Dossier technique

Les taurillons Holstein, atelier complémentaire au lait

EARL du Clos Richard à Martigné-Ferchaud (35) - Éleveur dans l’âme, Thierry Braud a toujours géré un atelier de taurillons Holstein complémentaire à la production laitière. La nurserie et l’automotrice pour l’alimentation du cheptel sont mutualisées.

taurillons Holstein dans un bâtiment - Illustration Les taurillons Holstein, atelier complémentaire au lait
Une conduite cadrée a été mise en place sur l’atelier taurillons. | © Paysan Breton

Éleveur à Martigné-Ferchaud (35) depuis plus de 30 ans, Thierry Braud travaille avec sa femme, son fils et un salarié, les 3 étant à temps partiel. À côté de l’atelier laitier, ils produisent une soixantaine de taurillons par an. « Cet atelier avait été mis en place du fait des quotas laitiers », souligne l’éleveur. « Nous avons des terres hétérogènes qui se prêtent moyennement aux cultures. Par ailleurs, les taurillons amènent du fumier au système. »

« Un atelier qui participe au chiffre d’affaires »

Aujourd’hui, l’EARL produit 670 000 L de lait sur une surface de 105 ha, avec 70 vaches laitières Prim’Holstein. La SAU de 105 ha comprend environ 35 ha de maïs ensilage, 35 ha de blé et 35 ha d’herbe. « J’implante aussi 30 ha de dérobées de RGI – trèfle conservées en ensilage ou en bouchons déshydratés », évoque Thierry Braud.

Thierry Braud et Jean-Joseph Bercegeay dans un bâtiment
Thierry Braud (à gauche) et Jean-Joseph Bercegeay

Un robot de traite a été installé en 2012. La production de jeunes bovins (JB) est « complémentaire de la production laitière. » Moins chronophage, elle demande 1,5 heure de travail par jour en moyenne. Certains équipements sont mutualisés entre les deux ateliers comme l’automotrice et la nurserie de 40 places, construite en 2003, où séjournent les veaux mâles et femelles de 2 semaines au sevrage à 2,5 mois.

L’éleveur engraisse principalement les mâles Holstein ou croisés Holstein – Charolais nés sur l’élevage. « Tous les veaux restent sur l’exploitation, mâles et femelles. J’utilise de la semence sexée femelle sur les génisses et bonnes vaches laitières et parfois des doses sexées mâles en charolais sur les autres. » Sur un an, 31 femelles et 40 mâles sont nés sur l’élevage. « J’achète aussi des veaux mâles Holstein purs à un éleveur proche : une trentaine par an, âgés de 3 à 4 mois, sevrés. Et parfois, j’en fais venir d’autres élevages. »

Les effectifs adaptés à la récolte de maïs

Thierry Braud avec ses taurillons dans un bâtiment
Les JB sont abattus à l’âge de 20,5 mois, affichant un poids de carcasse de 380 – 400 kg.

Toutefois, « le lait reste prioritaire » sur l’exploitation. Les effectifs de taurillons sont adaptés aux stocks de maïs chaque année, variant entre 65 et 50 par an. « Ils sont abattus à l’âge de 20 mois et demi, affichant un poids de carcasse de 380 – 400 kg. » Il faut compter 3,3 à 3,5 t MS de maïs ensilage par JB Holstein. « Ils consomment par contre moins de concentrés que les races à viande. Nous gardons 45 tonnes de blé pour les taurillons. »

Les JB Holstein sont commercialisés à Ter’élevage pour une contractualisation sur 3 ans avec McDonald’s. « Il y a un engagement annuel sur des volumes et un prix minimum garanti indexé trimestriellement sur 3 indicateurs : prix du veau, coût de production et rémunération de la main-d’œuvre. Si le prix du marché est supérieur, c’est ce dernier qui s’applique. C’est une sécurisation pour les éleveurs », souligne Daniel Manceau, responsable technique production bovine Terrena. Depuis la mise en place de la contractualisation il y a 2 ans, les prix ont varié entre 4,50 et 4,90 €/kg.

Les éleveurs s’engagent sur des carcasses de 340 kg minimum, en race Holstein pure, notées A ou B en propreté. Ils doivent aussi réaliser des diagnostics Boviwell (bien-être animal) et Cap’2ER niveau 2 (carbone) incluant des plans de progrès.

Une conduite bien cadrée

Sur l’EARL du Clos Richard, une conduite cadrée a été mise en place pour l’atelier taurillons. Depuis le début, l’éleveur adhére au contrôle de performances (aujourd’hui Eilyps) pour avoir les données de croissance et recadrer l’alimentation si besoin. « Cela permet aussi la manipulation des animaux pour moins de stress ensuite. Et d’anticiper les sorties », ajoute l’éleveur. « L’ensemble des taurillons sont pesés 4 fois par an. Les génisses de renouvellement le sont aussi de temps en temps pour avoir des repères », explique Jean-Joseph Bercegeay, conseiller viande bovine Eilyps.

1,5 heure de travail par jour en moyenne

« Le démarrage est important, sur la période 0-6 mois. L’objectif est d’atteindre 210 – 220 kg de poids vif à 6 mois. » Les veaux commencent par passer 2 semaines en niche individuelle, nourris au seau tétine. Ils sont vaccinés à 9 jours (en intranasal) contre les maladies respiratoires. Puis ils vont dans la nurserie qui comprend 2 salles pour 4 cases de 10 veaux au total. Après la nurserie, les mâles et femelles sont séparés et placés dans des cases en litière accumulée situées en face des vaches laitières. « Ils sont réallotés jusqu’à l’âge de 7 – 8 mois puis passent dans un autre bâtiment dans des cases de 8 à 9 taurillons », précise Thierry Braud. Une case d’infirmerie existe dans ce bâtiment en pente arrière.

Côté alimentation, les veaux sont nourris au Dal dans la nurserie. Du lait entier arrive directement du robot de traite dans le Dal et est complété par du lait en poudre. « Ils mangent aussi un peu de mash 1er âge et de maïs ensilage. »

Sur la période 3 – 6 mois, les animaux sont nourris avec des concentrés (blé, bouchons d’herbe), jusqu’à 3 kg, et du correcteur jusqu’à 1 kg. De 6 mois à 1 an, ils passent au maïs à volonté avec un peu d’ensilage d’herbe plus 1 kg de correcteur qui augmente jusqu’à 1,2 kg. Après un an, la ration est constituée de maïs ensilage, de blé aplati issu de l’exploitation (de 0,5 à 1,5 kg) et de correcteur (1,2 kg). Sur l’élevage, le GMQ entre 2,5 et 20,5 mois atteint un niveau de 1 150 g.

Agnès Cussonneau

Un marché demandeur

« La production de JB laitiers en France s’est réduite de 50 % sur une dizaine d’années, du fait de la spécialisation des exploitations laitières. C’est une viande de substitution à celle des réformes laitières qui peut aussi être exportée », cadre Daniel Manceau. « Aujourd’hui et pour demain, c’est un marché plutôt demandeur du fait de la décapitalisation laitière. Terrena travaille depuis 15 ans avec McDonald’s en races Holstein et charolaise. La contractualisation mise en place depuis 2 ans dans le cadre d’Égalim permet de sécuriser les éleveurs. »


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