Cette année, le Gaec de la Yardais se rendra au concours charolais du Space avec Sunny P, jeune taureau de 3 ans acheté il y a 2 ans au Gaec Aillerie à Ombrée d’Anjou (49). Ce fils de Nemo PP sur Mustang « apporte de la diversité génétique sur l’élevage et du développement squelettique notamment. Il est doté d’un index DS de 114 », détaille Jacky Weber, associé en Gaec avec son fils Alexandre.
Ils emploient 3 salariés représentant 2 équivalents temps plein. 1,8 million L de lait sont produits grâce à 180 vaches laitières, principalement des Prim’Holstein, plus quelques Jersiaises et Normandes. À côté, les éleveurs gèrent un atelier allaitant de 40 mères charolaises, en système naisseur engraisseur, et un atelier d’engraissement de porcs de 306 places.
Depuis 2016, l’éleveur introduit peu à peu le caractère sans cornes dans son élevage, « pour des raisons de facilité de travail et pour répondre à la demande génétique d’autres éleveurs. L’ensemble des schémas de sélection des races que je détiens s’y intéressent ». Les animaux non porteurs du gène sont tous écornés.
En Charolaise, le taureau Impala P a notamment été utilisé. Née en 2016, Masstrich fait partie des femelles sans cornes qui ont mis leur empreinte dans le troupeau. Cette vache, suppléante pour le Space cette année, affiche de bons index : 115 en Isevr, 104 en DM, 107 en DS, 110 en Alait et 118 en Ivmat. « Elle a eu 6 veaux, tous sans cornes, dont deux femelles et un mâle homozygotes sans cornes. » Pour diversifier les origines, une femelle sans cornes suitée a été achetée en 2023.
Les Charolaises valorisent un îlot peu cultivable
La Charolaise est arrivée sur l’élevage à l’installation de Jacky Weber en 1992, en Gaec avec ses parents. « Nous l’avions choisie pour sa docilité et sa rusticité. Le troupeau allaitant permet de valoriser une quinzaine d’hectares de terres peu profondes, humides en hiver et desséchantes en été, situées à 2,5 km. Les Charolaises y pâturent du printemps à mi-novembre. »
Tant qu’il y a de l’herbe, « je les conduis sur des paddocks d’une semaine, ensuite elles sont en full grass. 5 ha sont également fauchés sur cet îlot. Les vaches reviennent en bâtiment l’hiver et pour les vêlages. » Les bovins charolais sont nourris à l’herbe (pâturage, ensilage, foin) avec de l’ensilage de méteil à côté. « Seuls les animaux en finition reçoivent du maïs et de l’aliment. »
Côté reproduction, quelques IA sont réalisées sur les génisses qui sont ensuite mises avec le taureau en rattrapage. Les vaches sont en monte naturelle uniquement. Les vêlages sont concentrés sur 2 périodes de 2 mois, débutant mi-mars et mi-septembre. « L’âge au vêlage est de 30 mois sur les génisses les plus précoces, et de 36 mois sur les autres. » Quatorze taurillons sont produits chaque année en 2 lots de 7, affichant 450 – 500 kg de carcasse à 18 mois. « Je vends aussi quelques reproducteurs. »
Dans le schéma de sélection charolais
Le Gaec de la Yardais est adhérent au herd-book charolais et au contrôle de performances depuis une quinzaine d’années et est inscrit dans le schéma de sélection de la race depuis plus d’un an. « Les meilleures femelles sont génotypées, ainsi que toutes celles inscrites dans la sélection sans cornes. »
C’est la 2e fois que les éleveurs sont présents au Space en Charolaise. L’an passé, ils avaient emmené une femelle. Par contre, ils ont souvent participé au concours Prim’Holstein du salon par le passé. Et en 2022, ils ont concouru en Jersiaise. « J’ai également acheté une génisse de cette race à la vente Genomic Élite du Space il y a deux ans qui a eu deux mâles pris au centre d’insémination. Une de mes génisses est entrée à la station de donneuses d’embryons. C’est l’actuelle numéro 1 française en index de synthèse NTM. »
Depuis 7 ans, l’élevage participe chaque année au concours départemental charolais de la Foire de Rennes. Il adhère au syndicat Charolais 35 et a accueilli son assemblée générale fin août. « J’apprécie l’ambiance conviviale des concours de la race, la simplicité entre éleveurs. »
« J’avais 12 ans quand j’ai commencé les concours »
Le goût pour la génétique et les beaux animaux est né il y a très longtemps chez Jacky Weber. « J’avais 12 ans quand nous avons participé à notre premier concours avec mes parents, en race prim’holstein », indique-t-il précisant par ailleurs que « le budget dédié à la génétique est maîtrisé. Je ne dépense pas plus que ça me rapporte… »
Agnès Cussonneau
Une organisation sur deux sites
Sur leur SAU de 240 ha, les agriculteurs cultivent 90 ha d’ensilage de maïs, 75 ha de blé (vendu), de l’herbe et du méteil ensilé fin mai. Le Gaec rassemble deux sites de production séparés de 10 km. Sur l’un des sites, 110 à 120 vaches laitières sont traites par deux robots, et sur l’autre site, 60 à 70 avec un autre robot. Sur le site géré par Jacky Weber, le robot est arrivé il y a 9 mois. « Il réduit la pénibilité mais pas forcément encore le temps de travail », constate l’éleveur qui voit globalement un accroissement de la charge mentale dans son métier. « Il faut être de plus en plus organisé. »La sélection l’aide à limiter les problèmes de naissances. « Pour les 120 vêlages sur ce site, je ne me lève quasiment jamais. » La détection des chaleurs se fait via le robot pour les laitières et grâce à des colliers Heatime pour les génisses charolaises. Faisant preuve d’ouverture d’esprit, Jacky Weber aime transmettre son métier et ses pratiques aux jeunes stagiaires qu’il accueille régulièrement sur son exploitation. « Certains sont venus m’aider à la présentation d’animaux à la foire de Rennes », apprécie-t-il. Par ailleurs, il souhaite conserver un outil de production transmissible.