C’est la ligne rouge tracée par les syndicats agricoles. Si le 15 novembre les agriculteurs n’ont pas de réponse à leurs revendications, ils ressortiront les tracteurs. Mais dans les faits, les engins sont déjà sortis dans le Sud de la France, sous l’impulsion de la Coordination Rurale. Ce qui n’est pas du goût de la FNSEA. Car, à 3 mois des élections Chambre d’agriculture, pas question de se laisser voler la vedette comme en janvier dernier. D’où les enchères syndicales actuelles. En arbitre, le ministère de l’Agriculture, qui veut écarter tout risque de contagion d’un tel mouvement de protestation au reste de la société, s’agite pour apaiser la colère.
Cet ultimatum du 15 novembre met en fait en lumière l’incapacité du pays à régler un problème qui est multiple avec une solution unique. Car l’agriculture française est faite de réalités sociales et économiques disparates. D’un côté des chefs d’entreprise qui aspirent à un modèle agricole très économique rivalisant dans un environnement compétitif et d’exportation ; de l’autre des paysans attachés à un modèle d’agriculture familiale à forte valeur écologique et sociale.
Et à ce niveau, le plan gouvernemental doté de 1,3 milliard d’euros présenté en début d’année pour éteindre le courroux ne change rien et ne changera rien. Ce dispositif imaginé pour régler un problème à court terme n’apporte pas de solution sur le long terme. Sachant aussi que l’agriculture française ne peut pas se projeter un destin national quand elle fait partie intégrante de l’Union européenne. Les colères paysannes ne seront apaisées que si, collectivement – profession, pouvoirs publics et consommateurs – seront capables d’écrire ensemble les futurs de l’agriculture. Les temps de campagne électorale pour la Chambre d’agriculture ne sont pas propices à ce genre de réflexion prospective.