On appelle cela un signal faible. La hausse de 20 % du nombre d’agriculteurs en difficulté enregistrée actuellement par la cellule bretonne Réagir fait partie de ces signaux faibles qu’il faut observer avec attention. Surtout qu’elle concerne notamment des jeunes, installés en lait et en maraîchage.
Les raisons qui conduisent ces deux catégories d’agriculteurs à se déclarer dans le dur ne sont pas identiques, hormis l’aspect main-d’œuvre trop souvent mal évalué dans de nombreux projets d’installation. Car, faut-il le rappeler, et particulièrement aux jeunes qui s’installent : il y a des limites physiques qu’un humain au travail ne peut pas dépasser durablement, voire surpasser.
L’autre motif de difficulté est financier. Chez les maraîchers, cela provient généralement de l’incapacité à générer suffisamment de chiffre d’affaires pour couvrir les charges et se rémunérer, bien que l’endettement se situe à un niveau modéré.
En lait, le surinvestissement, en bâtiment, en matériel et en technologies parfois trop coûteuses au regard du gain de productivité espéré, pèse parfois lourdement dans les comptes. La fuite en avant observée ces dernières années pose des questions sur la durabilité des exploitations laitières trop endettées et minimisant certaines charges, la main-d’œuvre en particulier. Avec cette question de fond qui se pose aujourd’hui frontalement : jusqu’à quand l’agriculture s’exonérera-t-elle des règles de gestion de base appliquées aux autres secteurs économiques ? Par exemple, veiller au respect de ratios comme le rendement du capital employé, surtout quand on arrive à des niveaux d’investissement qui dépassent aujourd’hui régulièrement le million d’euros. Question d’autant plus capitale que les aides Pac, précaires par nature, représentent 87 % du revenu courant d’un laitier selon l’Inrae.