Le sol et le climat bretons sont-ils adaptés à la viticulture ?
La vigne aime les terres pauvres, sans trop de matière organique et d’azote. Les besoins, en moyenne, sont de 35 unités par hectare et par an. Elle aime les sols drainants, caillouteux. Le déficit hydrique est apprécié dans la mesure où il limite le nombre (et la taille) de feuilles et donc le risque de maladies foliaires. Il accroît la facilité à mûrir et le rendement. Le littoral du sud de la Bretagne répond globalement à ces conditions ; la température s’est accrue de plus d’un degré, en moyenne, ces trente dernières années. Le scénario le plus optimiste du Giec prévoit les températures de Bordeaux à Vannes en 2100 (celles de Montpellier dans un scénario pessimiste).
Quel est le coût de l’implantation d’une vigne ?
Les droits de plantation à vocation professionnelle se sont libéralisés en 2016, dans l’Union européenne. L’implantation d’une vigne est, depuis, possible en Bretagne. Elle est toujours soumise à autorisation car il s’agit d’une production d’alcool.
Les investissements sont lourds et immédiats. Le prix du foncier dépend de la zone choisie (3 000 à 12 000 € ha).
Les plants et le palissage coûtent entre 15 000 à 30 000 €/ha, selon la densité et le type de plants. Un minimum de matériel agricole est nécessaire (30 000 à 100 000 €) et le chai et le matériel vinicole atteignent au moins 200 000 € pour une production de 20 000 bouteilles par an.
En résumé, pour un projet viable de 3 à 4 hectares, il faut investir entre 300 000 et 600 000 €.
Quels vins envisagez-vous de produire ?
Sur l’ensemble des porte-greffes disponibles sur le marché, 5 à 6 sont adaptés aux sols acides. Ensuite, nous choisissons des cépages précoces pour qu’ils puissent mûrir. Des vins blancs de préférence : Chenin, Chardonnay, Pinot noir ou des hydrides plus résistants aux maladies, Soreli, Muscaris… Les viticulteurs de la région sont regroupés au sein du syndicat des Vignerons de Bretagne. Ils s’engagent à ne pas utiliser de produits de synthèse (pas forcément sous label bio). Ils visent un produit de qualité ; les consommateurs boivent moins de vin mais de meilleure qualité. La viticulture est gourmande en pesticides. Une étude de Santé publique France et de l’Anses qui porte sur l’analyse d’urine de riverains de vignes, d’air et d’eau de leur environnement, sortira en 2025…
Quelle surface couvre la vigne en Bretagne ?
Le Morbihan concentre la moitié de la surface bretonne en vignes. 61 hectares pour 23 domaines (107 hectares pour 42 domaines en Bretagne). Cinq vignerons ont récolté en 2023 et ont produit 40 000 bouteilles. L’année 2024 a été très compliquée en raison de la pluviométrie. Les vignes ont souffert du mildiou, du botrytis et un peu d’oïdium. En 2025, la production va monter en puissance ; 17 propriétés vont vendanger et devraient produire près de 200 000 bouteilles.
Comment promouvoir le vin breton ?
La commercialisation n’est autorisée qu’en Vin de France uniquement. Les mentions géographiques plus petites comme « Morbihan » sont interdites. Les noms d’exploitation tels que Abbaye, Domaine, Manoir… sont possibles sous IGP (Indication géographique protégée). En Bretagne, une telle appellation pourrait associer la fraîcheur et la minéralité des vins blancs aux produits de la mer pêchés localement. L’idée est séduisante. C’est pourquoi, le syndicat des Vignerons de Bretagne travaille à la création d’une IGP qui pourrait aboutir dans 5 à 10 ans.
Propos recueillis par Bernard Laurent