Main-d’œuvre : Les salariés recherchent avant tout une bonne ambiance

Pour les salariés agricoles, la qualité de l’accueil et l’ambiance de travail sont des éléments très recherchés.

Table ronde sur l'emploi au Space 2024 - Illustration Main-d’œuvre : Les salariés recherchent  avant tout  une bonne ambiance
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du Space 2024. | © Alexis Jamet - Paysan Breton

Les salariés représentent 39 % de la main-d’oeuvre agricole en Bretagne dont 52 % dans les élevages porcins et 17 % dans les élevages bovins lait. Depuis les 20 dernières années, la main-d’œuvre extérieure est en augmentation car elle n’est plus familiale comme c’était presque systématiquement le cas auparavant. De plus, le paradigme des jeunes salariés a changé. « Aujourd’hui, ils sont surtout à la recherche de bonnes conditions de travail, de bâtiments agréables et d’infrastructures adéquates comme des vestiaires, des sanitaires et des salles de pause », indique Caroline Depoudent, chargée d’études à la Chambre d’agriculture de Bretagne. « L’aspect humain est devenu primordial. Ils accordent une grande importance à la qualité de l’accueil et à l’organisation du travail et aiment avoir de la reconnaissance quand le travail est bien fait. D’après une de nos études, 79 % des jeunes salariés pensent qu’une bonne ambiance au travail est indispensable. »

Nos métiers peuvent attirer des gens de tous horizons

Un collègue, pas un commis

Camille Lefeuvre est installée avec son mari à Pacé sur une exploitation laitière. Après 2,5 ans, leur salariée quitte l’exploitation pour s’installer. Les deux agriculteurs sont donc à la recherche d’une nouvelle personne. L’annonce a été passée sur le site de l’Anefa. « Il est important de prendre le temps d’échanger avec la personne pour bien la connaître », affirme l’éleveuse. « Cela permet d’identifier ses points forts et ses points faibles pour éviter de lui faire faire trop souvent des tâches qu’elle n’aime pas. » Les deux associés sont également sensibles au confort de travail et à l’ergonomie. Un exosquelette a par exemple été acheté pour leur salariée qui a très rapidement souffert de problèmes de dos et d’épaules à son arrivée. « Je voue une très grande importance à l’accueil de mon personnel », ajoute Camille Lefeuvre. « Pour leur premier jour, je coupe mon téléphone pour leur consacrer 100 % de mon temps. » Enfin, pour les deux éleveurs, le salarié doit être acteur de la ferme. « Nous recherchons un collègue, pas un commis. Avant chaque investissement important, nous demandions son avis à notre employée. » Afin de rendre le poste encore plus attractif, le Gaec a aussi mis en place un plan d’épargne et des accords d’intéressement sur objectifs techniques.

Ne pas se fermer de portes

Ancien militaire, Jérôme Frohlich est désormais responsable d’une maternité collective depuis 2018. Il dirige une équipe de 6 personnes avec des statuts différents. « Il y a des salariés handicapés, des salariés aux 35 heures, des salariés non issus du milieu agricole… Il ne faut pas se fermer de portes. » L’objectif de Jérôme Frohlich est d’avoir des employés qui restent plusieurs années et qui forment alors une équipe stable, performante et technique. « Pour recruter plus facilement, il faut absolument ouvrir les portes de nos exploitations. Nos métiers peuvent attirer des gens de tous horizons qui peuvent tous faire de belles carrières. La seule qualité indispensable est d’aimer les animaux. De plus, l’évolution de la technologie dans notre travail peut attirer les plus jeunes. C’est fini, l’époque des chariots tirés à la main et des sabots aux pieds. »

Limiter et anticiper les départs

Pour limiter le turn-over des salariés dans les exploitations, le volet humain semble être une bonne solution de l’avis des intervenants de la table ronde. Une bonne entente entre collègues, des relations apaisées et un climat de confiance au sein de l’équipe semblent être la fondation d’une équipe soudée. « Pour anticiper des départs, il ne faut pas hésiter à faire passer des alternants et des stagiaires sur nos exploitations dès que possible », affirme Camille Lefeuvre. « Enfin, dans la mesure du possible, il faut continuer à former nos salariés et à les faire évoluer. »

Alexis Jamet

30 % de la semaine dans une ferme

Opinion – Pauline Lambert – Ingénieure à l’Idèle et salariée dans une ferme laitière

Le contact avec les éleveurs me manquait. Après un an à temps plein à l’Institut de l’élevage, j’ai cherché une ferme pour y passer 30 % de ma semaine. Je suis d’abord passée par l’Anefa mais cela s’est révélé infructueux. J’ai donc appelé moi-même les exploitations proches de chez moi.

J’ai trouvé un élevage laitier au Rheu (35) après quelques recherches. L’agriculteur cherchait quelqu’un à temps partiel pour remplacer son père qui partait en retraite. J’y passe 3 matinées par semaine. L’objectif de départ était de faire la traite mais mes missions se sont vite diversifiées. Je fais aussi des écornages, des allotements, des tarissements… J’apprends énormément de choses. L’exploitation compte 150 vaches laitières et nous sommes 4 salariés à temps partiel. L’organisation se fait par binôme ou par trinôme et cela fonctionne parfaitement bien.


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