« Il ne faut pas bâcler la transmission »

Pierre Gieu est agriculteur à Melesse (35). Souhaitant céder sa ferme en 2026, il a commencé à se pencher sur le parcours de transmission il y a 2 ans.

Pierre Gieu, éleveur, devant ses vaches - Illustration « Il ne faut pas bâcler  la transmission »
Une fois son exploitation cédée, Pierre Gieu pense trouver une autre activité jusqu'à la retraite. | © Alexis Jamet - Paysan Breton

« L’agriculture est un monde de passionnés », introduit Pierre Gieu, éleveur laitier installé à Melesse (35). « Et pour un passionné, c’est difficile d’envisager la fin de sa carrière. » Pour autant, l’agriculteur de 58 ans a commencé à penser à la transmission de sa ferme il y a deux ans. Son objectif est de céder la structure en 2026. Avec 48 ha et 55 vaches laitières, l’exploitation est à taille humaine et permet d’équilibrer la vie personnelle et la vie professionnelle. De plus, la conduite du système dégage « un revenu très correct » pour l’éleveur et son salarié. « Les jeunes ne travailleront plus autant que nous », déclare le Bretillien. « Avec 1,5 UTH, on peut très bien vivre sur cette ferme sans pour autant être débordé de travail. »

Ne pas céder aux sirènes de
l’agrandissement

Prendre son temps

« J’ai commencé avec 20 vaches et j’ai développé ma ferme petit à petit », explique l’agriculteur. « Je ne veux pas que le jeune soit en difficulté au bout de 2 ans. La continuité de l’exploitation est importante pour moi. » Ainsi, Pierre Gieu souhaite prendre le temps de trouver la bonne personne et ainsi assurer une transmission sereine. Plusieurs visites de la ferme ont eu lieu, et le téléphone sonne régulièrement. Actuellement, deux jeunes avec des projets solides ont retenu l’attention de l’éleveur. « Je ne dénigre aucun système », insiste-t-il. « Ils ont tous leur place tant qu’ils sont cohérents. Cependant, je suis très sensible à la solidité économique du projet. Je n’encouragerais pas un jeune qui souhaiterait mettre un robot de traite sur cette ferme dès son installation. Cela signifierait pour lui 10 ans de charges incompressibles. » Un stage de parrainage sera également mis en place juste avant la transmission.

Une surface dédiée au repreneur

Pierre Gieu est propriétaire de la totalité de son foncier. Un bail long terme sera proposé au repreneur pour faciliter sa transmission et éviter des coûts supplémentaires liés à l’achat de terres. « Cette surface est entièrement destinée au jeune qui s’installera », insiste l’agriculteur. « Elles ne seront jamais à vendre pour d’autres projets, même lorsque mes enfants en hériteront. » Pour le producteur, il est également primordial d’être motivé à installer car les demandes de rachat de quelques hectares par des voisins ne sont pas rares. « Il ne faut pas céder aux sirènes de l’agrandissement. Ma ferme restera telle quelle jusqu’à la transmission. »

Alexis Jamet

Une charte collective engageante

L’évènement chez Pierre Gieu a été organisé par la Chambre d’agriculture de Bretagne (Crab) dans le cadre de la quinzaine de la transmission. Afin de favoriser le renouvellement des générations, la Crab a rédigé avec plusieurs partenaires une charte régionale d’engagements pour la transmission et l’installation. « Celle-ci vise à créer un outil collectif breton pour faciliter la tâche du cédant et pour minimiser les démarches administratives », précise Marie-Isabelle Le Bars, chargée de mission à la Crab. « Notre objectif final est d’avoir une installation pour chaque départ. »


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