Association de La Vilaine Route des Cidres – La Noë-Blanche (35)
Résultat d’un assemblage de plus de 10 variétés de pommes, le cidre des Vergers d’Isabeau offre ses notes fleuries au nez, ses fines bulles au palais et sa persistance en bouche. Isabelle Mazery Brugalle s’est installée comme cidricultrice à La Noë-Blanche (35) en 2008, après avoir travaillé comme conseillère cidricole pendant 15 ans.
À quelques kilomètres, aux Vergers de la Ferme à Bain-de-Bretagne, Guillaume Juttier gère 7 ha de pommiers et un atelier de 80 brebis qui valorise l’herbe sous les pommiers et le marc de pomme. Il a repris l’exploitation d’un tiers en 2019. En plus du cidre, il confectionne du pommeau de Bretagne et de l’eau-de-vie de cidre, AOC et bio. Tous les vendredis, il ouvre sa cidrerie pour de la vente directe.
Avec six autres artisans producteurs, Isabelle Mazery Brugalle et Guillaume Juttier font partie de La Vilaine Route des Cidres créée début 2024 sous l’impulsion de Virginie Thomas, pommelière, consultante et formatrice en cidrologie. L’association a été inaugurée le 3 novembre durant l’évènement Cidre au pressoir, à l’Écomusée de La Bintinais à Rennes, également membre. Il abrite un verger conservatoire de 120 variétés de pommes.
« Nous avons souhaité nous regrouper pour échanger, faire connaître nos cidreries, toutes situées en Ille-et-Vilaine, et mettre en valeur la qualité de nos produits », souligne Guillaume Juttier. « Nous nous engageons à réaliser une ou plusieurs cuvées en méthode traditionnelle, non pasteurisées, non gazéifiées, 100 % pur jus », précise Isabelle Mazery Brugalle. « Et les producteurs transforment des variétés de pommes locales conférant aux cidres un profil acidulé typique de l’Est de la Bretagne. À l’Ouest, l’amertume prédomine. »
Un pôle cidro-touristique
« Notre association souhaite donner la possibilité aux habitants de nos territoires et aux touristes de réaliser un itinéraire de découverte et de dégustations en Haute-Bretagne, tout en profitant des lieux d’intérêt du territoire », détaille Virginie Thomas. « Les membres prônent le partage et la transmission, s’engagent à créer une véritable pédagogie cidricole et à dégager du temps pour accueillir le public. »
Sur son exploitation, Isabelle Mazery Brugalle a aménagé un espace de dégustation où elle accueille régulièrement des visiteurs pour leur faire déguster ses produits. Ce sont parfois les camping-caristes qui s’arrêtent sur l’aire d’accueil située près de son bâtiment. Elle leur raconte son histoire. « J’ai repris l’ancien verger conservatoire de la cidrerie de Messac, en haute-tige. Un verger de plein vent, peu sensible aux maladies, planté au début des années 1970, d’une surface de 5 ha. Il présente une vingtaine de variétés rares comme la Locart Vert, la Roullard, la Belle Franche, typiques du bassin Rennais. » Elle a aussi replanté 3 autres vergers sur 5 ha en tout.
Des levures uniques dans chaque lieu
En 2018, elle a fait construire un beau bâtiment en bois pour abriter son matériel dont un pressoir hydraulique et des cuves. Alors que 95 % des cidres français sont pasteurisés puis gazéifiés, ceux d’Isabelle Mazery Brugalle sont en prise de mousse naturelle. « Ce sont les levures indigènes présentes sur la peau des pommes ou dans les bâtiments qui provoquent la fermentation des jus et assurent la pétillance du cidre. »
« Les pommes ramassées jusqu’à début décembre vieillissent sur lie jusqu’à mi-février, moment où je filtre les levures pour ne garder que la quantité nécessaire pour la reprise de mousse en bouteilles », explique la productrice. « Les cidres vieillissent pendant 6 mois, ils ne seront consommés qu’à partir de septembre. Ce type de cidre peut être gardé plusieurs années, comme le vin. » Son mari, caviste, l’appuie pour la commercialisation.
Dynamiser la culture cidricole
Après avoir créé une carte géographique de La Vilaine Route des Cidres, mettant en avant les cidreries locales et les points d’intérêt alentour, l’association va mettre en place des ateliers de dégustation, des marchés des producteurs et des événements festifs saisonniers, permettant des échanges enrichissants avec les producteurs. Un site internet va voir le jour prochainement, dédié à l’actualité cidricole et des producteurs et aux événements.
En 2025, des journées techniques seront proposées, abordant diverses thématiques : taille,greffe, variétés, lutte contre les ravageurs, prise de mousse… Enfin, en 2025, un projet de sensibilisation aux jus de pommes à cidre et de poires à poiré sera développé dans les écoles du département, visant à éduquer les jeunes générations sur l’importance de cette filière locale.
Agnès Cussonneau
Un livre à la gloire du cidre
Sommelière professionnelle, Virginie Thomas a travaillé pendant 10 ans dans l’hôtellerie – restauration et réalisé beaucoup de voyages à travers le monde. Elle a participé à la rédaction du livre « Le journal du sommelier » sur le cidre qui met notamment en lumière une centaine de producteurs internationaux, mais aussi des accords avec des mets de chefs et des cocktails détonants (https://journaldusommelier.ch). En 2021, elle a fondé Bouscule tes sens et propose des initiations, des formations, des ateliers autour des cidres.