Avec son allure de droïde digne d’un film de science-fiction, l’AgBot de l’entreprise AgXeed attire l’œil dans la campagne. L’automate était en essai à Pipriac (35) à la SCEA Ker-Syca début juin. Le robot a tourné pendant une semaine sur une parcelle de 5 ha pour effectuer différents travaux avec des outils portés et semi-portés, comme un déchaumeur à dents et à disques ou une herse rotative. Il a également semé le maïs dans les jours qui ont suivi la préparation de sol.
Gagner du temps
Pierre-Marie Hedan, gérant de la SCEA Ker-Syca, est client-testeur pour Claas Bretagne Sud, distributeur de la marque AgXeed. L’exploitation compte 200 ha et un élevage de porcs. « Je suis surtout intéressé de voir si la machine peut remplacer certains de nos tracteurs et aussi permettre de diminuer le gabarit de nos outils », déclare l’éleveur. Selon lui, le robot serait également un moyen de déléguer les tâches avec le moins de valeur ajoutée, comme le déchaumage, le hersage et l’enfouissement du lisier. L’automate ferait également gagner du temps aux salariés en travaillant jour et nuit.
Utiliser les outils existants
Le robot est aujourd’hui commercialisé entre 300 000 et 400 000 € selon les options choisies. « Pour l’amortir, il faudrait lui faire faire au moins 1 000 heures/an mais nous sommes un peu justes en parcellaire », calcule l’agriculteur. Cependant, Pierre-Marie Hedan imagine déjà des astuces qui permettraient d’optimiser ce temps de travail. « On pourrait par exemple utiliser la vieille herse de 3 m qui est au fond du hangar plutôt que d’en acheter une de 6 m neuve. Ce n’est pas gênant d’avoir un débit de chantier plus faible si la tâche est complètement automatisée ». L’achat pourrait également être envisagé à plusieurs ou au sein d’une Cuma, avec un salarié dédié à la programmation et au transport entre deux parcelles.
Programmation
Avant chaque chantier dans une nouvelle parcelle, celle-ci doit être arpentée manuellement pour générer des barrières virtuelles que le robot ne pourra pas franchir. Les dimensions et les caractéristiques de l’outil doivent ensuite être indiquées sur la plateforme web ou sur l’application Smartphone. Une fois la tâche créée, les réglages de travail, comme la vitesse d’avancement, la distribution ou la prise de force, peuvent être renseignés et ajustés au besoin.
Une demande des ETA
« 10 robots tournent aujourd’hui en France. Deux ont été achetés par des clients et le reste est chez des concessionnaires et fait des démonstrations sur le terrain », précise Simon Badouard, référent AgXeed chez Claas Bretagne Sud. « Pour nous, c’est un nouveau marché à apprivoiser ». Les demandes viennent des agriculteurs mais surtout des ETA qui cherchent à pallier le manque de main-d’œuvre.
Alexis Jamet