« Vivre et travailler au pays ». Populaire dans les années 70, ce slogan syndical traduisait la légitime revendication d’une population bretonne marquée par des décennies d’exode rural massif. On estime ainsi qu’entre 1831 et 1968, la région aurait perdu plus d’un million d’habitants. La révolution agricole conduite au lendemain de la Seconde guerre mondiale, le désenclavement du territoire prôné par le Comité d’étude et de liaison des intérêts bretons (Celib) et le développement du secteur tertiaire et de l’industrie vont heureusement permettre d’enrayer cette émigration bretonne.
Aujourd’hui, la donne a complètement changé. Désormais la Bretagne attire, elle qui figure avec constance dans le peloton de tête des régions de France où il fait bon vivre. Un sondage réalisé dernièrement par l’Ifop, pour le compte du Crédit Mutuel Arkéa et du quotidien Le Télégramme, a cherché à identifier les raisons de ce bonheur régional. Menée auprès d’un échantillon de 600 personnes représentatif de la population active bretonne âgée de 15 ans et plus, l’enquête souligne combien les habitants du territoire régional sont heureux de vivre en Bretagne et d’y travailler. Sur une échelle de 0 à 10, ils attribuent ainsi à ces deux critères les moyennes respectives de 8,8 et de 8,7. Moins de 10 % des personnes interrogées octroient une notation inférieure ou égale à 6. À l’opposé, ils sont plus de 6 sur 10 à décerner une note supérieure ou égale à 9.
Bien sûr, l’on sait les Bretons fiers de leur appartenance et attachés à leur région comme une moule à son rocher. Mais cette satisfaction ne saurait se résumer à une forme de chauvinisme puisqu’elle est exprimée tant par les natifs que par les personnes non originaires de la région.
Une agriculture emblématique
Invitées à citer les filières économiques emblématiques bretonnes, les personnes interrogées évoquent d’abord l’agriculture, le tourisme et l’agroalimentaire. Viennent ensuite la pêche, la construction navale et le numérique. Les Bretons estiment dans leur grande majorité (87 %) que la région est un territoire dynamique, doté de filières économiques fortes, contribuant au rayonnement à l’échelle nationale. Ils voient dans leur région une terre d’innovations (85 %). Une très forte majorité (84 %) juge que les entreprises bretonnes sont engagées en faveur de l’environnement et qu’elles favorisent le lien social au sein de la population (81 %).
Plutôt confiants face aux perspectives d’évolution de la Bretagne dans les cinq prochaines années, près des trois-quarts d’entre eux estiment que la filière des énergies renouvelables va se développer. Et les deux tiers tablent sur un essor de l’économie du tourisme et de l’innovation. 63 % sont, par ailleurs, convaincus que la transition écologique de l’agriculture va progresser sur cette période.
Dans ce tableau très positif, l’étude souligne cependant quelques facteurs perçus comme susceptibles d’altérer le plaisir de vivre et travailler en Bretagne. Avec, en premier lieu, les difficultés d’accès au logement (52 %), suivies par le tourisme excessif (46 %) et le coût élevé de la vie (42 %). Pas de quoi entamer pour autant la bonne image globale de la région. À une écrasante majorité, les sondés seraient d’ailleurs prêts à recommander à un proche de venir en Bretagne pour y vivre (96 %) ou pour y travailler (93 %). Pas de doute, la Bretagne ça vous gagne. Et ce sont les Bretons qui en sont les meilleurs ambassadeurs !
Jean-Yves Nicolas