Dossier technique

Se passer de plastique pour couvrir son silo

Grâce au Silpp2, la SCEA du Tertre Goutte n’utilise plus de bâches traditionnelles pour couvrir son tas d’ensilage.

Un tracteur étale du Silpp2 sur du maïs - Illustration Se passer de plastique pour couvrir son silo
Le produit se présente sous la forme d’un sable dense. | © Paysan Breton FP

Ce jour-là, le chantier d’ensilage va bon train à la SCEA du Tertre Goutte de Pleudihen-sur-Rance (22). À première vue, rien de particulier pour la confection du tas qui servira le reste de l’année à nourrir les 130 vaches laitières de l’exploitation. Cependant, d’autres tracteurs s’affairent et viennent déposer une matière brune sur le haut du maïs fraîchement ensilé. Antoine Boixière utilise depuis 3 ans ce Silpp2, procédé de couverture de silo capable de remplacer les traditionnelles bâches. Dès 2021, l’éleveur a testé cette nouvelle formule de conservation sur la totalité du silo. « J’aime essayer », lance le producteur. Pour preuve, il a déjà testé une couverture de son ensilage par de l’orge, épandue à raison de 2 kg/m2. La céréale « fait un beau couvert au départ, mais attire les pucerons et se transforme en fumier dès les premières gelées ». Une année, même, le silo n’a pas été couvert ; « il y avait des pertes sur le dessus, mais cela fonctionne ».

10 cm d’épaisseur sur le haut du silo

Depuis 3 ans donc, la réserve de fourrage ensilée est recouverte par une épaisseur de 10 cm de ce produit qui ressemble un peu « à du sable de mer. C’est très dense ». Un des gros avantages de la technique réside dans le démarrage de la couverture, « car il n’est pas nécessaire d’attendre que le chantier soit fini pour commencer à étaler cette matière. Aussi et en utilisant une bâche traditionnelle, il faut être nombreux. Là, une à 2 personnes peuvent déjà se lancer dans l’étalement ». Aussi, le Costarmoricain trouve beaucoup plus flexible ce mode de conservation, car si les rendements des cultures sont au rendez-vous et qu’il faut créer au dernier moment une taupinière, il n’est pas nécessaire de prévoir une bâche à la bonne dimension.

Personnes étalant une matière sur le silo
10 cm d’épaisseur sont nécessaires à une bonne couverture.

Après le chantier et au fil du temps, le Silpp2 durcit et forme une croûte. « Quand il pleut, il agit comme une éponge : il recueille la pluie puis resèche ensuite. Nous ensilons toujours le maïs un peu plus sec, autour des 38 % MS, car il y a toujours un peu d’eau à rentrer dans le silo ». Et l’éleveur de constater depuis qu’il utilise cette technique « qu’il n’y a jamais de maïs pourri en dessous. Sous bâche, le fourrage n’est jamais intact ». À raison de 45 kg/m2, l’ensilage est constamment rappuyé, « il continue à se tasser ».

Nourrir et amender en même temps

L’exploitation est équipée d’une cuisine qui stocke les différents ingrédients nécessaires à la préparation de la ration. Le maïs est repris au Désil’Cube pour alimenter cette cuisine. Les matières organiques de l’élevage alimentent une unité de méthanisation qui injecte son gaz directement dans le réseau. La partie haute du silo sert aussi de matière première au méthaniseur. Le digestat épandu contient des carbonates contenus à l’origine dans cette enveloppe, « ce sont des apports de carbonate qui équivalent à 500 kg/ha, mais apportés sans épandeur à chaux », se réjouit-il. Antoine Boixière apprécie enfin la résistance de son silo face à des attaques d’oiseaux : la croûte formée les empêche d’accéder au maïs. Selon le fabricant, les graines de moutarde que contient le Silpp2 agiraient aussi comme répulsif, notamment contre les rongeurs.

Fanch Paranthoën

Une poignée de Silpp2
Avec les graines de moutarde qu’il contient, le Silpp2 aurait des propriétés répulsives.

Réduire les accidents

Ce procédé de conservation « réduit les risques d’accident, notamment présents lors des opérations de bâchage et de débâchage. Quand on compte le poids des matériels, boudins, pneus, sable…utilisés sur un bâchage plastique, on peut dire que la pénibilité est réduite en utilisant le Silpp2 », fait observer Alain-Pierre Le Guillou, gérant d’Evagri, entreprise revendeuse sur le Grand Ouest. Aussi, le risque d’accidents liés à des intoxications sur le troupeau est maitrisé. « Nous avons contrôlé la présence de mycotoxines comme les fusarium, trichothecene A ou B, zéaralénone, alcaloïde de l’ergot… rien de négatif n’est ressorti de ces analyses ». Enfin et au sujet de la valeur alimentaire d’un ensilage conservé par ce mode d’action, « on constate des gains, le Silpp2 s’infiltre dans les 30 premiers centimètres, permettant au passage un gain de 4 à 5 points de la digestibilité du fourrage ».

Quel coût ?

Antoine Boixière a stocké 135 t, achetées 120 €/t, soit 16 200 € pour couvrir ses 3 000 m2 de silo. Mais pour l’éleveur, ce montant « est dérisoire par rapport au maïs stocké, qui représente plusieurs milliers de tonnes ». Au m2 de silo, cette matière coûte donc 5,4 €. « Quand on compte la bâche, le film étirable, la bâche de protection, les boudins, le sable et surtout la main-d’œuvre pour débâcher, à raison de 2 à 3 heures par semaine, le coût est équivalent ».


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