En 2019 coïncident l’installation de Benjamin Renaud avec ses parents, la construction d’une stabulation neuve et l’arrivée de 2 robots de traite. Le bâtiment se veut spacieux, ouvert pour une bonne ventilation, avec de larges logettes et une bonne surface de circulation pour les vaches. « Toutes ces conditions ont permis d’augmenter la production laitière, mais l’amélioration est imputable aussi à plus de rigueur sur l’alimentation », insiste Benjamin Renaud.
Plus de rigueur sur l’alimentation
« Nous travaillons avec un nutritionniste indépendant depuis plus de 10 ans, cela nous permet de travailler avec des matières premières pour ne pas subir les qualités fluctuantes dans les aliments de commerce, valoriser au maximum les fourrages de l’exploitation, faire des économies et viser un système cohérent, de l’alimentation du veau au tarissement de la vache laitière », explique le jeune éleveur. Et pour ce dernier, tout commence au tarissement : « On a 50 jours pour préparer la lactation. ». La ration de base comprend 5,5 kg paille broyée, 15 kg de maïs ensilage, 2,1 kg de soja et 350 g de minéraux. Trois semaines avant vêlage, ils ajoutent 500 g d’orge, 300 g de soja, des acides aminés (méthionine et lysine) et des sels anioniques. Les vaches en lait reçoivent en plus de l’ensilage de méteil ou de luzerne, du maïs grain, de l’orge aplati, de la mélasse et de la matière grasse (voir tableau). Le coût de la ration s’élevait à 6,06 € cet automne (dont 4,13 € d’achats). « On recherche à avoir une ration la plus stable possible pour éviter les phases d’adaptation. »
Des fourrages de qualité en stock
Le Gaec de la Pilais a investi dans des silos, pour améliorer conservation et qualité des fourrages. D’autres pratiques ont aussi évolué : « Fini le méteil 100 % légumineuses qui s’avère être un fourrage déséquilibré. Le RGI a aussi disparu de l’assolement avec la mise en place du travail sans labour, permettant l’arrêt du glyphosate. Nous y associons maintenant de l’avoine avec 3 ou 4 trèfles. L’arrêt du foin dans les luzernières permet de présenter un fourrage ensilé avec des brins plus courts, pour favoriser l’ingestion et la conservation. De plus, nous ajoutons un conservateur dans tous les ensilages. »
Situé en zone séchante, l’élevage sécurise son système fourrager par des stocks. « On a 4,5 mois d’ensilage de maïs de surplus en stock. Cette année, on a récolté 14 t MS/ha, mais on a aussi vu 10 t certaines campagnes… Cela permet d’avoir de la régularité et de dormir tranquille ! »
Faire rimer efficacité avec rentabilité
L’élevage atteint une marge de 11,63 €/jour/VL pour une moyenne de 9,50 € sur les élevages suivis par le cabinet de conseil BR Nutrition. « Le calcul de marge à la vache laitière se base sur la production laitière, l’alimentation et la santé. Et cela porte ses fruits », se félicite Benjamin Renaud, un des 4 associés. Alors que le nombre de vaches est limitant (134 logettes), ils recherchent plus de volume pour plus de marge sur les deux robots de traite, pour faire rimer efficacité avec rentabilité. « Plus on est précis, plus on progresse et plus on a du retour », ajoute-t-il.
Un meilleur suivi repro
Ils réalisent du génotypage. « On s’est dirigé vers des animaux de plus petit gabarit, mais avec une efficacité alimentaire élevée. » L’objectif étant qu’elles valorisent les fourrages et présentent plus de rusticité, et des gabarits plus compatibles avec les logettes.
Les vêlages sont étalés sur l’année, pour lisser la production, cette dernière se maintenant à 40-45 kg en moyenne depuis le début de l’année (contrôle Lacteus).
« Côté reproduction, on fait aussi appel à un technicien indépendant qui nous aide dans le suivi de la reproduction, avec des échographies régulières et tout particulièrement 3 à 5 semaines après les vêlages », car l’objectif est de détecter très vite les vaches à problème, pour les faire repartir dans un cycle normal. Les inséminations sont réalisées par l’éleveur.
Carole David
Repères : • 4 associés ; • 134 VL Prim’Hostein ; • 1 608 000 L produits ; • TP : 32,5 g/kg et TB : 40 g/kg ; • Coût alimentaire : 150 € /1000 L ; • 2 robots de traite ; • 170 ha ; • Un atelier naisseur engraisseur de 60 truies.
L’alimentation des veaux et des génisses, premier point travaillé
Le colostrum est trié au pèse-colostrum. « Je ne distribue et congèle que des colostrums à plus de 22 % au réfractomètre Brix », note Benjamin Renaud. Pour la phase lactée, le lait en poudre a remplacé le lait entier. Les veaux reçoivent jusqu’à 6 mois un mash maison, préparé à la mélangeuse à partir de paille, de maïs grain, de mélasse, de soja et d’orge aplatie. Ensuite, jusqu’à la préparation au vêlage, les génisses passent à une ration sèche (en pratique depuis 6 mois), qui a permis de valoriser dans la ration le foin de marais (aliment fibreux mais à faible valeur alimentaire) avec de l’orge, du tourteau de soja, de la mélasse et du minéral. « Côté organisation du travail, cela nous permet de préparer le mélange pour 2 jours. » Ainsi ne sont achetés que du soja, du maïs grain et la mélasse pour l’élevage des génisses. Ces dernières sont mises au pâturage quand elles sont échographiées.
Et le sanitaire ?
En 2011, l’exploitation produisait 350 000 L de lait. Pour passer à 1,6 million de litres aujourd’hui, l’augmentation du cheptel s’est faite par croît interne.Dans le fonctionnement quotidien de la ferme, aucun camion avec des animaux venant d’élevages extérieurs ne s’approche des bâtiments, les réformes sont acheminées en bétaillère par l’éleveur à une zone d’embarquement, les marchands de veaux doivent mettre des surbottes…« Le troupeau ne souffre pas de dermatites. Nous effectuons un suivi régulier : un pédicure vient surveiller 2 lots de 20 vaches tous les mois. Nous veillons à ne pas accumuler d’humidité avec un bâtiment non surchargé, un raclage toutes les 2 heures, du paillage suffisant… »