Sylvie Roudaut : Une éleveuse engagée au service des autres

Il n’y a pas de hasard, que des rendez-vous… Encore faut-il être à l’heure et savoir les identifier.  Éleveuse porcine à Miniac-sous-Bécherel, Sylvie Roudaut est aussi une femme très impliquée dans le monde agricole. Elle raconte les origines de cet engagement, sa raison d’être, ses limites et les leçons qu’elle en tire.

Sylvie Roudaut, une agricultrice devant un étang - Illustration Sylvie Roudaut : Une éleveuse engagée au service des autres
« Mon rôle d’élue : c’est de défendre notre beau métier pour le rendre plus attractif, de représenter les intérêts 
des agriculteurs auprès des instances et de faire le lien entre les différentes formes d’agriculture ».

« C’est complexe aujourd’hui d’être agriculteur, il faut avoir tellement de compétences qu’on n’a pas le choix : pour exercer ce métier, mieux vaut s’ouvrir sur l’extérieur et s’investir là où on le peut. S’engager ! ».

Aussi souriante que décontractée, Sylvie Roudaut rembobine le film de sa vie en prenant soin de s’attarder sur les scènes et personnages ayant façonné l’actrice du monde rural qu’elle est devenue : « Je me suis installée avec mon mari sur la ferme de mes parents. Ma mère dirigeait l’exploitation, mon père en était salarié, il était aussi maire de la commune… Au fil du temps, on a eu deux coups durs. D’abord un incendie en 1995. Puis, en 2009, l’explosion de notre station de traitement. Un jeune couple travaillait à la ferme. Lui, gravement brûlé, a été mis en arrêt longue durée. Je me suis retrouvée à la fois employeuse et soutien moral de sa femme… Des évènements qui nous ont fragilisés et endurcis à la fois. C’est pour ça, en partie, que je me suis engagée au service des autres. Une de nos façonnières, administratrice à la MSA, m’a encouragée à être déléguée, ensuite je suis devenue administratrice ».

Défendre notre beau métier
pour le rendre plus attractif

Surprise et fière

En 2018, Sylvie est contactée pour figurer sur une nouvelle liste. La voici éligible à la Chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine : « Je ne m’y attendais pas, surprise et fière à la fois qu’on ait pensé à moi. Au départ, ça n’a pas été évident, il a fallu que je trouve ma place. Heureusement, j’ai bénéficié d’une formation pour développer mes compétences et ma capacité à faire face aux situations. Formation qui m’a aussi permis de découvrir le mécanisme des institutions européennes. J’aime défendre notre beau métier et le rendre plus attractif ».

Dans la foulée, Sylvie devient coprésidente du réseau Égalité-Parité 35. Elles sont une quinzaine de femmes à travailler en partenariat avec la MSA pour traiter de sujets touchant avant tout à l’humain. Ainsi, chaque année, le groupe organise une journée de rencontres (lire encadré) : « On y aborde diverses notions comme ‘‘savoir prendre du recul et soin de sa personne’’ ou bien ‘‘ comment faire face à l’imprévu ?’’. Je me souviens d’une agricultrice, victime d’un accident, qui était venue témoigner. Des moments forts qui font du bien. Ils nous aident à accepter qu’il n’est ni tabou – ni honteux de parler de soi ; qu’on a le droit d’être pris en charge quand on est dans la difficulté… ».

Dux femmes dans une maternité porcine soignent un porcelet
Le management est le thème retenu pour la prochaine rencontre organisée par le réseau égalité-parité 35 : « il faut se donner les moyens de garder ses salariés en leur offrant de bonnes conditions de travail ».

D’abord agricultrice

Autant de réflexions sur le métier et ses fragilités que Sylvie prend soin de s’appliquer à elle-même : « Parce qu’au-delà de l’engagement, il faut toujours veiller au bon équilibre des choses… C’est d’abord l’exploitation qui nous fait vivre. Je ne mettrai pas ma famille en danger pour assurer ma fonction d’élue. Si je dois m’absenter alors qu’on a besoin de moi à la ferme, je me lève plus tôt ou me fais remplacer sur mon mandat.

Je continue à trouver utile de m’investir pour le monde agricole et c’est d’ailleurs ça qui nourrit mon engagement. Le jour où je n’aurai plus de plaisir à le faire, j’arrêterai ».

Pierre-Yves Jouyaux

Rencontre sur le management

Depuis 2019, Sylvie Roudaut copréside avec Cécile Planchais le réseau Égalité-Parité 35 (ex Agriculture au féminin) dont la raison d’être est de promouvoir la place des femmes en agriculture, notamment en les encourageant à acquérir des compétences et à prendre des responsabilités.« Chaque année, nous organisons une rencontre sur une journée. La prochaine aura pour thème le ‘‘management des salariés’’. Un levier pour améliorer les relations humaines dans nos exploitations, mais aussi les rendre plus attractives quand il nous faut recruter ».Thématique sur laquelle Sylvie pourra elle-même témoigner : « Nos quatre salariés sont tous venus à nous, on n’est pas allé les chercher. Il faut savoir se donner les moyens d’offrir de bonnes conditions de travail. Je citerais le cas d’Alizée (voir photo), la fille d’éleveurs laitiers de ma commune. Après un bac pro, on l’a prise en apprentissage en Contrat Spécialisation Porc, puis on l’a formée jusqu’à ce qu’elle soit autonome sur son poste. Cela fait maintenant trois ans qu’elle est sur la ferme et elle reste ! ».

Repères

Sylvie et Jean-Marc Roudaut ; Naisseurs-engraisseurs ; 450 truies ;50 % des porcs engraissés ; 100 ha de cultures ; 4 salariés – 5 façonniers ; 2015 : élue administratrice MSA 35 ; 2019 : élue à la chambre d’agriculture 35, siège au conseil de région.


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