L’élection de Trump aura-t-elle des conséquences sur l’agriculture européenne et bretonne ? Les spécialistes de la macroéconomie se contentent d’éclairer le sujet par le prisme de l’augmentation des droits de douane dont l’objet est de restreindre l’accès au marché américain. Soit. Mais cela concerne essentiellement les produits haut de gamme : cognac, foie gras, champagne. Par contre, en changeant de focale, c’est-à-dire en scrutant les raisons qui ont porté le truculent personnage à la tête de l’État fédéral, les nuages apparaissent beaucoup plus sombres. Les Américains qui ont voté Trump ne sont pas ceux qui savourent du foie gras coupe de champagne à la main, mais bien ceux qui ont du mal à remplir leur assiette au quotidien. À l’inverse des indicateurs économiques officiels qui estiment que la croissance est au rendez-vous en Amérique et que l’inflation est terrassée, des millions d’Américains ont donné leur propre analyse le 5 novembre : tout cela est faux puisque tout est cher et que nous ne parvenons pas à joindre les deux bouts.
Quel rapport avec l’agriculture ? La progression des votes populistes est un baromètre pertinent du pouvoir d’achat et donc de la disposition d’une partie de la population – en augmentation dans de nombreux pays – à arbitrer à la baisse son budget pour l’alimentation. Le plus tragique dans l’histoire est que le protectionnisme réclamé à grands cris par ces électeurs-consommateurs les privera de produits standards pas chers remplacés par des produits ‘made in América’ financés par des plans de réindustrialisation onéreux et un coût de main-d’œuvre en hausse faute d’émigrés. Ce qui veut dire que les électeurs de Trump se pénalisent eux-mêmes en plébiscitant un programme qui va à leur encontre. Phénomène qui risque d’être amplifié par la reprise de l’inflation annoncée pour 2025. America first… à qui le tour ?