L’aspect collectif a été fondateur de l’agriculture dès son origine. Sa forme première fut l’entraide entre voisins. Entraide solidaire et fraternelle. Cette organisation collective a pris une autre dimension avec la structuration de syndicats agricoles, à la fin du XIXe siècle, qui ont donné naissance aux coopératives, au mutualisme, puis aux marchés organisés, singularité forte du paysage agricole breton.
Ces modèles de solidarité agricoles vacillent aujourd’hui sous l’effet de la montée de l’individualisme qui n’épargne pas l’agriculture. Certains agriculteurs, tentés par une autonomie apparente s’éloignent des collectifs et préfèrent désormais négocier seuls avec leurs acheteurs. Michel Bloc’h, président de l’Union des groupements bretons s’en est ému lors de la dernière assemblée générale de l’UGPVB. Ou plutôt s’est-il permis de rappeler que faire cavalier seul est une chimère sur le long terme.
L’histoire nous enseigne en effet que les grands défis – économiques, climatiques, sociétaux – se gagnent dans l’union. Le collectif n’est pas seulement une force de négociation. Il favorise le partage des compétences, stimule l’innovation et offre un soutien moral essentiel. L’appartenance à un groupe crée une entraide précieuse, particulièrement en période de crise.
En Bretagne, des regroupements de jeunes agriculteurs émergent à nouveau, preuve que l’esprit collectif trouve des résonances modernes. Ce collectif réinventé ne sera pas la réplique exacte des modèles passés, mais il en gardera l’énergie et l’esprit.
Cultiver ensemble reste la meilleure garantie d’un avenir durable. L’esprit collectif, loin d’être un vestige du passé, reste une boussole pour affronter les défis à venir.