Dossier technique

Un système simple, efficace et pas cher

Sébastien Léaustic, à Plourin-Ploudalmézeau (29) - Quand il s’est agi de repenser l’organisation des bâtiments d’élevage en 2022, Sébastien Léaustic a choisi de conserver le libre-service. Les aspects travail et coût ont guidé son choix.

vaches en libre-service maïs - Illustration Un système simple, efficace et pas cher
Une douzaine de vaches peuvent manger simultanément.

Ce 17 octobre, le silo situé au centre du bâtiment qui héberge le troupeau est plein à ras bord. « Nous avons ensilé il y a une semaine. Par beau temps… », précise l’éleveur qui, comme tous les agriculteurs bretons, compte les belles journées de ce mois d’octobre sur les doigts de la main.

Le silo en question – 100 % à l’abri – a une capacité de stockage d’environ 150 tonnes de matière sèche. Un autre silo-tampon a été construit à l’arrière de la stabulation. Cette année, le bon rendement sur l’exploitation (mesuré au silo à 17 t MS/ha par le Contrôle laitier ; dans la norme des rendements du Nord-Finistère en 2024), a permis de remplir les deux silos. « Il n’y a pas à dire, la journée d’ensilage conditionne toute l’année fourragère. Quand le chantier est bien fait, que le rendement et la qualité sont au rendez-vous, on est serein pour passer l’année. Cette année, à part une parcelle qui était un peu verte et que l’on a mis sur la partie supérieure du tas, le maïs était finalement assez sec. On verra la qualité avec l’analyse… », commente Sébastien Léaustic.

Sébastien Léaustic, éleveur à plourin dans le Finistère et Léna Bolez, stagiaire.
Sébastien Léaustic et Léna Bolez, stagiaire.

Bâtiment allongé de 10 m

C’est en 2020-2021 que l’éleveur entame une réflexion de réaménagement du bâtiment où sont logés tous les animaux du cheptel, du petit veau à la vache tarie, en passant par les laitières en production. « J’étais un peu à l’étroit. L’idée était de rallonger le bâtiment de 10 m et de créer un auvent pour les veaux et les taries. Et pourquoi pas supprimer le libre-service au profit d’une table d’alimentation avec cornadis ».

Compte tenu de la configuration du bâtiment, il s’avère rapidement que l’option d’une table d’alimentation ne peut s’envisager qu’avec un tapis d’approvisionnement. « Cela supposait d’investir dans un équipement assez coûteux demandant de la maintenance, sans compter l’achat de matériel de désilage, etc. Et tout cela pour du travail en plus », justifie l’éleveur qui décide de conserver un système qui a fait ses preuves sur l’exploitation depuis 1987 : le libre-service. « C’est la même barrière depuis 37 ans. Fabriquée à l’époque par un artisan du secteur, elle n’a pas bougé. Son entretien se limite à une soudure de temps en temps ».

Au final, la transformation du système d’alimentation des laitières, réalisée en 2022, se concrétise par le prolongement des murs du silo existant sur l’équivalent de la longueur des 2 travées supplémentaires montées en pignon sur toute la largeur du bâtiment. Concrètement, cet agrandissement se traduit par une augmentation de la capacité de stockage en maïs de quelque 250 m3, soit 50 t MS (environ 3 ha de maïs supplémentaire). Parallèlement, un auvent est construit côté sud pour les veaux et les vaches taries. Des cases sur paille avec cornadis y sont aménagées. À noter une astuce dans cette partie de bâtiment : le portail du couloir d’alimentation se déplace à angle droit grâce à deux galets à rotation libre. En position ouverte, le portail se positionne côté façade à l’intérieur de l’auvent, parallèlement au couloir d’alimentation sans gêner le passage d’engin.

Bien calibrer l’effectif

« La limite du libre-service, c’est le nombre de vaches que l’on peut alimenter simultanément. Au-delà de 45 vaches en production pour 10 m de front d’attaque ça devient compliqué. D’où la nécessité de retirer les taries du troupeau et d’avoir des cases pour les loger », reconnaît l’éleveur qui souligne que son système nécessite aussi de bien étaler les vêlages des 50 vaches du troupeau pour ne pas surcharger la table d’alimentation à certaines périodes. « Et d’autant plus quand le temps d’accès au libre-service est limité ». Pour pallier cet inconvénient, Sébastien Léaustic dispose une auge mobile sur l’aire d’exercice tant que les vaches sont à l’extérieur la nuit. « Je distribue du maïs toute l’année, avec un minimum de 4 kg MS en pleine pousse d’herbe. L’auge permet notamment aux primipares d’ingérer suffisamment de maïs quand le temps d’accès est réduit à 2-3 heures ».

Un rotor sur chargeur

Pour s’épargner la corvée d’abattage manuel du front d’attaque, l’éleveur a acheté un rotor de godet à vis qu’il a fixé sur un support adapté à l’attelage du chargeur. Un moteur hydraulique assure la rotation. « Il me faut un quart d’heure par jour pour descendre le maïs », chiffre-t-il en temps de travail. Le concentré est également étalé sur le maïs abattu et mélangé mécaniquement. « Je n’ai pas de Dac », souligne Sébastien Léaustic qui n’en voit pas l’intérêt précisant que son système d’alimentation simplifié à l’extrême lui permet d’atteindre une production de 8 200 litres vendus par vache.

Rotor hydraulique pour abattre le maïs dans les silos.
Le rotor qui sert à abattre le front d’attaque.

« Les laitières vont en pâture tous les jours de l’année, sauf 6-7 jours par an. Ce n’est pas une contrainte, au contraire, dans la mesure où le parcellaire est bien regroupé autour de la ferme et qu’une partie des parcelles portent bien ». Cette sortie quotidienne des vaches est également appréciée pour faciliter le raclage de l’aire d’exercice au rabot. Sans compter qu’on ne le dit pas assez : le nettoyage des pieds des vaches dans l’herbe tous les jours est bénéfique à leur santé. « Je ne suis pas embêté par les dermatites contrairement aux élevages où les vaches ne sortent pas », constate en effet l’éleveur.

Didier Le Du

L’exploitation : • 1,5 UTH ; • SAU : 56 ha ; • Maïs : 12 ha ; • Herbe : 20 ha dont 6 ha de prairies naturelles (+ valorisation des dérobées après céréales par pâturage hivernal) ; • 50 vaches laitières ; • 8 200 L/VL (vendu); • Logettes paillées • Atelier porc : post-sevrage et engraissement.


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