À Cléguérec (56), Nicolas Raflé est installé depuis 1992 sur la ferme familiale. Il a commencé à produire des plants de pommes de terre en 1994. En bio depuis 2021, il a changé sa rotation et son itinéraire technique pour s’adapter aux nouvelles contraintes.
« J’ai entamé une conversion bio en 2019 », raconte le producteur. « Plusieurs raisons motivaient ce changement : les problèmes de santé de mes voisins agriculteurs, l’engouement pour la bio à l’époque, et mes comportements d’achat personnels qui étaient de plus en plus écologiques. » Enfin, le travail supplémentaire induit par ce nouveau système permettait à Nicolas Raflé d’embaucher un salarié en CDI. De quatre cultures, l’agriculteur est passé à 11 sur ses 100 ha de SAU. « Ma nouvelle rotation facilite grandement les désherbages et permet de ne pas mettre tous mes œufs dans le même panier. C’est une sécurité économique. » Par exemple, le Morbihannais cultive du blé, du maïs grain, des brocolis, des haricots ou encore du sarrasin. La surface de pommes de terre représente aujourd’hui environ 9 ha, dont 80 % servent à produire du plant. « Ce n’est pas la culture la plus facile à faire en bio », relativise le producteur.
65 000 plants/ha
Nicolas Raflé utilise quatre variétés différentes de pommes de terre : une primeur, une destinée à faire des frites et deux à chair ferme. Elles sont généralement implantées après un couvert végétal lui-même semé juste après une légumineuse ou une céréale. « Après le broyage du couvert, j’apporte 6 t de fumier de volaille et 240 kg/ha de chlorure de potasse. Je passe ensuite avec un Dynadrive pour tout mélanger. » Une fois le sol préparé, les pommes de terre sont plantées à une densité d’environ 65 000 tubercules par hectare. L’objectif de l’agriculteur est en effet de favoriser le nombre et non le calibre. Dès que ce dernier est atteint, les fanes sont broyées pour arrêter le développement. L’arrachage se déroule quant à lui 3 semaines plus tard.
De nombreux passages
Pour désherber, une herse étrille à ressorts est l’outil de prédilection du Morbihannais. « Contrairement aux herses à plateaux, la pression est la même sur toute la surface du sol », explique-t-il. Chaque année, au moins quatre passages sont effectués. Le premier intervient dès le stade filament des adventices. « Il faut être très réactif pour ne pas se laisser déborder. »
En ce qui concerne les ravageurs, de l’huile minérale est épandue 10 à 12 fois par campagne pour empêcher les pucerons de piquer les plants et propager les viroses. « Pour le mildiou, nous utilisons de la bouillie bordelaise dosée à 20 kg de cuivre par hectare », complète l’agriculteur.
Enfin, toute la ferme est irriguée depuis 1992. Concernant la pomme de terre, il arrose dès que la culture initie ses tubercules et jusqu’à fin floraison. En année sèche, cela représente 800 m3/ha.
Des résultats variables
Chez Nicolas Raflé, le rendement des pommes de terre varie entre 20 et 45 t/ha. Le prix de vente est d’environ 500 €/t. « Le chiffre d’affaires généré est très important mais il ne faut pas oublier les charges. Rien que les plants me coûtent 3 800 €/ha et les résultats sont très souvent en dents de scie d’une année à l’autre. »
Alexis Jamet
Les missions de Bretagne Plants
En Bretagne, 6 700 ha sont consacrés à la production de plants de pomme de terre. 350 d’entre eux sont en bio et sont cultivés par 46 producteurs. Chacun a l’obligation d’adhérer à l’OP Bretagne Plants dont les missions sont, entre autres, d’assurer le contrôle et la certification des plants. « Nous avons 18 techniciens sur le terrain qui contrôlent les cultures à tous les stades », indique Philippe Dolo, responsable du développement technique chez Bretagne Plants. « Ils vérifient notamment la présence de virus, de bactéries, de champignons ou de nématodes. » Bretagne Plants possède également une station de création variétale à Ploudaniel (29). « Une à quatre nouvelles variétés sortent chaque année », poursuit Philippe Dolo. « Nous recherchons avant tout de la rusticité et de la résistance aux maladies comme le mildiou. La voie génétique est plus prometteuse que la voie chimique dont les effets sont étroitement liés à la météo. »