Sur l’île d’Arz, l’élevage laitier a su faire un retour gagnant 

Créé en 2011, grâce à la mobilisation d’élus locaux, le Gaec de l’île d’Arz compte quatre associés et transforme 60 000 L de lait. L’intégralité des laitages étant vendue sur l’île (ou en circuit court), chacun des acteurs s’accorde à reconnaître une réussite inespérée du projet au regard des contraintes de départ. Une des associés et l’ex-maire de la commune témoignent.

Une vache pie noir dans une prairie - Illustration Sur l’île d’Arz, l’élevage laitier  a su faire un retour gagnant 
Sur l’île d’Arz, 70 hectares sont désormais pâturés par un troupeau de 50 Bretonnes Pie Noir. Les parcelles ont été mobilisées par la commune ou mises à disposition par des propriétaires en échange d’un entretien gratuit de leurs terres. De quoi ouvrir de beaux paysages...

« Je m’appelle Violaine Hautchamp, mes parents étaient éleveurs laitiers près de Rennes. Salariée vachère dans une exploitation, je cherchais un endroit avec Sébastien, mon mari, pour nous installer. Un jour, dans le tracteur, j’entends à la radio que sur une île, que je ne connais pas, on cherche des agriculteurs… J’en parle à Sébastien. Lui, natif de Vannes, saute de joie : « Ça, c’est pour nous ! ». On candidate, huit mois plus tard, on est sur l’île… ».

Equation de départ

Résumé ainsi, cela peut paraître simple, voire idyllique… La réalité est évidemment bien plus complexe. C’est parce que ce projet repose sur une transformation intégrale du lait qu’il est retenu (lire encadré). L’idée du couple consiste à conduire un troupeau de Bretonnes Pie Noir en autonomie alimentaire, sans bâtiment d’élevage, avec vêlage groupé de printemps pour que le pic de lactation précède l’été. De quoi leur assurer une bonne production fromagère vendue durant la saison touristique.

On savait qu’aucune laiterie ne viendrait nous collecter ici

« Dès le départ, on connaissait les contraintes. La municipalité avait réussi à mobiliser 30 hectares pour démarrer l’exploitation. Il y avait déjà quelques vaches parquées sur l’île, près de l’étang. On les a reprises et on en a fait venir d’autres. On savait qu’aucune laiterie ne viendrait nous collecter ici. Il fallait donc transformer et tout vendre sur place. Pour stocker le matériel, la mairie nous a mis à disposition un local (aujourd’hui détruit) et on a monté notre premier labo dans un Algéco. Côté savoir-faire, j’avais déjà suivi un Contrat de Spécialisation en transformation laitière ».

Nouveaux associés

Autre contrainte pour le couple et pas des moindres : traire en plein champ. Sébastien et Violaine s’équipent d’une salle mobile de quatre places aménagée dans une remorque qui leur permet de suivre le troupeau de pâture en pâture… « Heureusement qu’on pratique un tarissement hivernal parce que traire sous la pluie et dans la boue, c’est fatigant et compliqué. Aujourd’hui, on peut se relayer… ».

Et pour cause : en 2017, trente nouveaux hectares se libèrent au sud de l’île. « Henri, qui élevait quelques Limousines a cessé son activité. Seulement nous, on était déjà à bloc au niveau boulot. Voilà comment on a rencontré Thomas et Clément qui cherchaient à s’installer. Ils ont débuté en stage de parrainage et intégré le Gaec en 2019. On a pu agrandir la surface, le troupeau, produire plus de lait, se répartir les tâches. On a également planté des fruits rouges : fraises, cassis, myrtilles. Cette arrivée nous a permis de diversifier notre gamme, de fabriquer des glaces, des confitures…

Durant nos trois premières années, avec Sébastien, on a vécu grâce à la DJA et à l’Acre*, mais sans rien se verser. Aujourd’hui, on dégage un revenu moyen de 1 500 € pour chacun des associés. On peut dire que l’objectif de vivre de notre activité est désormais atteint. Une réussite que l’on doit pour beaucoup à la municipalité et aux îliens qui nous ont très bien reçus ».

Pierre-Yves Jouyaux

*Aide à la création d’entreprise

Repères : Gaec de l’île d’Arz : 4 associés ; Élevage laitier bio ; Création 2011 ; Investissement de départ 60 000 € ; SAU 70 ha ; 10 ha loués à la commune ; 60 ha mis à disposition par des propriétaires ; Troupeau : 50 Bretonnes Pie Noir ; 25 naissances à l’année ; Alimentation : herbe et foin ; Intrant : 8 t de mélange céréalier ; Production : 60 000 L ; Transformation intégrale : fromage, beurre, yaourt, Gwell… ; Autres productions : fruits rouges ; Revenus : 1 500 € nets mensuel par associé.

La clef des propriétaires fonciers

L’ancien maire de la commune, Daniel Lorcy, à l’origine du retour de l’élevage laitier sur l’île, se dit très satisfait de la réussite de l’opération. Il raconte : « Il y avait des mûriers partout, on ne savait plus comment s’en sortir. Faire venir des agriculteurs était une des solutions pour défricher. On a contacté la Chambre d’agriculture du Morbihan qui a relayé notre appel d’offre. Elle nous a aussi aidé à cadrer le projet, estimant viable celui qui prévoyait de transformer le lait et de tout vendre sur place.On a regroupé les terrains communaux disponibles et contacté tous les propriétaires pour réunir au total trente hectares. Ces propriétaires savaient que ces terres ne seraient jamais constructibles… Ils ont donc préféré les mettre à disposition des agriculteurs. Depuis, d’autres les ont imités.Ensuite, en concertation avec Violaine et Sébastien, on a fait construire un bâtiment agricole (sans stabulation) loué au Gaec.Par ailleurs, on leur a vendu un terrain à prix préférentiel pour qu’ils puissent construire et s’installer définitivement sur Arz ».


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