La sécheresse de 2022 reste ancrée dans les mémoires des agriculteurs. « Nous sommes également conscients des enjeux autour de la qualité de l’eau en Ille-et-Vilaine, phytosanitaires notamment. La Chambre d’agriculture participe d’ailleurs à la Conférence bretillienne de l’eau mise en place par le préfet en 2022. Le partage entre les acteurs de filières et de territoires est nécessaire », a déclaré Loïc Guines, président de la Chambre d’agriculture 35.
Ralentir le cycle de l’eau
« Très rapidement, nous allons aller vers un accroissement des sécheresses y compris en Ille-et-Vilaine. Pour y faire face, un enjeu est de ralentir la vitesse de l’eau de l’amont vers l’aval en améliorant le fonctionnement des milieux aquatiques (restauration des zones humides, méandres sur les cours d’eau…), en mettant en place de l’agroforesterie, des dispositifs tampons, en restaurant la capacité des sols et sous-sols à retenir l’eau… », souligne Luc Aquilina, enseignant chercheur à l’Université de Rennes.
« Les collectivités également vont devoir s’adapter en réalisant des économies d’eau, du stockage, de la réutilisation, de l’infiltration, de la végétalisation… ».
« Des marges de manœuvre existent en Bretagne mais il faut aussi raisonner avec le reste de la France où 70 % des besoins en eau sont liés à l’agriculture. Une réflexion à court, moyen et long terme doit être menée dès aujourd’hui. Et des financements publics doivent être engagés pour la transition. » Des PSE pour la restauration de zones humides pourraient être opportuns.
Sobriété dans la consommation
La sobriété dans la consommation d’eau est un autre enjeu abordé par Joseph Boivent et Antoine Deconchy, président et directeur du SMG 35 (Syndicat mixte de gestion, dont la mission principale est la sécurisation de l’approvisionnement en eau potable en Ille-et-Vilaine). « Depuis 2014, la consommation d’eau s’est accélérée sur le département du fait de la démographie croissante et de la dynamique agro-industrielle », soulignent-ils.
« En 2022, il n’y a pas eu de coupure grâce au système d’interconnexion des réseaux d’eau publics. Une bonne gestion de l’eau est nécessaire. Nous devons aussi mobiliser de nouvelles ressources tout en préservant les milieux aquatiques. » Joseph Boivent incite les agriculteurs à maîtriser leur consommation en installant des compteurs, en recherchant les fuites, en adoptant certaines techniques au lavage (raclage des bouses, mouillage des quais…). « Les réseaux publics ne sont pas faits pour approvisionner les exploitations qui doivent avoir leurs propres réserves d’eau. »
Agnès Cussonneau
1 % de la SAU bretonne irrigué
Faisant un point sur la Bretagne, Luc Aquilina souligne que « seul 1 % de la SAU régionale est irrigué (7 % en France) et 2/3 de ces surfaces sont des cultures de fruits et légumes. L’eau utilisée est majoritairement issue de réserves de stockage remplies en hiver, d’un volume moyen modéré de 20 000 m3. » Par ailleurs, l’agriculture représente 20 % des prélèvements et l’eau potable, 77 %.