Vincent Bécherie s’est installé en 1992 à Saint-Médard-sur-Ille (35) et a été rejoint par sa femme Céline en 1997. « Au départ, nous avions une production de 150 000 L avec 100 % de Normandes sur 50 ha. Avec l’augmentation de notre droit à produire, nous avons ensuite fait le choix d’acheter des Prim’Holstein », ont relaté les éleveurs lors d’une porte ouverte organisée par PâtureSens, entreprise de conseil spécialisée dans le pâturage de précision.
En 2017, une formation initiée par leur laiterie leur a permis de découvrir le concept de PâtureSens. « Nous avions la volonté d’optimiser le pâturage des animaux. » Cette démarche a conduit à une gestion plus efficace des prairies, avec la mise en place d’un système fil avant – fil arrière. Puis l’année 2022 a marqué un tournant décisif pour l’exploitation avec un voyage en Irlande où les éleveurs ont été inspirés par les pratiques des fermes locales et ont découvert les vaches kiwis (jersiais croisé frison).
Par la suite, l’EARL Bécherie a mis en place 2 km de chemins, des clôtures ‘high tensile’ et un réseau d’eau, facilitant ainsi le pâturage. Un investissement avoisinant 60 000 €. Quarante vaches kiwis, originaires du Pays de Galles, ont été intégrées au cheptel qui est passé à 140 vaches laitières sur 50 ha accessibles, soit un chargement de 3 UGB/ha sur l’accessible avec un temps de retour de 30 j maximum. « Nos paddocks font 1,5 ha et sont partagés en 2, pour proposer de l’herbe fraîche 2 fois par jour. Nous avons une entrée et une sortie différentes afin de limiter le piétinement. » L’herbe est mesurée toutes les semaines sur les différentes parcelles par Céline Bécherie, à l’aide d’un herbomètre connecté avec une cartographie sur Smartphone. Une tâche qui dure 1,5 heure. « La rotation des vaches au pâturage se fait en fonction de la quantité disponible. Il faut 3 000 kg MS par hectare à l’entrée et 1 500 kg à la sortie », détaille Simon Bécherie, consultant PâtureSens. En fonction des mesures d’herbe, le planning de pâturage est adapté toutes les semaines.
Côté fertilisation des pâtures, les éleveurs amènent du lisier, de l’ammonitrate et de l’urée (un passage au printemps et un passage en automne). « En 2024, le rendement moyen est de 12 t MS/ha sur des sols de potentiel moyen. »
Vincent et Céline Bécherie sont également allés en Nouvelle-Zélande rendre visite à 2 de leurs enfants qui étaient salariés dans des exploitations là-bas. « Cela tombait pendant la période des vêlages. Nous avons pu observer les pratiques de pâturage locales, la gestion des veaux, le management… ». Sur leur exploitation, les vêlages ont été saisonnalisés de janvier à avril, avec un pic en février – mars. « Notre objectif à terme est de les concentrer sur 1,5 mois. Cette année, nous allons passer en monotraite en novembre et fermer la salle de traite sur un mois ensuite. »
Ce fonctionnement plus économe en intrants permet aux éleveurs un EBE de 220 000 € (avec 55 % d’annuités). Le ratio EBE/produit atteint 43 %. Pour l’avenir, les éleveurs vont passer en 100 % kiwi, convaincus de l’atout de cette génétique (néozélandaise) pour la reproduction, et vont accroître encore la part de pâturage.
Agnès Cussonneau
Les veaux par groupe de 10
Un protocole pour élever les veaux en groupe de 10 a été mis en place. Les veaux sortent à 3 semaines sur un paddock d’apprentissage avec Milkbar, grillage à mouton et fil électrique. Puis ils vont pâturer sur d’autres parcelles, la louve est transportée derrière le quad, les génisses sont sevrées à 3 mois.« Nous avons investi dans deux igloos où elles peuvent s’abriter. »
Sécurité et tranquillité avec un boviduc
En 2023, un boviduc a été mis en place, passant sous la départementale. « Nous avons environ 25 ha accessibles de chaque côté de la route. » D’un coût de 85 000 € (abaissé grâce à diverses subventions), cette infrastructure a permis aux éleveurs de gagner une demi-heure par jour et par personne. « Le boviduc apporte aussi de la sécurité et de la tranquillité d’esprit, les vaches traversent toutes seules. »