Thierry Gillos est éleveur de Jersiaises conduites en agriculture biologique dans la Drôme (26), dans un système très pâturant. En août dernier, il a remarqué « 2 vaches boiteuses, c’est un phénomène que je ne connaissais pas », témoigne-t-il, lors d’une soirée organisée par la Confédération paysanne du Finistère, à Landerneau. De plus, des génisses commençaient à météoriser. Une prise de sang est effectuée au 20 août, les résultats sont positifs à la FCO (Fièvre catarrhale ovine) de sérotype 8. « C’est arrivé du jour au lendemain. J’ai ensuite perdu 6 génisses de moins de 1 an, la production laitière a chuté de 4 à 5 kg, sur un troupeau produisant en moyenne 3 500 L par animal. J’ai eu une grosse montée de cellules, certaines vaches étaient à plus de 1 million ». Depuis fin novembre, « j’ai retrouvé mon niveau de production, mais c’est long pour repartir. En cellules, j’ai encore du mal à les baisser, certaines femelles sont encore à 500 000 ». Cet automne, 3 vêlages se sont mal passés avec 3 veaux mort-nés. « Il y a eu une suspicion de conséquence de la FCO, mais je n’ai pas réalisé d’analyse ». Ce passage de la maladie a eu « un impact moral, chez moi comme chez mes voisins. Quand on ne connaît pas de problèmes de boiteries et que l’on remarque des animaux qui subitement marchent sur 3 pattes, cela nous touche. Avec l’hiver et le gel, la situation se calme. Même si je ne suis pas pro-vaccin, je vais le faire car je ne veux pas revivre cet épisode. Quand un animal est touché, soit il repart au bout de 8 jours, soit l’issue est fatale ».
Booster l’immunité
Hubert Hiron, ancien vétérinaire installé dans le Sud de la France, préfère renforcer l’immunité du troupeau, avec des apports de « zinc et de sélénium. Faites attention aux carences induites : l’assimilation des oligoéléments est inversement proportionnelle à la vitesse du transit ». Autrement dit, quand ce transit est très rapide comme lors de la mise à l’herbe, avec des bouses très liquides, ces petits éléments essentiels ne sont pas assimilés.
Aussi, il préconise d’apporter « des graines ou des tourteaux de lin, c’est une protection qui fonctionne bien, à raison de 80 à 100 g/j/VL, 8 grammes pour les brebis ».
Le spécialiste prévoit l’arrivée sur le département la FCO « plutôt dans le Sud-Finistère pour 2025, ce serait a priori le sérotype 8 plutôt que le 3 ».
Fanch Paranthoën
Seuls les moucherons femelles piquent
La FCO « ne se transmet pas d’un animal à un autre, elle ne passe que par les culicoïdes. Un moucheron pour 1 000 est porteur. Il n’y a que les femelles qui piquent, et uniquement pendant les phases de reproduction, où elles ont besoin d’un repas de sang ». Hubert Hiron fait un parallèle entre stress et baisse de l’immunité, qui peut diminuer « en présence d’antenne, de failles souterraines. La géobiologie s’est dégradée depuis 2008 », observe-t-il.