« Ce n’est pas une petite somme », estime Clément Le Page, producteur de lait sur Cast (29). Ce jeune Finistérien vient de recevoir un chèque de la part de la communauté de communes de Pleyben-Châteaulin-Porzay (CCPCP). Ce coup de pouce d’un montant de 4 000 € vient aider les nouvelles installations. Dans cette partie du département, l’aide est versée en 2 fois, à savoir une moitié dès le démarrage de l’activité, le solde après 2 ans. « C’est une bonne chose », note l’éleveur fraîchement installé en parlant de ce montant divisé en 2, « il faut faire ses preuves. De plus, on sent que la communauté de communes nous suit, regarde ce que nous devenons. Cette aide ne change pas l’organisation de nos fermes ; elle est à considérer à un niveau privé. C’est symbolique au niveau de l’exploitation, cela ne l’est pas pour l’agriculteur ni pour la communauté de communes : elle a versé aujourd’hui plus de 20 000 € ». Ce jour de remise de chèques à Lothey (29), 12 jeunes ont répondu présent pour se voir remettre par un représentant de leur village la moitié de l’aide versée par cette intercommunalité. Et l’agriculteur de sentir que le sujet agricole est un peu à part dans la société, « nous sommes privilégiés par rapport à d’autre corps de métier en recevant cette aide ».
« C’est une forme de reconnaissance, on considère l’agriculture comme un acteur économique à part entière », fait observer Jean-Hervé Caugant, président de la Chambre d’agriculture du Finistère. Le département a été pionnier dans la démarche, initié « il y a 30 ans par les Comités de développement. L’idée a ensuite été reprise ailleurs ».
Lait, porc, volaille, fleur, chanvre, éleveur de vaches allaitantes et transformateur… les productions sont variées, les communes aussi, représentée par Pleyben, Saint-Coulitz, Saint-Ségal, Plomodiern… Cette petite cérémonie n’est finalement pas qu’un moment de remise de chèque, « elle permet de se faire connaître, d’échanger avec les élus ». Si certains maires connaissent les nouveaux installés depuis qu’ils sont enfants, d’autres bénéficiaires s’installent hors cadre. L’évènement contribue alors à mieux se comprendre.
Des critères variables
Si la plupart des EPCI (Établissements publics de coopération intercommunale) proposent ce genre de coup de pouce, les modalités d’attribution diffèrent. Parfois, des critères doivent être remplis pour bénéficier de l’aide. C’est le cas de Vallons de Haute Bretagne Communauté (VHBC), qui verse 5 000 € en une seule fois et dès le 1er mois de l’installation, mais sous conditions : le bénéficiaire doit respecter « un des six critères qui ont été construitS conjointement avec notre service environnement », résume Thierry Beaujouan, président de cette communauté de communes proche de l’agglomération rennaise. Le nouvel installé choisit entre-autres parmi une production labelisée (bio ou Label rouge), doit s’engager dans certaines MAEC, doit couvrir sa fosse et d’en récupérer le gaz… pour pouvoir être éligible à l’aide. VHBC finance 6 à 8 nouveaux agriculteurs par an et propose également aux jeunes un diagnostic bocager, pris en charge par la structure.
Les Départements aident aussi
Certains Conseils départementaux mettent eux aussi la main à la poche, « en allouant une allocation unique de 6 000 € par jeune. Auparavant, cette aide était de 4 500 €, augmentée si l’exploitation était en démarche HVE ou en agriculture biologique. Désormais, tout le monde a la même chose », décrit Marie-Christine Lainez, membre de la commission de l’économie au Conseil départemental du Finistère, en charge des sujets agricoles. Les bénéficiaires de ces 6 000 € sont des personnes s’installant pour la 1re fois et ayant suivi le parcours à l’installation.
Pour ceux hors DJA, l’aide s’élève (au cas par cas) à 4 000 €. Enfin, 1 000 € supplémentaires viennent gonfler cette enveloppe quand le ou la nouvelle installée choisit de travailler avec une ou des Cuma.
Fanch Paranthoën
On se doit de tenir un cap positif
Gaëlle Nicolas – Présidente de la CCPCP
Chaque collectivité essaie de tenir son rôle. Cette aide reste modeste mais s’inscrit avec d’autres politiques d’aide. En tant qu’élus, nous nous devons de tenir un cap positif, mais sans nier les difficultés de la profession agricole. Nous voyons des exploitations qui s’arrêtent, nous devons agir pour la transmission. À ce titre, nous avons contractualisé avec la Chambre d’agriculture un dispositif d’accompagnement pour aider ces transmissions. Le métier évolue, avec plus d’installations de personnes extérieures.