À la question « qui a déjà subi des attaques de chiens errants ? », aucune main ne se lève. En revanche et quand la question porte sur les attaques de loup, une dizaine d’éleveurs se manifestent. Le sujet de la présence du loup sur le département suscite l’intérêt et l’émoi. En témoigne la foule qui s’est rendue en masse à une soirée-débat organisée par l’UDSEA Confédération paysanne, à Plounéour-Ménez. Le porte-parole du syndicat, Julien Tallec, estime qu’« on entend beaucoup de choses, il y a des informations contradictoires qui circulent. L’intérêt est de savoir ce qu’il en est réellement. Est-ce que je suis pour ou contre le loup ? Ni l’un ni l’autre, mais une chose est sûre : les attaques augmentent ». Léo Parrel, siégeant au Comité loup pour le syndicat, témoigne de cette présence de plus en plus prégnante, « 8 nouvelles communes intègrent le cercle 1 (soit 18 communes en tout), 18 entrent dans le cercle 2 (soit 82 en tout) ». Rappelons que les communes en cercle 2 sont éligibles à des aides à la protection, comme des investissements en matériels ; celles en cercle 1 bénéficient en plus d’actions comme du gardiennage renforcé. Mais avec ces mesures, « on a toujours un temps de retard : il faut toujours plus de prédations pour que les cercles s’élargissent. Il existe des communes concernées par ces cercles où il n’y a pas d’élevage, ce qui ne sert à rien. Nous demandons la fusion des cercles 2 et 3 pour pouvoir mettre en avance des mesures en place et être prêt », ajoute le responsable.
Le loup a eu raison de son élevage
Invité à partager son témoignage, Thomas Vernay, installé dans la Drôme, a connu une période de 10 ans après son installation sans loup. « J’élevais 150 chèvres dans un village qui comprenait 7 éleveurs. Puis, une meute est arrivée ». Plus d’une centaine de bêtes sont tuées sur cette commune, certains éleveurs ont alors préféré rentrer en bergerie leurs animaux en automne. « Nous, nous avons voulu laisser notre troupeau dehors pendant l’automne pour ne pas passer un mois de plus en bâtiment. La meute s’est focalisée sur nos chèvres : l’automne est la saison la plus prédatrice, les louveteaux sont en apprentissage de chasse ». À la sortie de l’hiver et après un passage en bâtiment, les animaux de Thomas Vernay ressortent au printemps, accompagnés de « 2 bergers d’Anatolie. Les chèvres sont sorties avec ces chiens le 15 avril, le loup a attaqué le 16 avril ». Viennent alors des nuits passées dehors pour l’éleveur, « les chiens ont été de plus en plus actifs, ils ne baissent pas le nombre d’attaques, mais le nombre de victimes ». En 2 ans, le Drômois a perdu 70 chèvres. L’élevage « n’a pas survécu, tout le monde me fatiguait, j’ai décidé d’arrêter ».
Les bovins n’entrent pas dans les cases
Un éleveur dans la salle fait observer qu’il a eu « 3 attaques : 2 sur des veaux, 1 sur une génisse. Mais la protection est impossible, la DDTM me conseille de garder mes vaches en bâtiment ». Une personne fait aussi observer que, lors d’une déclaration, « le formulaire ne comporte pas de case pour les bovins… » Une autre intervenante demande : « Comment protéger nos bovins ? » Thomas Vernay de répondre que « les chiens sont une solution, il existe des formations dispensées par l’Idele sur les chiens de protection. Pour les clôtures, c’est un gros travail à faire, mais c’est un investissement qui devrait être pris en charge par l’État, ce n’est pas le cas ».
Fanch Paranthoën
Un appétit démesuré
En cas d’attaque, un éleveur conseille de « protéger le cadavre au plus vite par une bâche », cette précaution sert à ne pas polluer le corps attaqué par d’autres animaux. Le Finistère hébergera « peut-être des meutes instables, avec des animaux dispersants ». Sur le régime alimentaire de cet animal, « il mange 5 à 7 kg de viande, tous les 3 jours », fait observer un participant.