Dossier technique

43 kg par jour grâce à des rations soignées

Gaec Lait’s go, à Retiers (35) - Des rations ‘aux petits oignons’ permettent un niveau de production très élevé sur l’élevage de Fabrice et Mathieu Jolys. Au tarissement, la Baca est surveillée minutieusement, avec contrôle des pH urinaires.

Fabrice Jolys et Antoine Yven dans la stabulation des vaches - Illustration 43 kg par jour grâce à des rations soignées
« Chaque ingrédient de la ration des vaches laitières est optimisé », soulignent Fabrice Jolys (à droite) et Antoine Yven. | © Paysan Breton

Sur le Gaec Lait’s go à Retiers, la production moyenne de lait par vache atteint 42 – 43 kg/jour en moyenne, avec un TP de 33 et un TB de 41. « Elle est même montée à 46,9 kg sur une semaine. La production a surtout progressé depuis 3 ans », situe Fabrice Jolys qui s’est installé sur l’exploitation familiale en 2012. « À l’époque, la moyenne était de 25 kg. » Son frère Mathieu l’a rejoint en 2016.

Un objectif de 40 kg à 15 – 20 jours de lactation

Aujourd’hui à 2 associés, avec un salarié à temps plein, ils produisent 1 452 000 L de lait à l’année. Les 90 à 105 vaches Prim’Holstein sont traites sur 2 robots DeLaval datant de 2007. « L’optimum est à 2 250 kg/stalle/jour, pour que ce soit fluide. » L’envie d’intensifier la production par vache est notamment venue du groupe lait Ceta 35 auquel Fabrice Jolys participe (8 réunions par an).

Un travail enrichissant en groupe

« Certains éleveurs parvenaient déjà à 32 – 33 kg en moyenne. Collectivement, nous avons travaillé cette thématique en commençant par la maîtrise de la Baca de la ration des vaches taries. C’est la base pour un bon démarrage en lactation », évoque l’éleveur. « Ce travail s’est fait sur le long terme, en groupe d’abord, puis l’intervention de Matthieu Rolland, nutritionniste Vision Lait, a permis une grande progression. Les visites que l’on a réalisées ont continué d’apporter des précisions ou de bonnes méthodes », détaille Antoine Yven, animateur du groupe lait Ceta sur le secteur de Martigné-Ferchaud regroupant 14 éleveurs.

ration taries en gros plan
La Baca de la ration des vaches taries est surveillée minutieusement.

Sur l’élevage Jolys, la ration au tarissement a été revue. « Nous n’avons plus de fièvre de lait et très peu de non-délivrances. Les vêlages se passent bien, la surveillance se fait juste par caméra », souligne l’éleveur. Chaque vache tarie reçoit 5,5 kg de paille de blé broyée (brins courts de 4 cm), 6,5 kg MS de maïs ensilage, 3 kg de tourteau de colza, 260 g de minéral spécial taries. « Je leur apporte aussi 60 g de chlorure de magnésium, 60 g de chlorure de calcium et 10 g de fleur de soufre. » Les quantités de ces 3 ingrédients « peuvent varier selon les années, en fonction des valeurs Baca de la paille et du maïs qui sont analysés. »

Analyses d’urine au pH-mètre

« Les vaches sont taries pendant 55 – 60 jours. Je réalise régulièrement des analyses d’urine avec un pH-mètre, au minimum à chaque changement de silo (il y en a 4 sur l’exploitation). L’idéal est de le faire tous les mois. Le pH-mètre est calibré avant chaque utilisation. Je vérifie aussi son fonctionnement avec des bandelettes. Le pH doit être de 5,8 – 6,2. »

« Le tarissement est une étape-clé, comparable à la préparation d’un grand sportif au 100 m », illustre Antoine Yven. « Nous travaillons également en groupe sur l’équilibre des rations des vaches laitières. »

La ration automnale actuelle sur le Gaec Lait’s go est constituée de : 14,2 kg MS de maïs ensilage, 3,3 kg MS d’enrubannage de RGI, 5,8 kg de tourteau de colza, 1,5 kg de maïs grain broyé le plus fin possible, 600 g d’un minéral ‘à la carte’ (comprenant du bicarbonate, de la méthionine et des levures), 40 g d’urée (à 80 %) et 290 g de matière grasse (C 16). Ce dernier ingrédient, utilisé depuis 2 ans, « ramène de l’énergie à la ration », explique Fabrice Jolys.

De l’eau dans la ration

Autre technique importante, de l’eau est ajoutée pour une meilleure ingestion et digestion de la ration. « Actuellement, j’en mets 4 L/vache/jour pour un maïs sec, à 39 % MS », précise l’éleveur. « Deux télécommandes dans l’automotrice permettent d’amener automatiquement dans la ration le minéral stocké dans un silo et l’eau pompée. » Au robot, en fonction du niveau de production, est ajouté un correcteur azoté semi-protégé (2,3 kg/VL en moyenne) et un aliment ‘énergie’ (2 kg/VL).

La distribution de la ration se fait avec une automotrice acquise en 2023 qui transforme sans souci les balles d’enrubannage. « Elle a permis de réduire le temps d’astreinte pour l’alimentation à 450 h par an, contre 700 h avec le bol mélangeur précédemment. »

Une génétique au top

Le Gaec adhère à Prim’Holstein France depuis 2008 « suite au passage en robots de traite, pour améliorer les qualités de mamelle notamment. À cette époque, mon père a aussi décidé d’inséminer lui-même. Le technicien nous aide pour les choix de taureaux, réalise les pointages. Actuellement, nous continuons à sélectionner sur la production, la mamelle, les pattes et la largeur de poitrine. » L’Isu moyen des vaches atteint 147 et celui des génisses 166.

vue d'ensemble d'une nurserie de veaux
La nurserie facilite le curage grâce au plafond des niches qui se soulève et les parois et barrières qui se déplient pour bloquer les veaux.

Stade moyen de lactation de 163 jours

Pour la gestion de la reproduction, les éleveurs utilisent le détecteur de chaleur SenseHub qui les a aidés à passer d’un intervalle vêlage-vêlage de 420 à 380 j. « Aujourd’hui, toutes les vaches et génisses sont équipées de colliers qui informent aussi sur la santé et la rumination. » Le stade moyen de lactation est un autre critère regardé de près par les membres du groupe Ceta. En ce moment à 163 j sur le Gaec Lait’s go, Fabrice Jolys souhaiterait le réduire encore. Au global, la conduite performante de l’élevage offre une marge sur coût alimentaire de 12,30 €/VL/j.

Agnès Cussonneau

Une attention particulière portée au maïs

Cultivé généralement sur 64 ha, le maïs constitue la base de l’alimentation des vaches. Une fois que 3 silos sont remplis, le maïs peut être récolté en grain. « C’est une sécurité dans notre zone séchante où les rendements peuvent varier entre 16 et 9 t MS/ha », souligne Fabrice Jolys. « Nous prévoyons par ailleurs 3 mois de report de stocks de maïs, au minimum, pour être sûr qu’il soit suffisamment fermenté, pour l’optimisation de la ration. Actuellement, nous avons 8 mois de stock. » Davantage responsable de la partie élevage et son frère des cultures, Fabrice Jolys apporte cependant une attention particulière au stade de récolte du maïs, « essentiel pour la production de lait. » L’éleveur repère les dates de floraison et envisage un ensilage 60 jours après. « Quand la récolte s’approche, je prends 1 h toutes les semaines pour aller voir les parcelles de maïs et observer le stade des grains afin d’optimiser la date de récolte et avoir un maïs à 32 – 35 % MS. Je veille aussi à un bon éclatement du grain. » En réunion Ceta chaque année, « les éleveurs amènent un épi de maïs pour évaluer le stade en groupe », précise Antoine Yven.

Un méteil précoce

Sur la SAU de 165 ha, les agriculteurs cultivent aussi 64 ha de blé, 12 ha de colza, 6 ha de luzerne et 19 ha de prairies de fauche. Les céréales sont vendues. Entre blé et maïs, des dérobées peuvent être implantées : RGI, méteil. Tous les fourrages sont récoltés en enrubannage. Cette année, 12 ha de méteil ont été semés : un mélange testé par le Ceta 35, utilisant des espèces et variétés précoces pour implanter le maïs en sécurité derrière (seigle forestier, vesce velue et trèfles incarnat, squarrosum et de Micheli). « Nous ne mettons plus de féverole, pois ou avoine : des espèces qui arrivent à maturité trop tard », détaille Antoine Yven. « L’objectif de date de récolte se situe entre les 5 et 10 avril », ajoute Fabrice Jolys.


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