Ancien salarié agricole en lait et porc et pédicure bovin, rien ne prédestinait Mathieu Besnier à une installation en ovin. Mais c’est en vacances que son avenir professionnel s’est scellé, tombant sous le charme de la Charmoise, petite race rustique. « J’ai acheté 7 brebis, puis 20… », explique l’éleveur. Avant de poursuivre : « J’avais quelques ovins à la maison, mais je ne pensais pas en faire mon métier. » Pourtant, depuis le 1er janvier 2024, date de son installation, ce n’est pas moins de 300 brebis Charmoises qui arpentent les 39 ha qu’il exploite à Tremblay (35), auxquelles s’ajoutent 36 croisées Noire du Velay et Rouge de l’Ouest.
Adapter le système à la race
Contrairement à la Romane, la Charmoise n’est pas prolifique, avec une moyenne de 1,1 agneau/brebis. C’est une race à croissance lente, bien adaptée à la production d’agneaux d’herbe. « Comme je n’aime pas faire comme tout le monde, j’ai conservé ce premier choix de race qui allie à merveille rusticité et conformation bouchère. 90 % de mon parcellaire est donc en herbe, qui a été ou sera réensemensé en prairies multivariétales. Je réalise aussi 3 à 4 ha de méteil grain. » Possédant une bonne aptitude au désaisonnement naturel, 5 périodes de mise-bas permettront de lisser la production et le travail, dans un système accéléré de 5 mises-bas en 3 ans. Avec des brebis en état à l’agnelage et une bonne productivité des pâtures, les agneaux seront vendus vers 6 mois d’âge. « Ce n’est pas une race précoce mais les agneaux sortent classés en U à plus de 80 %. Il faut être vigilant à ne pas trop accélérer l’engraissement car les agneaux ont tendance à prendre le gras. C’est donc une race faite pour l’herbe, adaptée à mon système extensif. »
Les challenges à relever
Les premiers lots ce cette année seront valorisés en Bleu Blanc Cœur. Et l’exploitation est en conversion bio.
Les animaux ne rentrent en bâtiment que pour l’agnelage. « Le bâtiment est en cours d’aménagement. Pour le moment, avec des claies, palettes et ficelles, on teste différentes façons de faire. » Pour faciliter la manipulation des animaux, il a opté pour 5 cases d’une trentaine de brebis intercalées avec 2 couloirs de distribution, au lieu de faire un long couloir. Des cases d’agnelage fixes seront positionnées sur la longueur du bâtiment. Il reste à aménager aussi le parcellaire avec clôtures et points d’abreuvement ainsi que des chemins à créer pour déplacer facilement à une personne les lots de brebis et d’agneaux. Et veiller à maintenir le rythme soutenu de la reproduction. « La campagne 2024/2025 sera une année test ».
Carole David