En prenant en exemple une installation sur une surface de 35 ha en production de plants de pomme de terre, Éric Kerloc’h, du service expérimental de Bretagne Plants, pose les chiffres, lors de l’assemblée générale de la structure, à Landivisiau (29). « Pour un stockage de 1 400 t à 500 000 €, un bâtiment de conditionnement de 500 000 € équipé partiellement de matériels d’occasion, du matériel spécifique et des coûts d’entreprise pour le billonnage, le tamisage, la plantation, le broyage et l’arrachage, l’investissement se situe autour de 1,2 million €, soit 34 300 €/ha. Les annuités s’élèvent à 3 240 €/ha ». Le responsable de faire un parallèle avec le besoin de trésorerie pour cette surface, en ajoutant le coût des plants (2 200 €), 500 € de fertilisation, 1 100 € de produits phytosanitaires, 430 € de cotisations, 500 € de main-d’œuvre extérieure et de charges sociales. Le total se monte à 4 730 €, soit 165 000 € pour les 35 ha.
Face à ces investissements élevés, Yvon Tanné, directeur expertise et financement au Crédit Agricole, rappelle que « le montant moyen de reprise d’une exploitation en Bretagne est de 600 000 €. Il y a très peu de taux de refus, plus de 90 % d’entre eux sont acceptés. Mais il faut penser, dans les années à venir, à la question des apports extérieurs, par exemple par des actionnaires : tout ne pourra pas être financé par un crédit bancaire ».
Installé en moins d’un an
Thomas Castrec fait partie des jeunes installés sur le département. En 2021, il a repris une exploitation sur Cast (29), qui comprenait 1 100 places en engraissement de porcs. Un atelier de production de plants de pomme de terre a été créé. « Sur 15 ha en départ champ, j’ai à l’avenir un projet de création de stockage ». Pour réussir son projet, le Finistérien a pu compter « sur le cédant, qui avait bien préparé les choses en amont. Entre notre première rencontre et mon installation, il s’est écoulé moins d’un an. Aussi, les collecteurs fournissent aux banques des chiffres sur 2 ou 3 ans, ce qui permet de les rassurer et de voir les évolutions possibles ». Cette production très spécifique de plants demande des connaissances des banques. « Il existe des optimums chiffrés en production porcine ou en vache laitière, nous devons travailler sur le plant de pomme de terre pour accompagner son développement et pour pouvoir présenter des ratios économiques à nos banques », préconise Michel Bléas, vice-président de Bretagne Plants.
Fanch Paranthoën
Attirer les jeunes
Dominique Morvan, président de Bretagne Plants, estime qu’il est « essentiel que la rémunération des producteurs de plants permette non seulement de dégager un revenu mais aussi une capacité à renouveler les outils, à moderniser les exploitations, et à investir dans les technologies nécessaires au maintien de notre compétitivité. Cette rémunération doit également attirer la nouvelle génération. Les jeunes ne s’installeront que s’ils perçoivent un avenir prometteur ». La demande est au rendez-vous, le président rappelle qu’une ligne de production ouverte en frite ou chips « peut consommer jusque 10 000 ha ».