Chou-fleur : Le froid freine la production

Après un début d’automne avec de très gros volumes, les cultures ont été freinées par des températures basses, ce qui a pour conséquence de faire bondir les prix.

Deux personnes devant des cageots de chou-fleur - Illustration Chou-fleur : Le froid freine  la production
De gauche à droite : 
Michel Saliou, responsable du service marché, et Sébastien Saliou, ordonnanceur 
à la Sica. | © Fanch Paranthoën - Paysan Breton

Un coup d’accélérateur s’est fait sentir sur la pousse dans les champs de chou-fleur durant l’automne. Le climat a été propice à des développements rapides entre mi-octobre et début décembre, les prix ont chuté, « il y a eu un peu d’invendus, mais pas tant que ça », résume Michel Saliou, responsable du service marché à la Sica Saint-Pol-de-Léon (29). Depuis, les volumes ont fortement freiné, en témoigne les quelques apporteurs peu présents vendredi dernier à la station de Vilar Gren, ce qui a pour conséquence d’emballer le cadran, avec des prix atteignant les 1,5 € la tête en gros calibres, 90 centimes pour les moyens. La coopérative a pour objectif sur l’année d’engager 8 % du volume en contrat. « On pourrait augmenter ces volumes contractualisés, mais il faut être capable de les garantir ». Une opération qui peut s’avérer compliquée quand les températures varient beaucoup d’un jour à l’autre. Et le responsable d’être prudent par rapport à la saison en cours : « On ne peut pas juger un produit sur un mois, mais sur la durée ».

La Bretagne produit un peu moins de 90 millions de têtes de chou-fleur

Si l’Allemagne a terminé sa saison, le marché de l’export qui s’est ouvert en début novembre a débuté timidement, sur des pays comme l’Allemagne, la Pologne, la Tchéquie. Du côté du marché intérieur, les préventes à la semaine ont permis de mettre en place « des opérations en magasin, ce qui a animé les rayons jusque mi-novembre. Mais les clients, lassés de passer devant ces légumes mis en avant, se sont détournés vers d’autres produits, comme les agrumes ». Difficile de se faire une place au soleil avec cette concurrence rude ; pour autant la production reste en phase avec la demande : le Français aime « les gros calibres, car quand il regarde le prix, il s’aperçoit qu’il n’y a pas de grandes différences avec un calibre plus petit. Pour les producteurs, le coût de production est quasi le même entre le gros et le moyen ». Le choix porté sur ces calibres pourrait changer à l’avenir, avec de la florette en frais ou pourquoi pas des demi-choux.

D’autres pays ont pour habitude de consommer des têtes plus petites, comme la Suède ou l’Autrice. Cette habitude est dictée par les coûts de transport des destinations lointaines, « on raisonne à la pièce. Un colis contient donc plus de têtes en calibre moyen ». Pour l’Angleterre, pays habituellement friand de chou-fleur les semaines précédant Noël, « ils sont cette saison autosuffisants. Depuis le Brexit, leurs besoins sont faibles », note Sébastien Saliou, ordonnanceur à la Sica.

Un produit d’avenir

Le chou-fleur « reste un produit d’avenir, qui a du goût. Nous sommes dans un secteur capable de le produire. Le problème vient de la main-d’œuvre, il faut espérer que la mécanisation vienne nous aider. C’est déjà le cas pour la plantation, il reste la récolte » fait observer Michel Saliou, qui ajoute que « pour intéresser les clients et pour garder les volumes, la mécanisation est indispensable ». La Bretagne produit un peu moins de 90 millions de têtes de chou-fleur. Le Finistère et les Côtes d’Armor sont équivalents en termes de volume, avec 35 millions de têtes chacun. La région couverte par Terres de Saint-Malo représente 15 millions de têtes. Et Michel Saliou de rappeler que l’offre s’est aussi diversifiée pour les négociants, « qui ont le choix pour 1 chou sur 2 de l’emballage ». Aujourd’hui, 20 % des volumes présentés en GMS sont en caisse plastique.

Vilar Gren a trouvé sa place

La plateforme Vilar Gren « a trouvé sa place et a tout son sens : elle apporte une réponse beaucoup plus rapide, notamment pour la réalisation de camions complets. Aussi, toute la gamme est présente sur un seul lieu », selon Sébastien Saliou. L’outil plaide également pour l’avenir du métier « de négociants, qui devaient auparavant faire le tour des différents dépôts ». Sur la dernière campagne, 12,7 millions de chou-fleur ont été livrés directement à la station saint-politaine et 11,1 millions de têtes y ont été rapatriées des 8 stations de collecte de la coopérative. Pour terminer les chiffres d’apports de choux en Finistère pour la Sica Saint-Pol-de-Léon, les stations de Cléder et de Lanmeur ont conditionné 9,4 millions de cette crucifère.

Fanch Paranthoën

Une logistique délicate à gérer

Xavier Thépaut – Responsable choux pour les Maraîchers d’Armor

Les jours de fête vont tomber en milieu de semaine, c’est beaucoup plus compliqué à gérer au niveau logistique. Les derniers départs pour l’Angleterre se feront ce vendredi ou lundi prochain, puis les transports seront figés. Pour des pays comme l’Italie, les camions peuvent continuer à descendre, mais remonteront à vide, ce qui n’est pas concevable. Si les prochaines températures restent dans les 4 ou 5 °C, le marché absorbera les 15 000 colis quotidiens. S’il fait plus doux, nous verrons comment les cultures se comportent.


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