Mettre le bon couvert entre deux céréales

Limiter le salissement, capter de l’azote, améliorer la structure du sol… Entre deux pailles, le couvert court a plusieurs intérêts. La Chambre d’agriculture y consacre des essais sur le terrain.  

Un tracteur mène un chantier de semis direct dans des couverts de tournesol et de sarrasin. - Illustration Mettre le bon couvert entre deux céréales
Jeudi 31 octobre, à Plélo, semis direct d'orge dans des couverts courts (sarrasin au premier plan, mélange 3E au second plan). | © Toma Dagorn - journal Paysan Breton

Jeudi 31 octobre, la Chambre d’agriculture a organisé deux visites d’essais de couverts entre deux céréales. « Le couvert court est un levier majeur pour réduire le temps de sol nu. Il immobilise l’azote restant après la moisson et limite le salissement », ont rappelé Marine Weishaar et Marek Dupontel, conseillers Agronomie. « Ces expérimentations visent à cibler les types de couverts et itinéraires techniques optimaux en termes de réussite de l’interculture et de rendement de la seconde paille ensuite. »

Économe et facile à implanter, la phacélie est un couvert répandu.

Un choix d’espèces à réfléchir

Pour commencer, il faut éviter les espèces de la même famille que celles présentes dans la rotation. « Ainsi les crucifères – même si elles donnent de très bons résultats en couvert – sont à éviter dans une rotation avec du colza pour ne pas favoriser la hernie », précise Marek Dupontel. « Les graminées peuvent, elles, contribuer au développement du piétin échaudage. Elles sont aussi moins efficaces comme piège à azote sur une courte période et peuvent être plus difficiles à détruire. »

Notons par ailleurs qu’en sol argileux, les espèces à forte biomasse (phacélie) ont des difficultés à se dégrader. En sol limoneux, les couverts à base de moutarde réduisent l’apparition du phénomène de battance. « Enfin, le choix d’une espèce doit être en cohérence avec le matériel de semis et de destruction à disposition localement. »

Quatre couverts testés

En 2024, deux plateformes d’essais identiques ont été mises en place à l’EARL Bruand Nicolas au Foeil (sans labour) et à l’EARL des Norois à Plélo. Semés derrière blé, quatre couverts ont été testés. « La phacélie, couvert le plus répandu, économe – 8 kg/ha, 15 à 25 € par hectare – et réputé facile à implanter, a servi de témoin », explique Marine Weishaar. Le Lidcover Summer (8 kg/ha, 60 à 70 € par hectare), mélange commercial d’espèces adaptées à l’été (chia, moha et niger) et 100 % gélif.

Le sarrasin (40 kg/ha, 60 à 80 €/ha) avec ses points forts : « Levée rapide, fort taux de recouvrement dès le stade plantule, biomasse importante étouffante, floraison rapide intéressante pour la biodiversité, gélif… »

Enfin, un mélange 3E (3 kg/ha de phacélie, 12 kg de sarrasin, 12 kg de tournesol) : « Pour un coût de semence de 80 à 100 €/ha, cette association permet de combiner les bénéfices des espèces et de profiter d’un éventuel effet de compensation. Le tournesol présente aussi une bonne tolérance à une humidité limitée du lit de semences et a une racine pivotante. »

Un mélange 3E bien couvrant

Dans une année humide, les essais ont été caractérisés par une meilleure levée des « grosses graines » (tournesol, sarrasin), des levées échelonnées du sarrasin, une diminution de la densité de la phacélie dans le temps, des attaques de limaces sur le Lidcover… « Les levées ne semblent toutefois pas préjuger de la couverture du sol ou de la production de biomasse », précisent les agronomes. Le 31 octobre, au moment de semer une orge directement dans les couverts en place, les conseillers faisaient d’abord remarquer qu’en 2024 « le mélange 3E a offert la meilleure couverture devant la phacélie seule ». Des travaux à poursuivre.

Toma Dagorn

Un couvert pour quoi faire ?

• Fertiliser la seconde céréale. Les crucifères fixent rapidement les éléments minéraux (adapté si reliquat fort) et les relarguent à la culture suivante. À l’inverse, en cas de manque d’azote, les légumineuses enrichissent le sol en fixant l’azote atmosphérique. Noter que le nouveau Par 7 autorise au-delà de 20 % de légumineuses dans ses couverts.• Lutter contre le salissement. Pour concurrencer les adventices, il faut des espèces à levée rapide et fort taux de recouvrement, produisant de la biomasse étouffante : moutarde blanche, sarrasin ou phacélie. Le sarrasin ou certaines variétés de luzerne ont par ailleurs des propriétés allélopathiques (effets nocifs sur les adventices voisines).• Améliorer la structure et la vie du sol. Associer des espèces à systèmes racinaires différents permet d’aérer le sol. Les graminées agissent en surface. Le pivot des crucifères fissure plus profondément. Le couvert augmente aussi le stockage de carbone favorisant l’activité biologique et la fertilité.


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