« Deux sources de réduction des émissions de méthane des bovins sont complémentaires et à combiner », souligne Didier Boichard, de l’Inrae. « Une approche indirecte vise à diminuer les émissions inutiles. » Premier levier : « L’augmentation de la longévité et la réduction du renouvellement. En élevage laitier, un renouvellement à 25 % induirait une baisse de 10 % des émissions de méthane. »Deuxième piste, une généralisation des mises bas à 2 ans permettrait la même baisse de 10 %. « Actuellement, 60 % du cheptel laitier et allaitant affiche une mise bas à 3 ans. » Enfin, la réduction du format avec moins 100 kg sur le poids adulte générerait une chute de 5 % du méthane. « Ces mesures relèvent du système de production en général mais la génétique peut y contribuer fortement. »Une approche génétique directe est également envisageable. « Il existe un potentiel de sélection important sur l’émission de méthane, mais il est très difficile à mesurer à grande échelle. » Des méthodes plus simples vont être mises en place comme les sniffers installés sur robot de traite. Les spectres Mir du lait vont eux permettre des mesures à très large échelle. Une corrélation existe entre le taux d’acides gras dans le lait et le méthane émis. Pour les bovins allaitants, « des spectres NIRS des fèces ou des informations sur le microbiote sont en cours d’étude. » Le chercheur rappelle que la sélection prend du temps. « Il est important de démarrer rapidement. » Et « sans mesure incitative forte, le poids donné au méthane risque d’être faible et la sélection peu efficace. Avec un poids raisonnable, on pourra réduire le méthane de 1 % par an et l’effet est cumulatif, son impact est donc important à moyen et long terme. »Agnès Cussonneau…
Méthane des bovins : Combiner les leviers de réduction