer dans les parcelles ensuite. Par manque de maturité, les teneurs en amidon ne seront probablement pas exceptionnelles, mais on peut s’attendre à une digestibilité correcte des fibres. Tout cela restant à confirmer par des analyses. »Par ailleurs, quand il y a eu deux périodes de semis bien distinctes sur une exploitation, Marine Futsch rappelle que l’idéal serait d’avoir deux dates de récolte décalées pour ensiler un fourrage mûr. « Mais bien souvent, tout se fait en un seul chantier. Le mieux est alors de récolter le plus sec d’abord qui absorbera les jus du plus humide au-dessus. Ces deux couches permettront aussi d’avoir quelque chose de plus homogène à l’auge ensuite. »