Dossier technique

Comment freiner la décapitalisation du cheptel ?

-13 % entre 2018 et 2023 pour le cheptel laitier, -3,9 % des abattages de porcs en Bretagne en 2023... La Bretagne subit une baisse de l’élevage au profit d’une végétalisation des exploitations. Comment enrayer cette tendance ?

Des porcelets sur caillebotis plastiques - Illustration Comment freiner la décapitalisation du cheptel ?
© Countrypixel - stock.adobe.com
Thierry Marchal - FDSEA 29
Thierry Marchal – FDSEA 29

Soutenir le libre choix des jeunes

Pour maintenir le volume en Bretagne, il faut un réel soutien à l’élevage. Ce soutien est aujourd’hui trop timide. Ensuite, il faut des outils transmissibles et sécurisés notamment en termes d’autorisation d’exploiter. À partir de là les jeunes pourront librement choisir leur type et taille d’exploitation en fonction de leur projet personnel et professionnel. Il faut aussi innover en termes d’accompagnement financier. La forte densité d’élevages en Bretagne permet une diversité dans les projets et participe à l’émulation collective qui donne envie aux jeunes de rentrer dans le métier.

Thierry Marchal – FDSEA 29

Éric Duverger - Confédération paysanne 35
Éric Duverger – Confédération paysanne 35

D’abord le nombre d’éleveurs

La décapitalisation du cheptel breton est la conséquence de la diminution du nombre d’éleveurs. Diminution qui s’accompagne de l’agrandissement des élevages et de la céréalisation de la Bretagne. Nous refusons cette voie. Nous revendiquons un élevage qui rémunère les paysans et les paysannes, en lien avec de bonnes conditions de travail, le bien-être animal et le lien au sol. Par exemple, en lait nous prônons une taille de 50/60 vaches maxi par éleveur avec une rémunération décente à l’heure dans des systèmes qui laissent de la place au pâturage. Il faut intensifier le nombre d’éleveurs sur notre territoire breton et donc installer plutôt qu’intensifier le nombre d’animaux par élevage.

Éric Duverger – Confédération paysanne 35

Francis Prigent - Coordination rurale 22
Francis Prigent – Coordination rurale 22

Tout est une question de prix

La réponse est simple : il faut que les éleveurs soient rémunérés. Mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. Quand une activité ne paye pas, la machine s’arrête. C’est ce que vit l’élevage bovin actuellement, avec en parallèle, une végétalisation qui gagne du terrain. Tout est en fait une question de prix. La situation ne changera pas tant que c’est l’industrie qui gère la production. Et elle le peut d’autant plus facilement que la profession n’a pas voulu réguler la production. Enfin, on devrait être sur un marché européen et non mondialisé.

Francis Prigent – Coordination rurale 22

Faut-il continuer à produire pour l’export ?

Pascal Pichon – Coordination rurale 29

NON – Produire français pour consommer français est une priorité. La course au volume pour exporter n’assure en rien la garantie d’un meilleur revenu pour les agriculteurs. Notre agriculture locale est en capacité de nourrir les grands bassins de consommation du pays avec nos produits qui sont de qualité contrairement à ce que l’on importe de pays lointains. L’éleveur doit revenir au centre du commerce avec une rémunération correcte de son travail au travers du prix. À défaut de prix, nous n’installerons pas de jeunes et nous serons contraints d’importer.

Sophie Bellec – Confédération paysanne 29

NON – On se réfère souvent à la notion de souveraineté alimentaire qui fait référence au droit des peuples à se nourrir eux-mêmes dans le respect de l’environnement. Dans ces conditions, on peut légitiment s’interroger sur les conséquences de l’exportation de denrées agricoles sachant que, pour exporter, nous avons souvent préalablement dû importer des matières premières comme le soja ce qui déstabilise des agriculteurs d’autres continents. Ne vaut-il pas mieux, au contraire, développer l’autonomie, ici et ailleurs, pour que tous les paysans du monde vivent bien de leur métier.

Cyrille Herbert – Jeunes Agriculteurs 35

OUI – Oui, car l’export participe à l’équilibre économique de notre agriculture et de notre agroalimentaire. Vendre hors de nos frontières contribue à générer de la valeur ajoutée, indispensable pour la dynamique de nos filières dans un objectif de souveraineté alimentaire.À l’inverse, trop importer fragilise nos outils. D’où la nécessité de maintenir le potentiel de production.Exporter, c’est également bon pour l’emploi breton, de la production à la transformation. Enfin, exporter participe à faire rayonner l’excellence agricole française.

Il a dit lors du débat : "La Bretagne n'a pas vocation à nourrir le monde"

Julien Tallec – Confédération paysanne 29

On importe en soja l’équivalent de la région Bretagne en surface. Pourquoi mettre en compétition les agriculteurs bretons et brésiliens ?


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article