Chantiers de récolte : Sale temps pour les ensilages

Les conditions météorologiques très pluvieuses compliquent fortement les chantiers d’ensilage. Avec des sols gorgés d’eau, sortir les remorques s’avère compliqué dans les parcelles en pente.

Un panneau de signalisation devant un chantier d'ensilage - Illustration Chantiers de récolte : Sale temps  pour les ensilages
Beau temps le jour de ce chantier à Plouguin (29). Mais les pluies sont revenues les jours suivants... | © Fanch Paranthoën - Paysan Breton

On dit que le chiffre 13 porte bonheur… ou pas. En ce qui concerne le nombre de lunes présentes dans le calendrier, ce chiffre n’est pas forcément de bon augure. C’est le cas de 2024, qui compte 25 phases : 12 avec pleines lunes, 13 avec nouvelles lunes, ce qui se traduit souvent comme une année à la météo très compliquée. Dans les champs, la terre essaie d’absorber les fortes précipitations, mais le trop plein déborde. Pour les chantiers d’ensilage, déjà en retard par rapport à une année dite normale, tout se complique. Entre les ensileuses qui s’embourbent ou les remorques qui chavirent à cause de terrains instables, les chauffeurs sont soumis à rude épreuve.

Toujours un câble à disposition

Du côté de la pointe Finistère, Pierrick Mao, de l’ETA éponyme et installé avec son père Jean-Pierre, prend les devants pour ne pas se retrouver dans des situations délicates, ou pour anticiper le pire. « Un câble est toujours attaché l’arrière de la machine pour tirer un tracteur », explique-t-il, lors d’un chantier d’ensilage où la végétation dépasse la hauteur de la cabine. L’entreprise dispose de 6 machines de récolte « dont une de secours, en cas de panne. C’est un luxe, mais les chantiers peuvent ainsi continuer, nous ne sommes jamais bloqués ». Les agriculteurs font de plus en plus souvent appel à l’entreprise pour faire venir des tasseurs ou pour des remorques de grande capacité, tirés par des tracteurs lestés et montés en pneus à bons crampons. Cette année, le top départ a été donné au 7 octobre, contre le 22 septembre en 2023. Une saison en retard donc, mais le chauffeur de relativiser : « Il pleut tous les jours, mais nous ne nous en sortons pas trop mal en comparaison aux régions qui ont subi des inondations ».

Les maïs couchés ne sont pas complètement à plat, on peut les reprendre

La végétation encore verte et trempée est lourde, mais avec les 1 180 cv de l’ensileuse Krone « il n’y a rien de trop. On veille à ne pas trop charger les remorques quand les champs sont en pente ». Mais le fourrage ne manquera pas, même si certaines plantes ont été couchées par les vents mais sont restées à « 50 cm du sol. Les maïs couchés ne sont pas complètement à plat, on peut relativement facilement les reprendre ». L’entreprise de travaux agricoles de Lannilis (29) ensile 2 600 ha tous les ans, sur une période d’un mois. Sans doute que la campagne 2024 va s’étaler davantage, « il y a eu 2 dates de semis, la maturité n’avance plus beaucoup. Certains agriculteurs ont voulu ensiler avant la tempête, des champs ont été ensilés trop tôt, les silos coulent ».

Du grain plutôt que de l’ensilage

Vendredi dernier et lors de la pause méritée de 9 h, l’écran de l’ensileuse affiche 5,62 ha de récoltés. Les surfaces sont rapidement avalées par la machine qui hache en brin long de 14 mm pour éviter les pertes de jus au silo. La parcelle suivante, située sur une terre plus superficielle, permet de réduire le hachage à 12 mm. Aussi et plutôt que de faire rentrer des ensileuses et leur cortège de remorques dans les champs, des producteurs ont pris la décision de mettre en œuvre « un plan B dans les parcelles les plus humides, elles seront moissonnées ».

Pour Pierrick Mao et son équipe du jour, la journée continue et se terminera par le nettoyage et le graissage de certains éléments, tard dans la nuit. Ce qui inquiète l’entrepreneur après que les maïs seront au silo, ce sont les conditions à venir pour les semis de céréales, qui « seront aussi sportifs… », conclut-il.

Fanch Paranthoën

« On revient à des dates normales d’ensilage »

Sébastien L’Hermite – Conseiller agronomie à la Chambre d’agriculture de Bretagne

Dans les grandes lignes et sans parler des cas particuliers, la zone tardive de Rostrenen (22) a enregistré beaucoup de pluies mais la commune a échappé aux gros orages du mois de mai, si bien que les semis n’ont pas pris de retard comparé à d’autres secteurs. Malgré le manque de température, on revient à des dates d’ensilage conformes à une année normale. En grain et suivant les indices, ce sera plus compliqué, avec ce déficit de température qui a ralenti la maturité. Les dégâts seront toutefois limités même si le séchage risque d’être plus important, hormis pour les maïs grain stockés en humide qui échappent à cette équation. Reste à voir leur valeur alimentaire.


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