Comment développer les pupilles du rumen alors qu’on nourrit les chevrettes avec des rations paille/concentrés à volonté ? C’est un défi… Pour cela, Terrena y a consacré sa journée technique du 7 novembre pour rappeler les critères-clés, en s’appuyant sur l’élevage de Anne Marie, installée depuis deux ans à Martigné-Ferchaud (35).
Viser un GMQ de 225 g/j en phase lactée
Durant la phase lactée, l’objectif est d’obtenir un GMQ de 225 g/j. Sur les nombreuses pesées réalisées depuis un an par Terrena, la moyenne des élevages se situe autour de 210. On s’en approche, mais ce n’est pas suffisant… Pour viser cette cible, Anne Marie donne du colostrum thermisé à ses 120 chevrettes, dont la qualité dépasse les 25 % Brix. « Les animaux sont sondés, à raison de 10 % leur poids, à la naissance. On est ainsi sûr qu’ils aient une bonne prise de colostrum », ajoute l’éleveuse. Et seules les chevrettes de plus de 3 kg sont gardées. 24 heures après, ils ont accès à la louve. Les éleveurs diluent une poudre de lait à 40-45 % de PLE à 160 g/L. La louve est nettoyée tous les jours. « Nous avons également un cahier de suivi où sont enregistrées la température du bâtiment, celle du lait, la concentration en poudre de lait… Je veux que tout soit noté, pour un meilleur suivi par tous les intervenants et si besoin trouver une explication en cas de problème. »
« Ne pas casser la dynamique de croissance au sevrage »
Après sevrage, l’objectif est d’atteindre 150 g GMQ/j. Pour y parvenir, la vigilance doit se porter sur la ration, avec des fourrages appétents et de qualité (analyses fortement recommandées). Sur cette phase, Anne Marie n’atteint pas le GMQ souhaité. « Les animaux sont traités contre la coccidiose au moment du sevrage. Mais le changement de bâtiment à cette période stressante, qui se réalise par petits lots, et l’intégration dans un lot unique cassent la dynamique de croissance », émet-elle comme hypothèse.
Développer le gabarit avec l’ingestion
Ces cibles durant l’élevage de la chevrette permettent d’atteindre le 1er objectif de 57 % du poids adulte à la mise à la reproduction à 7 mois et 2e objectif de 85 % du poids adulte à la mise bas. Car pour exprimer le maximum de lait au pic de production, où les primipares doivent produire 80 % du lait produit par les multipares du troupeau, « c’est le gabarit qui va jouer, en lien direct avec l’ingestion », insiste Pierre Gautier, technico-commercial. Pour Anne Marie, les primipares ont eu un pic à 3,3 L pour des multipares à 4,6 L, soit 72 % par rapport aux multipares. « La ration de démarrage de lactation des primipares va être complémentée pour leur permettre d’atteindre un meilleur pic ».
Carole David
Développer le rumen le plus tôt possible
Comment savoir si une chevrette est prête à être sevrée ? En phase de décroissance du plan lacté, quand l’animal digère bien son aliment solide, le taux de βB-OH monte. C’est donc un indicateur utilisable pour détecter le bon développement ruminal. Comme un lecteur de glycémie, le capteur donne le résultat à partir d’une goutte de sang prélevée à l’oreille de l’animal avant sevrage. « On utilise les mêmes seuils que pour les génisses : si le dosage est supérieur ou égal à 0,3, le lot de chevrettes peut être sevré sans inquiétude. À moins de 0,3, le rumen n’est pas prêt. Il vaut mieux différer le sevrage et revoir le programme alimentaire pour le lot suivant », conseille Matthieu Rolland, consultant en nutrition caprine.