« J’ai un vrai goût pour l’herbe, je préfère voir mes vaches pâturer que de démarrer le tracteur », résume Stéphane Derrien. Petit à petit, il est passé d’un système maïs/herbe à 100 % d’herbe, en rachetant des terres et en pratiquant des échanges parcellaires. La part des pâtures a grignoté au fur et à mesure le maïs qui occupait 20 ha, les céréales ont aussi disparu. 115 ha constituent la SAU d’aujourd’hui, les îlots les plus éloignés sont à 1,3 km de la ferme. « Ils sont exclusivement fauchés, à terme j’aimerais aussi les échanger ». De 35 ares/VL, les laitières ont désormais 70 ares. « Ça s’est fait naturellement. J’ai constitué des paddocks de jour et de nuit de 5 à 6 000 m2. Les animaux font 2 repas par paddock, hormis en pleine pousse où elles sont conduites au fil avant et restent pendant 3 repas, pour éviter les montées en épi de l’herbe ». Si les laitières entrent à une hauteur de 12 cm, elles ressortent quand l’herbe mesure entre 4 et 5 cm. Sur une année, « le volume d’herbe ingéré tourne autour de 4 t par vache », estime Hervé Le Menn, technicien Innoval qui accompagne l’exploitation sur la gestion des fourrages.
La construction de 2 ponts a augmenté significativement l’accessibilité, ouvrant ainsi 35 ha supplémentaires. « J’ai déposé une demande à la Police de l’eau, c’est un ouvrage facile à monter à condition qu’on ne touche pas aux berges et au fond de la rivière ».
Fermeture de la salle de traite l’hiver
En changeant son organisation, le Finistérien voulait d’abord « se libérer du temps. Je suis passé en vêlage groupé pour fermer la salle de traite en hiver. Il y a un pic de travail au moment des vêlages, mais on est concentré sur cette tâche : je n’ai plus de travaux dans les champs ». Les inséminations démarrent au 15 mai pour se terminer au 15 juillet. Initialement en 100 % Prim’Holstein, la ferme est passée en croisement 3 voies. « Les premiers croisements se font en Jersiaise, puis en Rouge Norvégienne. Je recherche une meilleure fertilité, des gabarits adaptés au pâturage tout en augmentant les taux ». La taille des vaches a rapidement diminué, la fertilité doit être au rendez-vous « pour que les IA à 15 mois prennent facilement. Aussi, les génisses doivent avoir de bonnes croissances ». L’organisation en vêlages groupés demande forcément des bons taux de réussite aux IA, une vache non fécondée sur la période de mai à juillet « sera réformée, c’est un des points noirs de la technique ». Cette transition avec des vêlages concentrés sur un moment de l’année s’est déroulée sur 3 ans, avec la première année des naissances au printemps et à l’automne, puis seulement au printemps. « Il faut juste accepter que certaines vaches aient des lactations plus longues ».
En année normale, les animaux sortent jusqu’au 15 décembre, puis sont rentrés en bâtiment. L’alimentation se compose alors d’enrubannage en libre-service, les 70 laitières en consomment 18 rounds par semaine. 3 semaines avant vêlage, la ration passe en foin uniquement, « car l’enrubanné est plus riche en potassium et peut engendrer des fièvres de lait ». Dès que la mise-bas a eu lieu, la vache ressort. « On cale la production sur la pousse de l’herbe ». Sur cette région du département, la pluviométrie n’est pas un facteur limitant. Il tombe en moyenne 1 400 mm/an, on se rapprochera des 1 800 mm cette année.
Fanch Paranthoën
Le méteil arrêté
« Mes 4 ha de méteil me servaient à nourrir les génisses. J’ai arrêté pour simplifier davantage mon organisation, les jeunes sont désormais toutes dehors, elles grandissent très bien à l’herbe ». Pour les vaches en production, l’objectif de diminuer le coût alimentaire est atteint, il est de 33 €/1 000 L. En produisant en moyenne 5 000 L de lait par vache à 42 de TB et 34,6 de TP et payé à 480 €/1000 L, la marge brute dégagée est de 466 €/1 000 L.