Dossier technique

Moins d’eau mais autant de rendement

Malo Jestin-Fagon a mené un essai comparatif entre une culture de tomate irriguée de façon classique et une bande où l’arrosage a été diminué. Les rendements sont identiques.

Malo Jestin-Fagon devant des plants de tomate - Illustration Moins d’eau mais autant de rendement
Malo Jestin-Fagon a suivi cet essai, ici sur la station Awen Bio (29). | © Paysan Breton FP

Le groupe agriculture écologiquement performante en irrigation s’est monté en 2023. « Après la sécheresse de 2022, le groupe de producteurs s’est demandé comment réagir quand un arrêté sécheresse est pris par la préfecture. Cet AEP a été monté pour créer de l’échange, avoir des références techniques des besoins en eau des légumes », détaille Malo Jestin-Fagon, technicien en maraîchage pour le Gab 29.

Il y a une différence sur le calibre des fruits

En 2024, le technicien s’est penché sur la culture de tomate, plus particulièrement sur son irrigation et sur l’effet d’une diminution des apports en eau sur le calibre et sur les aspects gustatifs des fruits, sur la vigueur du développement végétatif et sur le rendement. Dans l’esprit de cet essai conduit chez 2 maraîchers et sur les terres de la station Awen Bio de Morlaix (29), la volonté de démontrer que « plus on apporte de l’eau aux plants de tomates, plus ils deviennent fainéants et moins il y a de sucrosité dans leurs fruits ».

Sondes tensiométriques
Sondes tensiométriques

Rester en dessous des 100 centibars

En utilisant des sondes tensiométriques, on peut mesurer la pression demandée aux racines pour puiser l’eau du sol. Plus cette valeur, mesurée en centibars (cb), est élevée, moins la réserve hydrique du sol est disponible et donc plus la plante est en situation de stress. L’essai s’est fixé le seuil de 100 cb, repère auquel la culture manque d’eau.

Sur la plateforme Awen Bio, la variété hybride Cindel a été plantée au 19 avril, les récoltes ont démarré au 10 août. Une ligne témoin est arrosée au goutte-à-goutte avec un débit de 1,6 L/h, la culture voisine dispose du même équipement mais reçoit 20 % d’eau en moins, en restant toujours en dessous des 100 cb affichés par la sonde tensiométrique. Et les résultats en économie d’eau vont au-delà des espérances. « En restant en dessous de ces 100 cb, l’itinéraire classique a été arrosé 1 785 minutes (soit un équivalent de 47,60 L d’eau) ; l’itinéraire en apports réduits a été irrigué 1 070 minutes (soit 28,50 L), mais surtout les rendements sont restés les mêmes ». La différence sur les 2 conduites se fait sur le calibre des fruits, avec plus de la moitié de tomate en 67/82 mm en arrosage classique alors que seulement 25 % de la récolte présentait ce calibre en irrigation réduite. Le rendement est identique car les fruits sont plus abondants, il y a sans doute eu moins d’avortement de fleurs, le plant met plus d’énergie dans ses fruits.

Le protocole réduit en eau présente enfin un peu plus de déchets à la récolte, de 3 %, contre 1 % pour la modalité « confort ». En arrosant moins, des maladies comme le mildiou ou le cul noir se sont davantage développées.

Le bassinage aide à passer les caps

Sur les 2 fermes de Plougastel-Daoulas et de Loperhet (29) où les essais ont été conduits, la variété population Rose de Berne a été plantée (sur le site de Loperhet), les premiers bouquets n’ont pas été supprimés. L’arrosage régulier s’est pratiqué à raison de 2 irrigations d’1 heure par semaine, abaissé à 45 minutes 2 fois par semaine pour l’essai réduit en eau. Sur cette conduite, les sondes tensiométriques ont affiché des valeurs allant au-delà de 250 cb. Là encore, les rendements ont été identiques, mais la répartition des calibres est différente, avec davantage de 47/57 mm en conduite réduite.

Pour rester en dessous du seuil de 100 cb, l’essai à la station Awen Bio a eu recours à du bassinage à la plantation, puis à 2 reprises pendant la croissance des plantes. « On pratique une grosse irrigation en début de culture pour que le sol s’assèche moins vite par la suite. Les irrigations qui suivent sont plus efficaces », car il n’y a pas de gros besoins en eau sur le profil.

Fanch Paranthoën

Plants de tomate sous serre
Il n’y a pas de différences significatives entre les plants irrigués de façon différente.

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