Dossier technique

Produire de la viande rouge avec les veaux laitiers

Cirbeef à Mauron (56) - Depuis 2019, des essais sur la valorisation des veaux laitiers sont menés au Cirbeef, montrant qu’il est possible de produire une viande de qualité avec des veaux laitiers croisés ou normands, en intégrant beaucoup de pâturage.

Les veaux sur une des parcelles de pâturage de la station expérimentale - Illustration Produire de la viande rouge avec les veaux laitiers
Les essais sur la valorisation des veaux laitiers se poursuivent au Cirbeef. | © Paysan Breton

Alors que les exportations de veaux (moins de 160 kg) ont été multipliées par 2,5 en 10 ans, principalement en direction de l’Espagne, la question de l’avenir de cette filière et de leur valorisation en France se pose. En parallèle, l’import représentait 22 % de la viande bovine consommée au total en France en 2022 et même 55 % de la viande absorbée par la RHD (restauration hors domicile). Par ailleurs, « la part de veaux laitiers croisés viande progresse, représentant 26 % des naissances en 2023 », chiffre Marc-Antoine Brasseur, ingénieur de recherche au Cirbeef, centre d’innovation et de recherche des Bouviers à Mauron (56).

De là est née l’idée de produire des carcasses légères et bien finies à partir de veaux issus du cheptel laitier français s’inscrivant en priorité sur les circuits RHD. « Depuis 2020, trois conduites sont testées à Mauron sur différents types génétiques : naissances d’automne avec pâturage et finition à l’auge ; naissances en hiver avec du pâturage, un hivernage et une finition au pâturage ; naissances de printemps avec élevage en bâtiment. »

Des carcasses autour de 300 kg à 17 – 18 mois

Des expérimentations sont réalisées en lien avec le projet Valoveau, en partenariat avec l’Idele et les Chambres d’agriculture de Bretagne, Normandie et des Ardennes. L’objectif est de produire des carcasses autour de 300 kg à 17 – 18 mois, avec suffisamment de persillé et une régularité d’approvisionnement. « Un autre enjeu est d’intégrer un maximum d’herbe (pâturée et conservée), pour le bien-être animal et une moindre concurrence avec des aliments pouvant être orientés vers l’humain. »

De la croissance à l’herbe

L'ingénieur avec des bovins croisés dans un des bâtiments de la station
Marc-Antoine Brasseur, ingénieur de recherche au Cirbeef, avec des croisés.

Ce projet a plus particulièrement concerné l’étude de 7 types génétiques différents : croisement Holstein avec Limousin, Charolais, Inra 95, Blanc Bleu, Angus ; Normand pur et Normand croisé Limousin.

« Globalement, les veaux nés à l’automne ont consommé 53 % d’herbe (avec 165 jours de pâturage), 27 % de maïs et 20 % de concentrés. La finition s’est faite à l’auge. En moyenne, ils ont affiché des carcasses de 309 kg à 17,1 mois (GMQ arrivée – abattage de 1 100 g/j). »

Les veaux nés en hiver ont été alimentés avec 62 % d’herbe (227 J de pâturage), 19 % de maïs et 19 % de concentrés. Ils ont été finis au pâturage. Les carcasses pesaient 299 kg à 18,1 mois (975 g/j de GMQ). En comparaison, des essais en conduite tout auge ont permis un âge d’abattage de 15,4 mois et un poids carcasse de 308 kg (GMQ de 1 150 g/j). « Globalement, nous arrivons à produire des femelles et bœufs jeunes à l’herbe avec tous les types génétiques. Mais les marges dépendent des prix d’achat des veaux et de vente des carcasses. Par exemple, s’ils sont respectivement à 220 € et 5,20 €/kg, la marge se situe à 820 €/animal, pour des veaux nés en hiver. Elle baisse à 580 € si le prix est de 4,4 € kg de carcasse. »

Désormais, les essais, toujours en conduite avec de l’herbe, se recentrent sur quatre types génétiques : Holstein pur (16 animaux), Holstein x Limousin (16), Montbéliard x Charolais (16) et Holstein x RedyBlack (8 animaux). Cette nouvelle race RedyBlack issue de la Stabiliser, l’Angus et la Simmental est plutôt en observation qu’en essai. Le croisement Montbéliard x Charolais (95 000 naissances) est le 2e croisement fait après le Holstein x Blanc Bleu (198 000) et devant le Holstein x Limousin (83 000).

« Nous testons également la production de bœufs Holstein sachant que cette race compte plus de 2 millions de vaches en France. Et nous élevons en bâtiment des JB Holstein purs pour mettre à jour les références datant de 2011 sur ce type de production. »

Agnès Cussonneau

Un démarrage simplifié et performant

Visant à réduire l’astreinte, un plan de démarrage simplifié est testé depuis 2019 à la station de Mauron avec succès (636 veaux femelles et mâles, 10 lots au total élevés ainsi). « Les veaux arrivant à 3 semaines (59 kg en moyenne) reçoivent un réhydratant, une injection de fer et sont vaccinés contre les maladies respiratoires », détaille Marc-Antoine Brasseur. « Pendant leur 1re semaine, ils ont 2 buvées de 2 L d’aliment lacté/jour. Puis ils passent à une buvée de 3 L/j, celle du soir s’arrêtant. » En même temps que le lait, ils ont un mélange fermier de 70 % de blé et de 30 % de tourteau de colza (jusqu’à 2 kg/j) et de l’ensilage de maïs. Ce dernier est à volonté à partir du 49e jour de présence. La castration est réalisée 28 jours après l’arrivée (élastique) et le sevrage, à 8 semaines de présence. Ensuite, les veaux reçoivent des fourrages et 2,4 kg de mélange fermier. En fin de nurserie, les veaux âgés de 5 mois pèsent 165 kg en moyenne.


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