« Les infections par Enterococcus cecorum sont causées par une bactérie commensale découverte en 1983 et qui loge dans le système intestinal des volailles. Depuis 2002, l’émergence de souches pathogènes en Europe est à l’origine de troubles locomoteurs chez les volailles. Cela touche principalement le poulet standard et plus rarement la dinde ou le canard. Il existe quelques rares cas humains dont l’origine de la contamination est inconnue », décrit Amélie Chastagner, chargée de mission à l’Itavi, lors de la journée technique volaille de chair qui s’est déroulée le 31 octobre à Rennes (35).
Une forte augmentation des infections
Ces infections sont devenues une problématique majeure en production de poulet de chair.
« Nous enregistrons une forte augmentation des infections à enterocoques. On était à + 0,4 % en 2006 et + 12,9 % en 2020. Elles sont pour 53 % attribuées à Enterococcus cecorum », chiffre Amélie Chastagner.
Les transmissions se font par voie oro-fécale et aussi certainement par inhalation de poussière. Il n’y a pas de transmission verticale, cela ne se transmet donc pas à la descendance.
Récidives fréquentes
« La clonalités des isolats au niveau des exploitations et les récidives fréquentes entre lots suggèrent une persistance et une dissémination proche. Les sources d’introduction restent inconnues, la contamination serait-elle environnementale ? On se demande si la transmission se fait par le matériel ou par des vecteurs biologiques tels que les mouches, les ténébrions ou encore les rongeurs ? »
Mortalité élevée en fin de lot
Les signes cliniques sont des boiteries, des poulets assis, des animaux fiévreux prostrés et de la mortalité.
« Les méthodes de diagnostic se basent sur la culture bactérienne à partir des lésions, la spectrométrie de masse pour identifier ou comparer la bactérie, le RT-PCR E cecorum à partir d’écouvillons d’organe ou à partir de prélèvements d’environnement », indique Pascale Rigomier, vétérinaire Chêne Vert conseil.
De 0 à 14 jours, l’infection se fait par voie orale, suit la colonisation intestinale et la translocation. De 14 à 21 jours c’est la diffusion septicémique. À partir de 21 jours, la diffusion est osseuse.
Prévenir par un nettoyage renforcé et la désinfection
« L’impact de ces infections récurrentes est la dégradation de l’IC, une croissance moindre de J27 à J32 et une mortalité élevée en fin de lot. La prévention se fait en renforçant le nettoyage et la désinfection, en travaillant sur la qualité de l’eau (utilisation d’un biocide, purges régulières des lignes d’abreuvement), en s’assurant un démarrage en conditions optimales, et en gérant au mieux la croissance des poulets (programme lumineux de J3 à J21 et hauteur des pipettes) », conclut le vétérinaire.
Nicolas Goualan
Un projet de recherche débute en mars 2025
L’Itavi annonce que le projet ResEc qui va démarrer en mars 2025 va débuter par une enquête nationale pour évaluer la prévalence.Il y aura aussi : une investigation des cas de récurrence, la recherche des réservoirs en élevage et le développement d’une méthode de détection des souches cliniques.