Se former pour affiner son projet d’installation

Producteurs de lait depuis un an, Lara et Antoon Nuttens soulignent l’importance des dispositifs d’accompagnement permettant aux personnes non issues du milieu agricole de gagner en compétence sur le « parcours du combattant » jusqu’à l’installation.  

Trois hommes et deux femmes devant un eprairie avec des vaches laitières au pâturage - Illustration Se former pour affiner son projet d’installation
Antoon et Lara Nuttens entourés par Ludovic Billard (à gauche), Anne-Laure Le Guillou et Pierre-Yves Le Panse de la Confédération paysanne. | © Toma Dagorn - journal Paysan Breton

« La liberté, c’est le point positif de notre nouveau métier », répondent en chœur Lara et Antoon Nuttens. Ils se sont installés en octobre 2023 en reprenant une ferme laitière de 64 ha à Plounévez-Quintin. Le dénouement d’une reconversion professionnelle réussie après une carrière de conseillère en insertion pour elle et de pompier de Paris pour lui. À la suite de son expérience dans le social, Lara voulait que sa nouvelle activité reste « porteuse de valeur, de sens ». Antoon reprend : « Nous avions envie d’autonomie, de travailler pour nous. »

Une étable de moins de 15 ans et un foncier accessible.

« Énormément de paysans rencontrés »

En 2019, leur décision était prise dans leur tête mais le chemin restait tout de même flou. « En loisir », ils avaient toujours eu les mains dans la terre et connaissaient bien la contrainte au quotidien d’élever des animaux. « Lors de notre premier contact au Point accueil installation et de journées cédants – repreneurs de la Chambre d’agriculture, notre projet n’était pas assez mûr », raconte l’éleveuse. Pour se professionnaliser, cette dernière suit en 2020 la formation ‘De l’idée au projet’ proposée par l’association Agriculture paysanne 22. En 2022, pour accéder à la capacité agricole, elle obtient un BPREA au lycée agricole de Combourg : un dispositif en distanciel qui lui permet de s’aguerrir en vivant en parallèle un stage long sur une ferme laitière du Haut-Corlay. En 2023, sur une année, Lara Nuttens suit aussi le stage « Paysan créatif » de la Coopérative d’installation en agriculture paysanne (Ciap). « Cela nous a permis de rencontrer énormément de paysans, de découvrir le système herbager en monotraite et vêlages groupés de printemps que nous avons décidé d’adopter dès notre installation. Et de savoir exactement ce qui était important dans notre recherche de ferme. » Et son époux de reprendre : « Nous avions besoin d’un outil en état avec un foncier groupé pour pâturer dans un secteur avec une pluviométrie favorisant la pousse de l’herbe. »

Un cédant voulant installer

Ils visitent une quinzaine d’exploitations. Celle où ils ont finalement élu domicile est l’une des premières découvertes : « Une stabulation de moins de 15 ans, un parcellaire 100 % accessible et un troupeau sain. » Si trois banques refusent au départ de financer la reprise du système tel quel, le CMB suit le couple sur le projet en système herbager. Avant la reprise, Antoon Nuttens travaille cinq mois avec le cédant dans le cadre d’un contrat de parrainage pour connaître l’outil en détail. « Il nous a alors permis de mettre en place des clôtures, de commencer à croiser et à grouper les vêlages. Plus que de vendre à l’agrandissement, il avait une réelle envie de transmettre. » Bien en amont, un protocole d’accord avait été signé, un outil qui engage les deux parties quand il y a un certain délai entre le positionnement des candidats et la reprise effective.

L’objectif à terme est de livrer 200 000 L de lait par campagne en bio (conversion dès l’installation). Malgré 50 000 € d’imprévus (12 jours sans électricité lors de la tempête Ciaran, achat d’une génératrice, rachat d’une faneuse, création d’un forage…), au terme de cette première année agricole, les résultats financiers sont « mieux que prévu », terminent les éleveurs « heureux ».

Toma Dagorn

Faire de la place aux porteurs de projets

50 % des agriculteurs vont partir en retraite dans les 10 ans ne cesse-t-on de répéter. « Mais pour garder des campagnes vivantes, il faut refuser le fatalisme, installer plus et inverser la tendance. On ne manque pas de candidats mais de volonté. De volonté collective de refuser que des terres pouvant permettre d’installer partent à l’agrandissement », martèle Ludovic Billard de la Confédération paysanne. Parmi les idées portées par son syndicat, le développement voire la généralisation d’outils expérimentés à la Ciap. « Ces actions concrètes ont fait leur preuve. La Ciap par exemple a accompagné 83 porteurs de projets depuis 2017. 89 % des personnes étaient non issues du milieu agricole. 73 % sont déjà installées. » Mais il y a plus de demande que de places : « Le budget ne permet d’accueillir qu’une promotion de 12 personnes par an », regrettent Anne-Laure Le Guillou, éleveuse à Lescouët-Gouarec et Pierre-Yves Le Panse, paysan pastier à Glomel, tous deux passés par la Ciap avant installation.


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