Dans la famille Danielou, et depuis 3 générations, on produit des légumes de plein champ dans le Léon. « Mes grands-parents cultivaient 7 ha, principalement en choux-fleurs et en artichauts », se souvient Jean-Jacques, associé aujourd’hui avec son épouse Magali et son frère Marc. Au fil du temps, les surfaces ont augmenté, la diversification aussi : en 2010, le crosne du Japon fait son apparition sur 3 000 m2, pour couvrir petit à petit 7 000 m2 puis 1,6 ha et 5,5 ha aujourd’hui. La ferme se structure, en investissant dans du matériel de lavage, de conditionnement et de stockage. La production s’écoule via l’entreprise La Légumière, basée sur la même commune que les producteurs, à Cléder (29). Avec comme principe la contractualisation des volumes produits, « nous connaissons nos prix de vente à l’avance. À nous d’écraser nos charges et d’avoir de bons rendements pour augmenter nos marges ». Potimarrons, radis noirs, navets boule d’or, cerfeuil tubéreux ou encore rutabagas viennent désormais étoffer la gamme de légumes dans les terres de la ferme familiale qui compte actuellement 110 ha et plus de 10 légumes différents. « Les surfaces en légumes anciens ont doublé tous les ans, pour prendre la place de l’artichaut et du chou-fleur ». Cette spécialisation dans la diversification demande beaucoup de travail manuel, car il existe de grandes différences entre chaque espèce cultivée. Et le Finistérien d’illustrer ce besoin en personnel, « 1 ha de légume ancien équivaut à 6 ha de chou en termes de temps de main-d’œuvre ».
Irriguer la nuit
Quand historiquement les surfaces en artichaut étaient importantes, les besoins en irrigation l’étaient tout autant. Les anciennes générations de cultivateurs ont travaillé sur le sujet de l’eau en créant des réserves, en enterrant des lignes de tuyauterie pour acheminer ce liquide aux champs, en s’équipant des premières générations d’enrouleurs… Des moteurs électriques ont pris la place des tracteurs pour faire fonctionner les pompes, des canons d’irrigation plus modernes ont apporté des améliorations, comme des canons plats, dont l’angle du jet est réglable, et qui sont plus efficaces face au vent. « Les canons classiques arrosent mal, l’eau étant concentrée au milieu ».
Aussi, pour éviter d’avoir à changer de place à son enrouleur pendant la période d’irrigation, comme c’est le cas avec des sprinklers positionnés dans un premier temps au milieu de la parcelle pour ne pas arroser les routes en périphérie du champ, Jean-Jacques Danielou a opté rapidement pour des systèmes coupe-jet, où une pointe casse le jet de façon mécanique et automatique. Ces procédés type Gun Corner « arrosent mieux et sont plus simples ». Le légumier a enfin choisi d’apporter de l’eau la nuit, « moment où il y a toujours moins de vent. On conseille souvent d’irriguer en journée pour que le feuillage sèche, comme en artichaut, et pour qu’il y ait moins de mildiou. Or nous n’avons pas constaté de problèmes en irriguant la nuit ».
La communication se fait par SMS
Depuis avril 2023, une nouvelle étape a été franchie dans l’amélioration des apports en eau, avec un nouveau canon en test avec Claie, entreprise spécialisée dans le domaine de l’énergie et de l’irrigation. Grâce à ce canon Elektrorain, « c’est une révolution, surtout dans les champs biscornus », témoigne le producteur qui n’hésite pas à disposer des pluviomètres dans ses parcelles pour contrôler l’uniformité des pluies apportées. Combiné à l’enrouleur équipé d’un boîtier Ecostar 4 200, ce canon répond au doigt et à l’œil de son utilisateur. Avec de simples messages envoyés depuis son Smartphone, Jean-Jacques Danielou pilote le démarrage et l’arrêt de la pompe et du canon. Avant l’opération, « je renseigne la distance à effectuer, la vitesse à adopter pour l’enrouleur, par exemple de 14 m/h ou de 30 m/h ». L’outil génère automatiquement des alertes si la pression chute, synonyme d’une panne, comme un tuyau qui s’est déboîté, évitant ainsi de continuer l’arrosage et de vider la réserve d’eau. Sur le canon, un léger filet d’eau dévié vient actionner une petite dynamo et rend ainsi le système autonome en électricité. Aussi et à l’inverse d’un canon classique qui tourne grâce à la force de l’eau en donnant des impulsions à un ressort, l’Elektrorain possède un moteur électrique pour le faire pivoter. « C’est beaucoup plus régulier. Les anciens systèmes pouvaient être faussés à cause du vent, le ressort peut aussi finir par se détendre ». Le moteur électrique est ici réglé à 180 secondes pour réaliser un tour d’eau sur lui-même.
Diminuer le diamètre pour mieux s’équiper
Le pilotage précis de l’irrigation « est une obligation, on ne se pose plus la question. En légumes anciens, on arrose surtout au moment des semis qui se déroulent de juin à août pendant les étés secs, par petites gouttes en faible pression, pour éviter la formation de croûte de battance ». Et le légumier d’argumenter quant à cet équipement d’arrosage en prenant en exemple une culture d’artichaut. « Quand le rendement est de 10 t/ha, les charges s’élèvent à 8 500 € pour 1 500 € de marge. En irriguant, on gagne 20 % de rendement, soit 12 t/ha. La marge est alors améliorée de 66 % : elle passe de 15 centimes à 25 centimes/kg ». Pour aller encore plus loin, l’utilisation d’un canon Elektrorain augmente les charges à l’hectare (en intégrant le montant de l’achat), mais la marge est là encore supérieure de 30 %, soit de 32 centimes/kg car les rendements sont augmentés de 10 %. Améliorer les marges permet à l’exploitation de mieux piloter ses assolements, en privilégiant des cultures plus rémunératrices. Enfin, le Finistérien estime qu’investir dans ces technologies génère des charges facilement récupérables. « Nos enrouleurs Bauer ont des tuyaux en diamètre 80 mm, où les pertes de charge sont plus grandes mais qui sont plus légers que les diamètres de 100 mm, plus chers et qui demandent à avoir un châssis renforcé. L’argent qui n’est pas placé dans ce châssis est investi dans des options ou dans de la main-d’œuvre. Nous avons 10 salariés permanents et embauchons 40 personnes entre août et avril ». Passer par un enrouleur en diamètre 80 mm est aussi « plus simple et plus pratique à manipuler : un simple tracteur de 60 cv sert à le déplacer ».
Fanch Paranthoën
Communiquer sur son métier
La ferme légumière n’hésite pas à communiquer sur les différentes opérations culturales qui rythment les saisons. Que ce soit pour des chantiers de récolte d’échalote, de cerfeuil tubéreux ou pour des semis de navet boule d’or, les enfants de Jean-Jacques Danielou ont tourné des séquences vidéo de ces travaux des champs. Elles sont à retrouver sur le site www.terreduleon.com ou sur la chaîne www.youtube.com/@terreduleon.