L’annonce du groupe Lactalis de réduire sa collecte française est un mauvais signal pour les producteurs de lait qui peinent à se maintenir et à se renouveler.
Ce n’est pas la première fois que le plus grand groupe laitier du pays fait ce type d’annonce. En 2016, l’entreprise avait exprimé son intention de réduire sa collecte en France au profit de l’Europe de l’Est au motif que les coûts de production y étaient plus bas. Cette fois, ce n’est plus une question d’offre mais de demande qui motiverait la décision. L’entreprise dit vouloir moins s’exposer aux fluctuations des marchés internationaux alors même que la production mondiale est en légère baisse et que la consommation reste relativement stable. L’industriel, qui explique se projeter à 2030 pour justifier sa décision, anticiperait-il une contraction à venir du marché laitier mondial ? Une chose est certaine : l’économie est de plus en plus géopolitique. Comme l’illustrent les menaces chinoises sur les exportations de lait européen, en rétorsion à la taxation des importations de voitures chinoises par l’Europe.
La réindustrialisation de la France se fera en produisant ailleurs
La stratégie commerciale de l’industriel mayennais peut aussi être vue comme un signal faible parmi d’autres d’une déglobalisation en marche. Phénomène accompagné en Europe par des problèmes de compétitivité mis en exergue le 4 septembre dernier par le rapport de Draghi. Au cœur de ce sujet polycentrique figure en arrière-plan la difficile réindustrialisation européenne, non sans lien avec le vieillissement de la main-d’œuvre. Dans ce contexte tendu, faisant fi du discours protectionniste de réindustrialisation, des entreprises françaises commencent à se déployer à l’international, dans les pays dits jeunes où la main-d’œuvre est abondante. De plus en plus d’économistes observent que la réindustrialisation de la France se fera en produisant ailleurs. L’agriculture sera-t-elle épargnée par ce glissement ?