Quelle compagne pour le colza ?

Claire Poyac et Sébastien L’Hermite ont animé des rendez-vous sur des parcelles de colza associé au Gaec du Tilleul à Gomené et au Gaec Boulet à Langast. Les conseillers en agronomie de la Chambre d’agriculture reviennent sur ces essais.

Une culture en association de colza - sarrasin - trèfle d'Alexandrie. - Illustration Quelle compagne pour le colza ?
Photographiée le 10 octobre, l’association colza - sarrasin - trèfle d’Alexandrie semée le 28 août s’est bien développée. | © Toma Dagorn - Paysan Breton

Pourquoi travailler sur la culture du colza en association ?

Claire Poyac – Des résidus de métazachlore sont de plus en plus retrouvés dans l’eau tout au long de l’année. Il est important de se saisir du sujet en cherchant des alternatives pour réduire l’usage de cette molécule herbicide. Ainsi semer du colza en association est une piste concrète pour limiter le recours au désherbage chimique.

Sébastien L’Hermite – Le rôle des plantes compagnes est de couvrir rapidement le sol, aux côtés des plants de colza, pour concurrencer et étouffer les adventices. Cela peut permettre de faire l’impasse sur un désherbage, notamment en prélevée puisqu’un rattrapage reste possible ensuite. Un traitement économisé, c’est aussi du temps de travail en moins. Sans oublier qu’une bonne couverture par l’association d’espèces limite l’érosion notamment en cas de fortes précipitations et favorise une bonne structure du sol.

Un homme et une femme devant un champ de colza à l'automne.
Sébastien L’Hermite et Claire Poyac, conseillers à la Chambre d’Agriculture de Bretagne.

Quelles plantes pour accompagner un colza ?

CP – Dans nos essais, nous testons le sarrasin (15 kg de semence / ha), le trèfle d’Alexandrie (8 kg / ha), le trèfle blanc (3 kg / ha), des mélanges sarrasin – trèfle d’Alexandrie (10 kg et 4 kg par hectare) ou trèfle blanc – trèfle d’Alexandrie ( 20 % – 80 % à 12 kg / ha). Des agriculteurs introduisent également le fenugrec.

Ces espèces ont deux particularités. Elles ne sont pas concurrentielles du colza concernant l’azote et elles sont gélives. Le sarrasin par exemple est en fleur en début d’automne, aux premiers gels, il aura fait son travail et va disparaître. Le trèfle d’Alexandrie sera détruit à -2 ou -3 °C.

SL – Effectivement, le trèfle blanc a une vitesse d’implantation réduite. Il présente ainsi une moindre couverture du sol. Mais, non gélif, il va offrir plus tard une ressource fourragère. Suite à la récolte du colza en août, l’accès à la lumière va permettre son développement. Deux ou trois semaines après moisson, des agriculteurs ramassent 2,5 à 3 t de MS / ha de trèfle pur. Ensuite, deux choix sont possibles : le réguler chimiquement ou mécaniquement avec un déchaumeur à disque pour niveler le sol avant semis d’un blé ou le conserver (des essais dans le Finistère montreraient qu’il limite alors « l’effet splash » en faveur de moins de maladies sur la céréale).

Le colza associé pourrait-il se démocratiser ?

CP – Une enquête de la Chambre d’agriculture auprès de 30 agriculteurs (bassins versants Oust – Lié – Sulon – Daoulas – Poulancre) montre que le principal frein à l’implantation de colza associé est le manque de connaissances. Certains craignent en particulier l’impact sur le rendement, le salissement de la parcelle ou la persistance de plantes compagnes.

SL – L’association du colza est un levier mais elle ne fera pas de miracle. Il est clair qu’elle doit être tentée sur une parcelle propre. Et surtout, le prérequis est d’obtenir un colza robuste (voir article ci-dessous). Sur une parcelle sale, l’approche serait trop risquée et trop coûteuse à l’arrivée. Car l’objectif est aussi d’amortir le surcoût de la semence des plantes compagnes – 40 € par hectare en moyenne (de 27 € pour un TB seul à 70 € pour un mélange TA + TB) – grâce à la baisse de la charge de désherbage en réussissant à faire l’impasse ou au moins en traitant à demi-dose.

Début octobre, que voit-on dans les essais en place ?

SL – Cette année, on est en fourchette basse en termes de développement de la biomasse car la météo de septembre a été hétérogène et globalement pas très chaude. Il ne faut pas s’arrêter à une seule année, celle-ci n’étant pas trop propice au colza associé. Le trèfle et le sarrasin ont souffert quand le thermomètre est descendu à 4 ou 5 °C ces dernières semaines.

CP – En partenariat avec des agriculteurs volontaires, aujourd’hui, 20 parcelles en Bretagne constituent la plateforme d’essais. Nous y relevons les pratiques, observons et effectuons des comptages (pieds/m2), des mesures de pivots, des pesées de biomasse… Nous voulons développer un large réseau de parcelles pour avancer plus vite dans la connaissance de la technique et son intérêt. Rejoignez-nous.

Propos recueillis par Toma Dagorn


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