Sommes-nous en train de réinventer un modèle que l’agriculture a déjà connu ? Autrefois, les systèmes agraires fonctionnaient exclusivement à l’énergie solaire captée par les plantes via la photosynthèse. Cette énergie renouvelable alimentait les animaux, qui fournissaient à leur tour leur force de travail. Ces premières formes de polyculture-élevage incarnaient une économie circulaire avant l’heure.
Aujourd’hui, la valorisation de la biomasse renaît dans les campagnes. Sous une autre forme évidemment, mais le principe demeure le même. La transformation de l’énergie accumulée par les végétaux ne passe plus exclusivement par l’animal mais par la panse mécanique des méthaniseurs, ou par les chaudières. Il est d’ailleurs probable que, sans l’abondance des énergies fossiles bon marché pendant des décennies, on ne serait jamais sorti de l’ère énergétique de la biomasse. Et que nos sociétés contemporaines seraient plus avancées sur la production de biogaz et de biocarburants qui permettent de réduire les émissions de GES de 63 % en moyenne par rapport au carburant fossile.
Toute avancée dans la transition énergétique exige cependant une approche globale. L’effet de ces pratiques doit être mesuré sur la production alimentaire, le stockage du carbone dans les sols, la qualité de l’eau, la biodiversité, mais aussi sur l’écosystème. Par exemple, la diminution des surfaces de prairies, liée au recul de l’élevage des ruminants, peut éroder le carbone stocké dans les sols et modifier profondément la vie rurale.
Si l’agriculture a un rôle central à jouer dans la transition énergétique, son rôle ne sera vertueux que si l’ensemble des impacts écologiques, climatiques et sociaux est pris en compte. Sans cela, ce qui se veut une solution pourrait bien devenir un nouveau problème.